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mardi 12 avril 2022

Fait divers 28

Je pourrais t'écrire une lettre, si je voulais.

samedi 20 février 2021

Revue d'idées

(Il n'y a pas assez d'[idées] dans mes phrases. Il faut que je mette des [idées] dans mes paragraphes.) 

Je pourrais commencer par l'[idée]1, et poursuivre avec l'[idée]2. Mais que placer entre l'[idée]1 et l'[idée]2 ? Des adjectifs, des verbes, des compléments d'objets, des propositions plates, sans idées, des incises ? Comment faire, surtout, pour que l'[idée]1 et l'[idée]2 aient l'air de coexister pacifiquement, de ne pas se bouffer le nez, de ne pas empiéter l'une sur l'autre, et pourtant de bien se différencier, de rester tout de même des [idées] singulières, indépendantes ? C'est bien gentils, les [idées], mais elles ne doivent pas empêcher de faire des phrases ! Cependant, il ne faut pas non plus que les phrases diluent les [idées] dans leur mouvement naturel de phrases. 

Admettons que je réussisse à faire une ou deux phrases dans lesquelles je place deux [idées] à des endroits stratégiques et idoines, que ces [idées] soient à la fois reconnaissables dans leur essence d'[idées] et suffisamment plastiques pour ne pas contrarier le mouvement naturel des phrases. Comment passer ensuite à l'[idée]3 ? Avec le même procédé ? Il ne faut pas lasser le lecteur. Mais il faut aussi lui donner une nourriture suffisamment riche pour qu'il ait la sensation de ne pas perdre son temps. Le lecteur est un con mais il ne veut pas se faire avoir. 

Avez-vous connu les baraques à strip-tease à Pigalle, à Noël ? Je fus dans les hommes qui se pressaient là, les pieds dans la boue, les doigts gelés, à la nuit tombée. Il fallait sortir de chez soi, aller dans le froid et la honte, avec les autres hommes, il fallait se tenir là, minable parmi les minables, mains dans les poches. Le cœur absent.

L'idée était de voir une femme nue, de voir ses seins, de voir sa chatte, et ses fesses. L'idée nous faisait sortir de chez nous et nous traînait là, pitoyables, dans le bruit et le froid, dans la laideur, surtout. 

Ces femmes n'étaient pas très jolies, elles étaient parfois laides, elles étaient mal fardées, toujours affublées d'habits de très mauvais goût, et leurs paroles n'étaient guère engageantes, non plus que leur voix. La sueur se voyait sur leur mauvaise peau, même quand elles étaient en petite tenue sur une estrade en plein air, mal réchauffées par un poêle à gaz miteux qui rougeoyait près de leurs jambes métaphysiques.

J'ai aimé ça. J'étais une idée parmi d'autres idées, une idée sans phrases. Hors de l'humanité, pour ainsi dire. Les idées sont toujours à l'extérieur. Les idées sont des putes qui tremblent de froid. Elles ont des pieds fatigués. Ce n'était même pas du chagrin, qui se voyait là, c'était seulement les hommes et les idées qu'ils avaient trainées là dans la nuit d'hiver. On ne se lamentait pas du tout, non, personne ne se plaignait, on était bien content d'être là, les pieds dans la boue, avec les autres. 

jeudi 10 décembre 2020

Début

 Parmi tous les débuts de roman que j'ai écrits, je pense que celui-ci est le meilleur. Pour l'instant.


— Écrivez-moi une saloperie.

— Voulez-vous savoir de quoi j'ai envie, là ?

— Oui s'il vous plaît

— Je vais vous le dire.

lundi 9 décembre 2019

Méthode


L'art, c'est très simple. Prenez un grand artiste et imitez-le. Votre maladresse à le copier produira forcément une œuvre originale. Moi, en tout cas, c'est comme ça que je procède. Et ce qu'il y a de bien, avec mon système, c'est que plus on est maladroit, plus on fait quelque chose d'original, puisque le résultat, la plupart du temps, est très éloigné de son modèle.

Ceux qui ne veulent pas copier sont souvent accusés de le faire, alors que ceux qui, comme moi, le veulent (mais n'y parviennent pas), sont tranquilles : on ne les accusera jamais de plagiat. Non, je vous assure, mon système n'a que des avantages. Et puis, il arrive qu'à force de copier quelqu'un, on finisse par le comprendre — et parfois mieux que lui-même. C'est en quelque sorte un bénéfice collatéral, mais qui n'est pas négligeable.

Une fois qu'on aura bien copié X, et que conséquemment on sera un peu las de s'acharner sur lui, on passera à Y, qui, à son corps défendant, récoltera un peu de la main acquise chez X. Ce n'en sera que plus intéressant, quant au résultat. Et l'on procèdera de la sorte, jusqu'à ce qu'on ait suffisamment dérivé, de modèle en modèle, pour en arriver, sans s'en rendre compte, à ne plus copier que l'artiste qui n'existe pas encore, ou qui n'existe plus que dans la mémoire d'un personnage de roman oublié de tous — roman qui pourra éventuellement avoir été copié d'un autre roman, imaginaire celui-là.

