« Surtout, prévenez-moi, hein, le jour où vous publierez un livre ! Car je serai votre premier lecteur (votre première lectrice) ! » Ils ajoutent même parfois : « Et je vous ferai de la pub ! »
Et nous, naïfs comme nous le sommes toujours, nous les prévenons (d'autant plus qu'avec l'autopublication, c'est le seul et unique moyen de faire savoir qu'un livre est publié, puisqu'il ne sera ni en librairie, ni dans la presse, ni annoncé nulle part). Et nous nous apercevons à notre grande honte qu'à notre piteuse annonce (car c'est une humiliation de faire sa propre publicité, mais comment faire autrement ?), il n'est même pas répondu.
Étaient-ils donc obligés de nous faire ces déclarations ? Non, bien sûr. Nous n'avons rien exigé du tout. Ce n'est certainement pas nous qui avons demandé quoi que ce soit. La première de toutes les bêtises est de croire à ce que disent les autres. Je crois même que c'est la mère de toutes les bêtises. On dit parce qu'il faut dire, ou plutôt parce qu'il est impossible, à un instant T, de ne pas dire (telle chose). La chose proclamée n'est là que pour combler un vide, pour dire à celui qui écoute la proclamation : « Je suis là. C'est moi qui suis en face de vous. Comptez avec moi, s'il vous plaît. Prenez-moi dans votre imagination. J'existe. Mon corps n'est pas seulement mon corps. Mon corps est habité par un être qui vaut bien le vôtre. Vous ne me ferez pas disparaître par le seul effet de votre existence. »