dimanche 25 janvier 2015

Toi non plus (quatrième d'ouverture)


Toi non plus tu n'es pas Houellebecq ! Le dernier François, François le Dernier, François le François, de France, franchement pas politisé mais tellement politique qu'il épouse son temps calmement, comme un Franc démonétisé qui ne parvient plus à s'échanger avec ses semblables et ne peut rien avoir à regretter, puisqu'il ne s'appartient déjà plus. Comme il y a Rome dans roman, il y a du Français dans l'air qui manque au souffle coupé court jusqu'au dernier franc. Du franc à l'euro et retour la veine est obstruée et le palais plat n'a pas d'issue hors la conversion de singe à la monnaie stent en cours frappée du désert qui gagne sur l'ombre-monde du nombre en infini calcul à Chinatown. 

Les sushis souchiens à l'onde jusqu'à Poitiers en djellaba comme les cuisses des jeunes filles dépassent des jupes. Coppé peut-il faire mouiller la barre des Écrins encore si Johnny en métastases pour les sports de glisse oui mais Malika et ses petits pâtés tièdes fourrée a des engagements de jeunesse dont elle ne se cache même pas sans pour autant se cacher le visage dans un cloître à potager. Que Martel soit ici ou là sans escale les siècles allaient et venaient on aurait dit dans les deux sens place Saint Georges à rebours. 

En cale sèche, là-bas, on bâtit des empires et je n'aurai rien à regretter. Mauvais rêve comme une serviette éponge.

samedi 24 janvier 2015

Mission sous l'amer Michel


Soumission se dit islam, tout le monde sait cela. Rediger / Redeker, très bien. Bayrou l'imbécile de service, parfait. 

Nietzsche, Huysmans, Bloy, Chesterton, le Christ, les hommes et les femmes, les hommes virils et les femmelettes, l'athéisme, le nihilisme, la mystique, les petites fesses rondes, Israël, les surgelés, les putes, les aires d'autoroute, la Vierge, les détecteurs de fumée, le tabac, le vin, la paperasse, les galaxies, l'Institut de Monde Arabe, Marine Le Pen, les identitaires, le voile, la drague, la vieillesse, l'ambition, le salaire, l'immobilier, les services secrets, les chairs tombantes, les hémorroïdes, la hantise de la panne sexuelle, les jupes courtes, le travail intellectuel, la sécurité sociale, la voiture, les chaînes d'info, la presse, la polygamie, le mâle dominant, la sodomie, le natalisme, la démographie, l'érotisme, la religion, la Sorbonne, est-ce que ça suffit pour faire un roman ? Ça vous vous démerdez tout seuls, c'est pas moi qui vais vous donner la réponse ! 

Soumission donne envie de s'expliquer à soi-même pourquoi le roman provoque un tel effet, alors qu'au fond il n'y a pas grand chose, dans ce livre. 