On le voit, les possibilités sont immenses. Parmi elles se trouve même celle d'acquérir un jour un vrai talent. Ce n'est pas forcément souhaitable, mais il faut pourtant envisager sereinement la chose, ne serait-ce que pour ne pas avoir l'air de découvrir la lune en cherchant la porte du jardin.

vendredi 24 juin 2016

Pour en finir avec la Fête de la musique



Allez signer la pétition contre la Fête de la musique !


Pour en finir avec la Fête de la Musique

La Fête de la musique, le 21 juin de chaque année, est sans aucun doute l'une des nuisances les plus graves que les Français (et les Européens) ont à supporter depuis trente-quatre ans. La musique a besoin de silence, elle n'a pas besoin de fête, et surtout pas de cette "fête" sale, bruyante et laide, qui à elle seule illustre parfaitement la prolétarisation et l'orwellisation effrénées de notre société. Que ce beau mot de "musique" ait changé de sens à ce point et qu'en son nom soit commis chaque année cet attentat contre la tranquillité, le silence, la quiétude, et l'urbanité, montre assez dans quel état d'hébétude et d'imbécillité est tombé le peuple de France, qui tambourine quand on lui dit de tambouriner, qui s'agite quand on lui demande de s'agiter, qui agresse sans vergogne ceux qui ne sont pas assez veules et soumis pour marcher à la baguette. Quelle humiliation, cette atroce journée des incivilités encouragées et du débraillé subventionné qui porte le nom du plus noble de tous les arts, quelle démonstration du mépris de notre civilisation et du sens que de faire d'une apothéose du bruit une "fête de la musique" ! 
Nous demandons à ce que soit mis fin au plus tôt à ce que Philippe Muray a si bien décrit dans ses ouvrages, le festivisme débile, encouragé par une classe politique qui veut avant tout avilir et ridiculiser ceux à qui elle devrait au contraire proposer la beauté et la culture. Si la chose pouvait à la rigueur se concevoir en 1981, ce dont pour notre part nous doutons fort, il est parfaitement clair qu'aujourd'hui cette manifestation a perdu le peu de sens qu'elle pouvait avoir à l'époque. C'est le contraire dont nous avons besoin. Nous avons besoin de calme, de sérénité, de silence, ce silence qui est désormais tellement rare qu'il est devenu l'un des biens les plus précieux de l'humanité, au même titre mais plus encore que la nuit qui elle aussi a pratiquement disparu. Nous demandons donc qu'à la place de la "fête de la musique" soit instituée en France une journée du Silence, journée durant laquelle le bruit ambiant devra être divisé au moins par deux, journée durant laquelle il sera loisible à chacun de constater que beaucoup de maux (sociaux, par exemple) sont exacerbés par le bruit, que le bruit est une des pollutions les plus graves et les plus insidieuses qui soient, et sans aucun doute une de plus sous-estimées. Le bruit rend fou, littéralement fou.
La musique, c'est comme la tolérance, il y a des maisons pour cela. Le 21 juin, célébrons l'étant plutôt que l'été. Un gouvernement courageux et responsable s'honorerait de prendre une mesure de salubrité publique qui soulagerait énormément de Français, et d'abord parmi les plus faibles.

lundi 5 octobre 2015

Emballer fillette n°2



Je ne veux pas brosser un tableau général, fut-il très simplifié, de l'histoire du cœur de la pensée occidentale (…)

Ouf !

vendredi 11 septembre 2015

Accélération et sidération


« Bon, ça va faire un peu mal, mais ça ne durera pas longtemps, essayez de vous détendre. »

Ce phénomène de l'invasion migratoire est la forêt qui cache l'arbre.  (Pour cacher un arbre disgracieux, multipliez-le par cent, par mille, et il deviendra une forêt "formidable". Pour faire disparaître un indigène, plongez-le dans un bain à forte concentration hétérogène.) Comment mieux faire accepter l'immigration massive de fond qu'en la redoublant de quelque chose qui a l'air d'être indépendant de la volonté des dirigeants occidentaux, qui se désigne à nous comme une sorte de "catastrophe", alors qu'elle n'est que l'acmé en trompe l'œil d'un phénomène qui a commencé il y a quarante ans ? Comment mieux la faire passer au second plan qu'en la noyant dans la même chose mais à la puissance dix ? Cette "migration" n'est pas un événement (d'ailleurs, ce n'est pas une migration). C'est un anti-événement, c'est une anti-migration (les espèces qui migrent le font chaque année, et chaque année reviennent à leur point de départ. Ici, tout nous démontre qu'il n'y aura pas de retour possible). Elle était déjà à l'œuvre depuis longtemps mais ceux qui l'appellent de leurs vœux n'avaient pas encore trouvé la bonne présentation, le nom adéquat, la forme ultime, qui la rendrait, non pas acceptable, mais inéluctable, impossible à refuser. Immigration est devenue migration, et de ce préfixe disparu dépend la disparition d'une espèce. Comment, en deux lettres coupées, disparues du sens, désarmer un peuple, des peuples ? La réponse a lieu ici et maintenant, en temps réel.

