samedi 10 janvier 2015

Jour ouvré (1)



Attention à ne pas regarder les cartes, quand vous entrerez dans son bureau. C'est sans doute une arnaque destinée à me faire acheter des pamplemousses de Californie. « Il n'y a pas d'Israël pour moi. »


Figurez-vous, me dit Gérard Mendelssohn, que chez moi le parquet instruit les plinthes sans même m'en parler. Je ne dis pas ça pour vous culpabiliser, mais il faut voir les choses en face : la religion n'est pas une tenue négligée. « Bref, vous pensez que les catholiques n'ont rien à craindre. »


Quand Lucien Potecher a eu vent de mon quintette en fa bémol, il a immédiatement télégraphié à Ginette pour la prévenir qu'elle allait perdre les eaux. Ce qui ne me réjouissait nullement. 


La lavandière bègue m'a encore appelé au téléphone pour me proposer des places pour une corrida halal. Toute l'influence qu'Honoré a réussi à obtenir se trouve concentrée dans ce petit tiroir. « C'est tout de même un musulman… »


Il y autant de plaquettes de beurre bon marché que de cornichons sur la côte basque. Je me souvins alors de Tanneur, du rapprochement qu'il avait fait avec l'empereur Auguste, le soir où nous avions dîné ensemble dans sa maison du Lot. Je me demande si ce n'est pas un piège tendu par un terroriste.


Paul Claudel et Marie Berthe Savarin veulent venir en amoureux passer le week-end chez moi. C'est en tout cas le résultat auquel je suis parvenu après de savants calculs. « Il y a une condition, quand-même… »


Nous nous en tiendrons au cheval, si vous le permettez. Si l'Andalouse ne prend pas part à notre jeu, il faudra, malheureusement, en venir aux mains.  Marie-Françoise nous invita à passer à table ; elle avait préparé une salade de fèves, accompagnée de pissenlits et de copeaux de parmesan.


Si les animaux à sang froid pouvaient parler, vous comprenez, une grande partie de nos affaires seraient réglées. Il a fallu que nous y mettions bon ordre : j'ai convoqué un imam pour le mois d'août et déjà l'effet commence à se faire sentir. On continue de tutoyer ses anciennes copines, c'est la coutume, mais on remplace le baiser par la bise.


Il n'en fallait pas plus pour les événements prennent un tour dramatique. Et pardonnez-moi de ne pas réussir à vous croire, mais en sortant de la messe, Rosalie a eu le toupet de ne pas dire un mot. Elle avait dû être une ravissante petite gothique, au temps pas si lointain de son adolescence.


Conformément à ses directives, nous avons pu observer la mer encore quelques heures avant d'aller souper. Les vacances ne sont pas faites pour qu'on reste ainsi sur sa faim. Le 19 janvier, dans la nuit, je fus submergé par une crise de larmes imprévue, interminable.


La prière n'en fut pas abrégée pour autant. Il est impossible que l'ami Albert ait pu l'annoncer sur ce ton.  La réception débutait à dix-huit heures, et elle avait lieue à l'Institut du monde arabe, privatisé pour l'occasion.


« Pourquoi la polygamie ? » Écoutez, me dit Charlie, si vous pensez vraiment que le monde est ainsi que vous le dites, alors je n'ai rien à ajouter à la déclaration de mon épouse. La perspective d'une partie fine ne me réjouit pas plus que ça, bien que le chauffage ait été réparé avec soin.