Deux vocables contemporains très utilisés, "antisémitisme" et "antisionisme", ont un destin paradoxal. L'un, en apparence bénin, tue tous les jours ; l'autre, de sinistre réputation, est à peu près inoffensif, ou ou moins sérieusement dévitalisé. Les deux trajectoires de ces mots se sont croisées, comme si l'un des termes avait vidé l'autre de tout son sens.
Peut-être ont-ils été touchés par la force de gravitation d'un troisième terme qui en aurait en quelque sorte inversé les polarités, ce troisième mot étant la fameuse "islamophobie". Les mots en phobes sont des trous noirs : ne laissez rien traîner à proximité d'eux !