Ils avaient à peu près tout essayé, et malgré les succès indéniables de l'entreprise, elle rencontrait encore des résistances qu'on ne pouvait négliger tout à fait. Des critiques se faisaient entendre ici ou là qui, même si elles étaient immédiatement diabolisées et criminalisées, recueillaient tout de même inexplicablement l'assentiment sourd mais entêté d'une partie de la population. Comme souvent, le nombre et la vitesse allaient tout changer, la qualité serait créée par la quantité. Puisque les Rétifs résistaient encore à une dose forte, on allait leur administrer une dose létale, ce qui aurait pour avantage de les faire disparaître et de faire disparaître avec eux leur réticence ontologique, mystérieuse aux yeux des nouveaux Médecins de l'Espèce humaine. Puisque c'était par leur seule existence que les Rétifs opposaient une résistance à la Remplacibilité générale, la solution a consisté à les noyer dans la masse. Bien sûr, la chose était en train depuis longtemps, mais la lenteur même du processus constituait un risque qu'il se retourne contre ses promoteurs, à la faveur d'un de ces événements par nature imprévisibles et paradoxaux dont l'Histoire a le secret.

Longtemps, la doctrine avait été celle de la grenouille plongée dans une marmite dont on élève insensiblement la température. La grenouille finit toujours par être ébouillantée, mais elle ne songe pas à se révolter, puisqu'elle s'habitue à son bouillon. Ils ont fini par penser que même dans ces conditions, la chose allait s'ébruiter, et puis surtout, ce sont des impatients par nature, qui s'enivrent de leur propre puissance et qui, à mesure qu'ils deviennent différents de nous, oublient qu'il est encore possible de ne pas partager tout à fait leur enthousiasme essentiel. (Le délirant ne sait pas qu'il délire ; pour lui, il faut soigner celui qui ne délire pas en chœur.) Leur patience est à bout. La propagande était pourtant sophistiquée et efficace, mais l'appétit vient en mangeant, et ils ont les yeux plus gros que le ventre. Ils parviennent de moins en moins à masquer leur fuite en avant, on en a des signes manifestes tous les jours ; la photographie du petit Aylan n'en est qu'un exemple parmi des dizaines. 

samedi 7 mars 2015

Embrasser mal


A. Tu embrasses mal.
B. Comment ça, mal ?
A. Trop lentement.
B. Je ne comprends pas.
A. Tu es lent, tu ne vas pas droit au but.
B. Mais comment ça, droit au but ? Quel but ? Le baiser, ce n'est pas cette chose qui évite le but, justement ?
A. Mais pas du tout, qu'est-ce que tu racontes ? De quel but parles-tu ?
B. Et toi ?
A. Mais c'est pourtant évident, non ?
B. Tu trouves ?
A. Oui, je trouve !
B. Oui, d'une certaine manière, c'est vrai, c'est évident, mais pourquoi me reproches-tu de mal embrasser ? Comment veux-tu que je t'embrasse bien si tu me reproches de mal embrasser. Tu vas me bloquer.
A. Il faut bien que je te le dise, si tu veux progresser.
B. Mais progresser comment ? Dans quel sens ? Je n'y comprends rien.
A. Dans le sens d'un perfectionnement, évidemment ! Quoi d'autre ?
B. D'accord, mais qu'est-ce que signifie se perfectionner en baiser ?
A. Ça signifie mettre de plus d'érotisme, plus de sensualité, plus de toi-même dans ton baiser.
B. Je ne suis pas sensuel ?
A. Non. Tu fais ça mécaniquement.
B. Mécaniquement…
A. Tu ne comprends pas ?
B. Pas très bien, non. Mécaniquement, je ne trouve pas. Veux-tu dire toujours de la même manière ?
A. Oui, aussi. Mais ce n'est pas ça le pire. 
B. Mais explique-toi, à la fin ! 
A. Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, tu sais parfaitement à quoi je fais allusion…
B. Mais non, enfin, pas du tout !
A. Tu vois, c'est tout toi, ça, tu tournes autour du pot. 
B. Tu as entendu parler du Printemps des poètes ?
A. Qu'est-ce que je disais… ça ne t'intéresse pas, le baiser. 
B. Si, justement si, je m'y intéresse beaucoup, tu te trompes.
A. Alors qu'est-ce que tu me fatigues avec tes poètes ?
B. L'effraction de la langue, ça te parle ?
A. Je m'en branle, de ton effraction. Je te parle du machin rose que tu as dans la bouche. Tu ne sais pas t'en servir, c'est ce que je dis.
B. Ah, on a un peu avancé. Continue, précise ta pensée. 
A. Eh bien mais tu es trop à droite, avec ta langue.
B. À droite ? À droite, tu veux dire… à tribord ?
A. Tu connais plusieurs manières d'être à droite ?
B. Oui, justement, j'en connais beaucoup. Et puis ma droite est ta gauche, dans ta bouche, ma chérie.
A. On ne peut pas discuter avec toi. Mais je vais te dire une chose, et je vais être très claire : quand tu m'embrasses, tu fais le jeu du Front national

