dimanche 30 août 2015

L'Émission !


Alors j'ai envie de dire que ça fait plaisir de vous voir sourire ! Chers auditeurs, j'ai en face de moi Adolf H, Mao T-T, Joseph S, et Pol P, eh oui, rien que ça, et je peux vous dire que ça va donner une émission de folie ! [Applaudissements] Comment allez-vous, Messieurs ? Tiens, si l'on commençait par Adolf (vous permettez que je vous appelle Adolf ?), j'ai envie de commencer par Adolf, parce qu'on peut dire que vous revenez de loin, vous ! Racontez-nous un peu, Adolf ! Vous n'êtes pas sans savoir qu'on a raconté énormément de choses sur vous ; pourriez-vous nous donner votre version des faits ? Où étiez-vous passé, depuis tout ce temps ? On a dit tellement de choses, tout et son contraire, à votre sujet, que vous étiez mort, suicidé, assassiné, enfui en Amérique du sud, que vous vous étiez fait refaire le portrait, etc. Allez-y, j'imagine que vous avez beaucoup de choses à nous raconter ! Nous sommes en direct, donc rien de ce que vous direz ne sera coupé au montage, et l'audience dépasse tout ce qu'on a connu jusqu'à présent, alors je n'aurai qu'un mot : lâchez-vous ! Qu'on apporte un verre d'eau à Adolf, s'il vous paît. Non, non, s'il vous plaît, Pol, attendez, attendez je vous prie, votre tour va venir très vite, je vous le promets. Oui, nous comprenons tous que vous avez beaucoup de choses à dire, que vous voulez rectifier les erreurs manifestes que les historiens ont commises à votre propos, mais je vous assure, nous allons prendre notre temps, et vous aurez tout le temps qu'il vous faut pour vous exprimer. Je vous en donne ma parole de journaliste. Prenez exemple sur Mao, regardez comme il est patient, calme, pondéré, allez, calmez-vous, tout va bien se passer. Pourtant, vous les Asiatiques, on dit que vous êtes sages, hein, mais ma parole, on dirait bien qu'il y a de sacrées différences entre le Cambodge et la Chine. Allez, Adolf est prêt, laissons-le s'exprimer, c'est tout de même le principal accusé, enfin, présumé coupable, ici, il faut bien commencer par quelqu'un, après tout. Non, Joseph, non, vous n'allez pas vous y mettre vous aussi, remettez votre oreillette je vous en prie, je ne comprends pas le russe. Apportez une vodka à Joseph, Mylène, s'il vous plaît. Allez, on écoute Adolf, un peu de discipline, Messieurs ! S'il vous plaît !

— …

— Prenez tout votre temps, je ne vous interromprai pas. Je vous laisse parler à votre guise. Vous êtes ici chez vous. 

(…)