jeudi 13 mai 2010

Irène




Elle avait ses lunettes et un petit pull noir qui laissait voir la chair de ses hanches, qui étaient dodues, lustrées, d’une finesse de peau réellement merveilleuse. J’avais envie de me jeter sur elle et de poser mes lèvres sur cette petite portion de peau que j’essayais de ne pas trop regarder. Elle avait l’air fatigué, sa figure avait rétréci, elle était pâle.

Elle a un tic, de plus en plus souvent. Avant de commencer à jouer, elle se met à taper sur ses cuisses avec la paume de ses mains, en alternance, comme le font si souvent les percussionnistes amateurs, mais avec une irrégularité caractéristique, comme si l’impatience simulée que ce geste est censé traduire tenait tout entière dans cette irrégularité. Pendant qu’elle martèle ses cuisses, elle relève le visage et regarde droit devant elle, comme si elle voulait dire à la tranquille partition qui lui fait face : « Tu vas voir ce que tu vas voir, toi, tu ne perds rien pour attendre ! » Malheureusement, ou heureusement, la partition, impassible, est l’indiscutable vainqueur de ce bras de fer qui tourne au rituel.