lundi 7 juillet 2014

Exit



On m'accuse souvent d'exagérer. Non seulement je n'exagère pas, mais je minimise ! Jusqu'à présent, la pulsion (et la passion) culturelle hyper-démocratique avait consisté à intégrer la "variété" à la catégorie de la musique. Il est déjà bien extraordinaire de laisser penser que la musique peut être aussi bien représentée par Isaac Albeniz que par Benjamin Biolay, "la musique" étant tout ce qui est produit grâce au son. Nous avons depuis peu franchi une nouvelle étape.

Après avoir fait entrer la variété dans la demeure de la musique, il convenait de faire sortir la musique de la propriété de "la musique". Une fois engrossée, la musique, qui veut s'éclater, va devoir perdre son ventre. Question d'équilibre, sans doute. C'est bien ce que nous signifie Amazon, notre nouveau Temple culturel : la musique sera désormais appelée "le classique", comme on peut le vérifier sur l'image ci-dessus.

Je rappelle donc les étapes de la manœuvre.

1. Introduire un soupçon généralisé quant au "beau", quant au "goût", et pointer l'index (du ressentiment) en direction des "héritiers".
2. Affirmer que "toutes les musiques" sont sur un pied d'égalité.
3. Saturer l'espace sonore (aussi bien en quantité qu'en puissance) de variété.
4. Constater que "toutes les musiques" sont sur un pied d'égalité.
5. Revenir au singulier du vocable "musique", puisque les frontières ont été abolies, et le premier but atteint : le déménagement est en cours.
6. Renommer la ci-devant musique en "classique". Ce sixième point aura été rendu possible grâce à l'enseignement de l'oubli et de l'inculture, mais ne compliquons pas trop la chose, car l'heure de la soupe approche. La boucle est bouclée, le crime est parfait.

C'est ce qu'on appelle, dans le domaine politique, une recomposition, et, dans le domaine historique, une révolution. Y a-t-il eu marchandage ? un quelconque échange ? Pas que je sache. L'art et la culture ayant rendu les armes (et l'âme) sans même engager la lutte, et sans même se plaindre, expropriés, comme de vieux artistos honteux devant les hordes républicaines bombant le torse. Le sens de l'histoire n'a pas à se justifier : il est à lui-même sa propre justification.

Les nouveaux colons culturels se sont installés dans les palais et ont mis les pieds sur les fauteuils : l'heure de la Revanche a sonné. Encore dix ans et Joey Starr sera ministre.

Exit la musique, bonjour l'amusique.

mercredi 16 avril 2014

mercredi 1 janvier 2014

Le Pont de l'Alma


Freud est né en 1856, l'année de la mort de Schumann. La même année, le gouvernement français persuade Robert-Houdin, le magicien, de l'aider à mettre un terme aux révoltes tribales dirigées contre le gouvernement colonial français en Algérie. Le 31 octobre, une trentaine de chefs tribaux offrent au magicien français un manuscrit enluminé louant son art et promettant à la France leur indéfectible allégeance. 

Je retourne me coucher.

jeudi 5 septembre 2013

Écrire bien ?


Écrire, c'est peut-être ce qui vous reste quand on est chassé du domaine de la parole donnée.

Jean Genet

vendredi 19 juillet 2013

Des brétignis comme s'il en pleuvait


On commence à avoir l'habitude. Quand on voit quelque chose, immédiatement, un petit bonhomme vert surgit sur notre épaule, frappe trois coups sur notre tympan, et nous rappelle : « Tu n'as rien vu. Rien du tout. N'oublie pas ! »

— Bien Chef, oui Chef, j'ai rien vu Chef. Mais je vous ai bien entendu. 

— Non ! Je n'existe pas, n'oublie pas !

— Ah oui, OK, Chef, d'accord, Chef ! Je n'oublierai plus.

— Si !!! Oublie ! C'est ton devoir-de-mémoire !

— Ah bon, mais faudrait sav…

—Chut !!! Tais-toi. Tu n'as rien vu, rien entendu, rien su ! Tais-toi. 

