lundi 28 décembre 2015

Danse avec l'élu — Ballade en la bémol (2)



Variation. Pointes. Soubresaut.

Le la bémol lui était égal, déjà déshabillé. Les yeux écarquillés, il me prenait pour un minus, assis à son bureau. L'orchestre se débrouillait bien. Je les imitais. Nous avions tant à faire. Je me sentais responsable de tout. Pensez ! La musique est plus que "la la la" ! C'était une tâche de longue haleine. Chacun était occupé à reconstruire. Il m'offrait du café, capable d'exprimer les choses de l'âme. C'était la volonté d'oublier. Je me contentais de dévorer de la musique. Un jour, tu feras autrement. Il était en bretelles, inventait toutes sortes de prétextes pour ne pas avoir à me faire travailler, mais on vivait autre chose. Je fus transporté par le spectacle. Je vis le roi de près, je suis tombé amoureux. J'étais paresseux, comme tous les enfants. Il était difficile de ne pas ressentir l'aversion des gens.  C'était une tâche de longue haleine.

Cavanna voulait son T-shirt, et il agitait son bocal d'une manière inquiétante. À tout prix, il le voulait. Chassé. En pointes sur son mât à trois pistons, il donnait de son orgue de barbarie comme un furieux échappé de l'asile. De la muse en cornes jusqu'au tréfonds du la bémol il secouait les brindilles de Jean-Sébastien. Je ne lis pas grand-chose je n'ai pas le temps. Et hop ! Mais on me presse : alors je fais de la musique. C'est un attrape-couillons comme un autre.

Ça trombone en gros coups de cymbales astiquées au mirror. Je n'ai pas le temps. Jean-Baptiste Sartre a perdu trop d'années déjà à pasticher Simone, rien de bien grave, bien sûr. Demi-sangsues, progéniture de l'ombre, page 462, il m'interloque, payé par les Nazis ? Remettez-moi un peu de cornemuse chromatique, à peine sorti de mon cacao. Au bocal, au bocal, au bocal ! Ils chantent tous en même temps, dans mon cul où ils se trouvent. Les nôtres, à ces cris, de nos vaisseaux répondent, bourriques à lunettes, il a délivré Paris à bicyclette, les Maures et la mer montent jusques au port. C'est trop, cette obscure clarté qui tombe des étoiles, la prison, l'expiation, le bâton, la morve, l'épouvante les prend à demi descendus, il ne se possède plus, assassin et génial, il fait joujou, à l'accordéon, lattes de cartilage onctueuses et dérapantes, tape sur les clefs, gratte la vocalise, coup de pompes en triolets, il veut commettre l'irréparable. Textuel ! Il court après les épreuves, les vraies épreuves, faux tétard, la maladie d'être maudit, ténia joueur de flûte catapultant l'accord parfait et voulant s'applaudir lui-même de mille raisons foireuses, il mène le diatonisme au blasphème, comme un cancre mou, mouchard mouché de ses mouches à huit-clos sur une tenue à tirettes. La la la, sans oublier la chair, bien sûr, tondue, échevelée, livide, menottée, grandes filles à l'orchestre absolument nues et mortes, ambiance de procès, sang d'hymen, fusil sifflé agité défilé renfilé attifé à la farandole en exil de Londres sur Seine, sous la botte du chef agité 3/4 de trompette débouchée au massacre de barbarie. La bémol à Nuremberg, au poteau le la bémol, écarquillé, comme à son cul torché en exil, tâche de longue haleine que voir le roi de si près sans nausée ni mains sales sul ponticello, hécatombe d’apothéose, l'alchimie a ses lois ! Il était difficile de ne pas ressentir l'aversion des gens. L'orchestre se débrouillait bien, grande partouze des fantômes (en bretelles) à son illustre apogée. Et nous faisons courir des ruisseaux de leur sang, ostinato à glandes, la maladie, l'âme, le tréfonds du stupre, l'horizon écarlate en tierces giclantes, cela ne suffit pas, il faut danser en plus, jeté, pointes, soubresaut, chat au pas, pas cobra du tout, en tutu Simone