— …

Ces événements qu'on ne voit pas, qu'on n'entend pas, qu'on ne se rappelle pas, ça s'appelle des brétignis. Vous voyez un type se faire tabasser dans le métro par quinze crapules en survètes blancs ? Brétigni. Vous voyez de plus en plus de mosquées ? Brétigni. Votre fille fait le tapin sur Internet ? Brétigni. Vous vous êtes fait violer juste derrière la gare ? Brétigni. Deux merdeux vous ont traité de "sale Français" parce que vous les regardiez de travers, après qu'ils ont craché par terre juste devant vous ? Brétigni. Dans votre quartier, il y a de plus en plus de femmes en burqua ? Brétigni. L'école a encore brûlé, c'est la deuxième fois en six mois ? Brétigni. Vous voyez le truc ? Pas compliqué ! Entraînons-nous un peu avec des brétignis virtuels.

Votre enfant rentre de l'école en larmes, pieds nus, avec un œil au beurre noir et une dent cassée. « Maman, on m'a volé mes baskets et mon portable. Je dois leur donner cent euros sinon… » Mais non, Kevin, tu n'y es pas du tout, mon chéri, tu as été victime d'un brétigni. Ça arrive souvent quand on est un peu trop bon en français. Tu dois seulement faire baisser ta moyenne, tu verras, ça va passer. C'est rien. Ton parent n°2 t'avait pourtant prévenu. On va te racheter un iPhone et des Nike, no souci ! Mais si ça continue, n'hésite pas à m'en parler, on ira voir la psychologue et la conseillère d'orientation. De toute façon, ça peut pas faire de mal. Tiens, prends ces cent dix euros pour ton argent de poche.

Vous vous levez à six heures, comme d'habitude, pour aller travailler. Sur le parking, à la place où vous aviez laissé votre voiture, un amas de tôles brûlées, qui fument encore. Vous continuez votre chemin comme si de rien n'était, et vous allez prendre le métro, en vous félicitant de ne pas être tombé dans le panneau. Et un brétigni, à sept heures du mat' ! S'ils croient pouvoir me berner aussi facilement ! Ah, les cons ! Je n'ai jamais eu de voiture ! Ah ah ah ! Il n'y a pas de métro dans le quartier où vous habitez  ? Mais vous le savez bien ! Non mais pour qui on vous prend ! Vous sortez votre portable pour appeler un taxi. On vous demande votre adresse. Vous la donnez, et là, on vous répond que les taxis ne se déplacent pas dans ce genre d'endroits. Ah ah ah ah ! Vous vous marrez. Deux brétignis consécutifs, ça fait beaucoup ! C'que les gens aiment blaguer, quand-même ! Au moment de raccrocher, vous vous apercevez que vous n'avez pas de portable, qu'on vous l'a volé il y a trois jours. Et de trois ! Ah, ils sont forts, les cons ! Vous faites du stop en pouffant de rire. Vraiment, la journée commence bien, vous êtes de bonne humeur et vous avez hâte de raconter cette bonne blague aux copains, au boulot. Un record de brétignis, ça le fait, devant les nanas ! Un type sympa vous prend dans une belle voiture, il ne parle pas français, mais il est sympa. Arrivé à destination, vous poussez la porte de votre entreprise, et vous croisez Moussa, le type de l'accueil : « Tiens, Bernard, qu'est-ce tu fous là ? Tu t'ennuies de nous, hein ! » et il vous file une grande tape dans le dos. Ça vous revient, maintenant, vous avez été viré il y a un mois. « Ben oui, j'passais dans l'coin. Tu sais quoi ? J'en suis à mon quatrième brétigni, rien qu'en une heure ! » Moussa vous regarde avec un petit sourire, vous vous demandez s'il vous croit. C'est vrai que vous aviez l'habitude de vous vanter, quand vous étiez son chef !

Vous avez pigé la manip ? Depuis que le gouvernement a inventé le brétigni, la vente des anxiolytiques a connu sa plus forte baisse depuis quarante ans ! C'est un succès. L'Europe songe a imiter l'exemple français. Comme toujours !

lundi 30 juillet 2012

Punir


Céline Duclos se penchait en avant, les cuisses serrées : « Et désormais, il faut punir !  Punir, oui ! Le temps n'est plus à la pédagogie, aux accommodements, aux tergiversations, aux explications, le temps est venu où il convient de punir, punir, d'avoir la main ferme, et même la main lourde ! Je dis et je répète : Ça suffit ! La haine doit être exclue du cercle des vivants, l'exclusion doit être bannie, une fois pour toutes. Une fois pour toutes ! Les nostalgiques seront laissés dans les cavernes de leur monde souterrain, humide, maladif, rétréci, moisi, et nous fermerons les issues, à jamais ! Ça suffit ! Nous n'avons pas fait la Révolution pour rien, nous n'allons pas nous la laisser confisquer, il faut être sans pitié pour les ennemis du genre humain. Nous avons été timides, nous avons été patients, nous avons été timorés, nous avons été prudents, nous avons été tolérants, mais l'heure n'est plus à la tolérance, l'heure n'est plus à la prudence, l'heure n'est plus à la timidité, ni à la patience, l'heure est à l'action, à la force, à la décision, à la punition, la punition, et encore la punition. Ils n'ont pas voulu entendre la voix de la raison, la voix du progrès, la voix du bonheur, la voix de l'émancipation joyeuse, eh bien qu'ils entendent à jamais la voix du malheur, de l'immobilité et du regret. Il faut que quelqu'un le dise, il faut que quelqu'un le fasse, il faut que quelqu'un le décide, eh bien oui, ce sera moi, j'abattrais sur eux la main sans pitié de la Justice et de l'Honneur, et je n'aurai aucune hésitation, car c'est pour le bien de l'Humanité. »

Sans transition, Cécile se torcha, se redressa, tira la chasse, et remonta son pantalon. Elle était un peu rouge, mais soulagée. On n'allait pas se laisser emmerder par une constipation ordinaire, tout de même !

samedi 28 juillet 2012

Aux Cabinets


Les lettres de Bach à Couperin ont servi à couvrir des pots de confiture. (…) Peut-être mais on peut mettre un poisson rouge dans du Perrier.

mercredi 11 juillet 2012

Se débarrasser des poètes


La poésie est toujours sur le fil du rasoir, entre sublime et ridicule. C'est ce qu'ils ont parfaitement compris, à France-Culture. 

Avez-vous envie de détester Marina Tsvetaïeva ? Écoutez Anouk Grinberg la lire, à Avignon, ce soir. C'en sera fini une bonne fois pour toutes.

La paix ! Couchés, les poètes !

lundi 30 avril 2012

Survivre

 

Ils sont infaillibles. Au moindre signe de fatigue ou de vulnérabilité, ils accentuent leur pression, ils deviennent gonflants, arrogants, ils ne vous laissent plus finir vos phrases, vous coupent, lèvent les yeux au ciel, regardent leur montre, vous contredisent sur n'importe quoi, vous font comprendre qu'ils ont bouclé leur dossier sur votre compte. On devine leur plan : il faudrait que la Bête sur laquelle ils vivent finisse par croire qu'elle est elle-même le Parasite de ses Parasites, qu'elle se sente en dette par rapport à eux, alors que, sans cesse, ils la pillent et la pompent. Pousser la Bête à en finir ? La liquider ? Lui grouiller dessus ? Sans doute. Il arrive un moment où les Parasites ont envie de changer de Bête, d'en prendre une plus jeune, plus active, plus naïve. Le plus économique serait de pousser la Bête au suicide. Ils s'y emploient. Elle était bien Belle, cette Bête, mais un peu usée, après tout.
Y a-t-il des pilules ou des vaccins anti-Parasites ? C'est toute la question. La Bête, qui n'est pas si bête, peut avoir conscience de sa situation, et trouver étrange ces pertes d'énergie, ces ralentissements, ces abattements sans raison, ces oublis, ces confusions, ces vertiges. Quelle attitude adopter ? Surtout, ne pas consulter : les médecins, en général, sont au service des Parasites. Non, silence, absence de réaction, inertie,  écart, rupture, et surtout exercices de mémoire intenses, puisque les Parasites inoculent l'effacement des preuves comme la falsification des faits. Les Parasites ont la loi pour eux, alors que la Bête est là en surplus, par hasard, et sa solitude le prouve. 
(…)
« Ce n'est pas à la lutte mais à la joie que je finirai par succomber. » 

 À lire en écoutant les Collines d'Anacapri, de Debussy.

vendredi 20 janvier 2012

Le Ton


Quelqu'un me posait tout à l'heure la question des tonalités. Problème infiniment complexe que celui-là. Il semblerait qu'aujourd'hui chacune des vingt-quatre tonalités n'ait plus aucune physionomie propre (elles ne signent plus, elles singent), et je ferais remonter la disparition de celle-là à la fin des années 50. Mon père, qui avait l'oreille absolue, avait une claire conscience des tonalités, comme tous les compositeurs (et la plupart des musiciens) qui l'avaient précédé. Est-ce le manteau blanc de l'atonalité, comme un voile atone, est-ce le changement de diapason (qui l'avait beaucoup perturbé), ou bien est-ce un phénomène beaucoup plus général, l'internationalisation des cultures et l'interpénétration des différentes sortes de manifestations sonores, qui a rendu incompréhensible (ou imperceptible) ce qui avait été jusqu'à Schoenberg le geste premier de tout compositeur – le choix d'une tonalité –, je n'en sais rien, mais je suis certain que cette disparition est profondément significative. Dorénavant, si vous faites entendre la Neuvième de Beethoven en ré dièse mineur (la technique le permet facilement), ou en ut dièse mineur, voire en ut mineur ou en mi mineur, personne ne sursautera, sauf Beethoven, dans sa tombe. Les tonalités, comme les hommes, comme les cultures, sont remplaçables, transposables, presque indéfiniment. Ce qui revient à dire qu'elles ont définitivement perdu leurs singularités. Le grand métissage, là aussi, est passé par là.

« Tu as fait tes gammes ? » Faire ses gammes, voilà bien une des expressions les plus importantes du domaine de l'art (de l'art et de la vie), et pas seulement de la musique, mais qui prend dans le champ particulier de celle-là tout son sens. La rencontre d'un exercice purement digital et de l'harmonie (et pas seulement de l'harmonie, puisque les gammes sont également la matière première de la mélodie), en tant qu'empreinte première et délimitation du territoire sonore (c'est plus d'un pays que d'un territoire, qu'il s'agit), dans sa structuration et sa couleur, son "mood" (ses modes), est sans aucun doute la voie royale d'une formation à l'essence même de la musique : la croisée des chemins entre le vertical et l'horizontal, entre l'harmonique et le mélodique (la gamme est une harmonie mise à plat, une échelle qu'on pose au sol). Cet exercice, qui prend la forme d'un cheminement (les doigts apprennent à marcher, à se déplacer chez eux) à travers toute l'étendue du clavier, en tous sens, grâce à cette astuce géniale du "passage du pouce", qui a plus ou moins coïncidé avec l'avènement du "tempérament égal", donc avec l'extension indéfinie de la virtuosité dans toutes les dimensions de l'écriture musicale, me semble rassembler en lui un faisceau de significations d'une densité maximale, comme toujours lorsque des expressions apparaissent, semble-t-il spontanément, dans la langue, avec cette force de conviction et cette richesse de sens qui leur octroient une acuité et une profondeur qui creusent durablement dans l'imaginaire collectif une cavité fertile où se rencontrent le sens, le goût, et la sensation. C'est l'humain, dans son arraisonnement du réel, dans son incessante extension, qui donne à voir l'empreinte de son esprit en mouvement : La main humaine qui, par d'infimes variations de trajet (d'échelles), fait résonner la matière selon un lexique ordonné de couleurs et de vibrations.

Passer le pouce, c'est monter sur les épaules de l'existant pour aller plus loin, plus vite, plus haut, c'est se libérer de la force centripète qui rive le marcheur à son chemin unique, c'est ouvrir le territoire avec une clef magique : la modulation. La tonalité (le ton), c'est le Nom dans le son, c'est l'inscription de l'humain (de la personne) dans l'universel de la vibration, de la matière, c'est l'Homme qui se projette dans les étoiles, qui surimpose sa loi à celles des sphères indifférentes, c'est le sang (et sa pulsation) dans le son, mais c'est aussi l'inverse, et peut-être surtout, l'incorporation dans le corps humain d'un ordre qui le dépasse infiniment, et qui paraît provenir d'un ailleurs mystérieux, celui d'un cosmos qui n'aurait pas attendu l'homme pour parvenir à un état de suprême organisation, d'une sorte d'arrangement parfait avec son origine.

vendredi 28 octobre 2011

Apprendre l'analphabétisme


Les Français ne peuvent plus supporter leurs enfants. Ils les envoient à l’école dès trois ans, et au moins jusqu’à seize, pour apprendre l’analphabétisme.

Guy Debord

Je ne développerai pas, parce que je manque de temps, mais ces derniers jours ont été l'occasion pour moi d'apprendre quelque chose de fort intéressant, grâce à la FIAC et aux comptes rendus et tables rondes qui étaient consacrés à cet événement capital de la vie artistique. Les écoles d'art, en France, sont d'extraordinaires endroits où l'on apprend… à devenir-un-artiste-contemporain. On n'apprend pas à dessiner, à peindre, à sculpter, ni le maniements des pigments, des médiums, des colles, des siccatifs, des diluants, des charges, des enduits, et des supports, non, on apprend à fabriquer sa petite carrière d'artiste contemporain. J'aurais dû m'en douter, bien sûr : on est toujours en retard sur la réalité. Jusqu'à présent, l'analphabétisme dont parle Debord ne s'apprenait qu'à l'école (et dans l'entreprise), mais sans doute que cela ne suffisait pas. Dorénavant, ce sera à l'école, dans l'entreprise, à la télévision, dans la fonction publique, dans les partis politiques… et dans les écoles d'art.

vendredi 22 juillet 2011

Comment je n'ai pas rencontré ta mère


J'aurais dû y penser depuis longtemps ! Moi qui avais la prétention de faire un anti-blog, comment n'ai-je pas réalisé immédiatement que la seule chose réellement déterminante, le vrai moteur pervers de la bloge, est ce système de "commentaires" qui rend idiot et malade même le plus intelligent, le plus placide (vous voulez des exemples ?) ! Le nez était au milieu de la figure et m'observait, goguenard…

Quelle paix, désormais ! Oui, il suffisait de dire : Non. Comme le dit Miles à Coltrane : Retire donc le saxo de ta bouche, si tu ne sais pas terminer tes chorus ! Tu verras comme c'est simple, Johnny. X, Y, Z, ne pourront plus venir me dire combien ils m'aiment, comme mes "billets" sont indispensables à leur survie, comme l'air est soudain devenu irrespirable si je ne "poste" pas ? Foutredieu, mais qu'ils crèvent ! Sans compter tous ceux qui vous pensent "de leur bord", qui voudraient bien pouvoir vous compter dans leur petite société, vous enrôler dans la petite entreprise familiale. Truc fait partie des Machins, le buffet et les crampons vous attendent dans la salle polyvalente du faubourg des Andouilles. Venez nombreux. J'avais déjà évité cette engeance des "liens", par lesquels les blogueurs se tiennent pas la barbichette, tu me lies, je te lie*, et tous de s'enculer piteusement en rond, bit à bit, en ce bal funèbre et grotesque, mais ça ne suffisait pas.

Pourtant, j'en avais bien eu l'intuition, en sous-titrant mon blog "Tais-toi, je t'en prie !", à l'origine. Comme souvent, l'évidence nous crève les yeux ! Comment taire la vérité ? En la commentant, en touillant la marmitée, en ajoutant encore et encore les moi-ceci, les moi-cela, les je pense que, les moi au contraire, les délibérations infinies des glandus pris dans la toile qui tissent sans fin leur petite portée sans clef, avec les chefs, les sous-chefs, les adjudants commentateurs, les officiers de réserve, et même quelques déserteurs. La fanfare est là aussi, qui revient à intervalle régulier prévenir le chaland qu'"il se passe quelque chose". Roulement de tambour, drapeaux, jet de salive, sortie en direction des lignes ennemies, exercice en montagne, camouflage, paire de claques, claquements de talons, diarrhée chronique, ballonnements, fièvres, coups de sifflet, coups de pied au cul, revue des troupes, réclame, sieste, marche dans le désert, catch à quatre, bizutage, baston, envahissement du dortoir des filles, lancé de capotes gonflées à l'hélium, Simone enfermée dans les toilettes sans papier, tout y passe, ou presque. La seule chose qui m'étonne, un peu, est que ça dure… Ça, pour durer, ça dure ! Vous revenez trois ans plus tard : rien n'a changé. "Nicolas" est toujours là, "Suzon" tout pareil, ils ont juste un peu vieilli, ils sont encore moins drôles, ils sont encore plus bêtes, mais ils sont là, sanglés dans leur uniforme rayé, et se jettent sur les mêmes os, qu'ils rongent de leurs dents jaunies, en mimant l'enthousiasme, conscients que sans ça ils sont perdus, qu'ils vont retourner dans le sac aux jouets abandonnés. Comme c'est triste !

Pauvre de moi, "Bernard" (Pivot) ne pourra plus venir me donner des leçons de lexicographie, d'orthographe et de logique narrative, "Fredi" ne pourra plus m'inonder de messages me déclarant à la fois son amour et sa haine, Machine ne pourra plus déposer ses smilos gracieux, Truc ne pourra plus venir me montrer à quel point il est intelligent, fin, pertinent et j'en passe, "Marcel" ne pourra plus me démontrer qu'il m'a démasqué, et mon Anonyme préférée ne pourra plus menacer de me dénoncer à la police. Les journées vont être vides, calmes, envahies d'absence, d'un silence formidable, longues comme des jours sans pain. Pauvre Georges. Comme il est à plaindre, n'est-ce pas ! Il parlait déjà tout seul, qu'est-ce que ça va être maintenant ! Il n'aura jamais rencontré votre textualité limpide, brillante, fluide, spirituelle, vos mots d'esprit, vos calembours, vos raisonnements implacables, ni vos cousines épilées , ni même Madame votre maman. Il n'a jamais réussi à comprendre ce qu'il pouvait y avoir d'intéressant dans ces discussions numériques, il n'a jamais compris ce besoin de se regrouper, de faire société devant un écran, de touiter, de "défendre ses idées" (qui les attaque ?), et d'ailleurs il n'en a aucune. C'est affreux ! Un jour son prince viendra, oui, mais ce ne sera pas sur Internet.

Et Georges, heureux, va pouvoir recommencer à mettre des photographies de pubis, sans avoir à vous expliquer pourquoi il le fait. Le bonheur !

(*) Il y aurait une amusante et instructive étude à mener sur la différence radicale de conception de la culture et des rapports humains qui existe entre ces deux verbes anagrammatiques : lire et lier. Autant leurs rapports sont étroits et profonds dans le monde d'avant (c'est-à-dire précisément dans le monde qui fait une place à la lecture), autant il sont devenus problématiques et paradoxaux dans le monde d'après (celui où l'on s'informe, en lieu et place de lire, ce monde où l'on ne cesse de parler de "liens" et où tout se défait constamment, que ce soit socialement, humainement, artistiquement, culturellement).