Ben quand-même, dit le chœur, ben quand-même, y a quand-même des trucs, quoi ! C'est même vachement intéressant, c'est de la politique fiction, c'est de la prospective, c'est de l'histoire d'amour, c'est des voyages, des atmosphères. En fait, bon ben le pitch, si tu veux, c'est que l'occident, tu vois, il est un peu schlass, il est un peu fatigué, lassé, enfin il a déjà donné, tu vois, il aimerait bien passer à autre chose, l'occident. Comment ça l'occident ? Oui, bon, l'Europe si tu veux. C'est un roman sur l'Europe ? Oui, enfin on peut dire ça, si tu veux, sur le destin de l'Europe, sur le rééquilibrage de l'Europe, sur les relations nord-sud. Ah, les relations nord-sud, j'ai oublié de mettre ça dans la liste. Mais l'islam, dans tout ça, le prophète ? Oui, bon, faut pas non plus exagérer, tu vois, c'est pas du tout un livre islamophobe, hein, mais alors pas du tout. Ah bon ? Mais alors pourquoi Houellebecq il a mis les bouts ? Mais non, ça n'a rien à voir, il voulait aller faire du ski, c'est tout. Oui, d'accord, mais la soumission à quoi, alors ? Oui, OK, la soumission à Dieu, enfin Allah, OK, on va pas se mentir, c'est le gros morceau du bouquin. Eh bien alors nous y voilà. Non, je dirais pas ça, tu vois, faut pas simplifier, ce serait plutôt, à mon humble avis, un bouquin sur comment les Français ils sont réalistes, tu vois, pragmatiques, en fait. Bon ben les Français, ils se disent comme ça : Nous c'qu'on voit c'est qu'c'est la merde dans c'pays, c'est la crise, c'est le bordel dans les banlieues, c'est n'importe quoi au niveau de l'État, enfin c'est le gros boxon, ça part en sucette, on va dire. Alors nous on s'dit bon ben si Mohamed Machin, là, il nous calme les racailles et qu'il continue à nous filer des allocs et du taf, ben, dans l'fond, faut voir les choses en face, c'est p'têt' pas plus mal comme ça, tu vois. De toute manière, moi j'dis ça pouvait plus continuer pareil, fallait qu'y ait un truc qui change. Enfin moi c'est comme ça que j'vois les choses, hein. Alors, j'dis pas, on aurait préféré que ce soye la Marine, hein, c'est sûr, elle est plus de chez nous, déjà, et puis une femme, ç'aurait été sympa, pour changer. Mais la politique c'est des trucs bizarres, des comptages tout ça par en-dessous avec des accords secrets qu'on comprend pas. Ces cons de l'UMPS bon ben voilà quoi… Et dans le fond, les femmes à la maison, c'était pas con, pour le chômage. Je m'demande comment qu'on y a pas pensé avant. Non, il est pas con le Ben Machin, là. 

Mais Rediger n'a rien à voir avec Redeker, justement ! Mais justement ! Justement quoi ? Ben justement ! Le Rediger il a salement retourné sa veste, non ? Non, je crois qu'il ne faut pas le voir comme ça. Y a un cheminement du personnage, qui pourrait s'appliquer à beaucoup… Oui, c'est bien ce que je dis. Mais enfin, Robert Redeker n'a jamais retourné sa veste ! Mais non, mais non, calmez-vous, personne n'a dit ça. Bon alors ! N'empêche, ça pourrait se voir… Et si les identitaires étaient les premiers à se convertir, tu vois, ça c'est un truc qui est en filigrane dans l'bouquin. Rapport à la virilité ? Enfin, au patriarcat, oui. Non, non, ça tient pas ton truc. Ça tient pas. Y a des patriotes et des collabos, faut pas sortir de là. Eh bien moi je n'en suis pas sûr. Ça peut faire du mal à la cause, tu crois ? Il s'en tape pas mal, de la cause, le Houellebecq, si tu veux mon avis. Mais justement, ton avis, on n'en veut pas. Oh, cool ! De toute manière c'est un mec y vient de la SF, alors… Alors quoi ? Ben à mon sens il se fout pas mal de la France, tu vois. Tout ça c'est prétexte à raconter des histoires avec du cul et s'acheter une baraque en Écosse. Mais non, pas du tout, il n'est pas du tout comme ça. Qu'est-ce t'en sais ? T'es pote avec Houellebecq, toi ? Non mais j'aime bien le confit de canard. T'es con c'est pas vrai. Alors, au final, ça t'a plu ou pas ? Oui, oui, ça m'a plu, c'est sûr, mais j'ai pas bien compris où il voulait en venir. Moi j'trouve ça super mal écrit, genre. Y'a des phrases carrément, bon, j'veux dire, finies au karsher, quoi. Tu n'y comprends rien, toi, mais c'est fait exprès, Ducon ! C'est de l'écriture relâchée, on va dire, désinvolte, cool, si tu préfères. Tu vois, le François, tiens, encore un François comme Hollandouille et le Papé du Vatican, ben si tu veux il parle comme ça, il est dans le bain avec les autres, il n'a rien d'exceptionnel, en fait, comment que j'peux t'dire, c'est pas du Flaubert, non plus, mais c'est vachement travaillé, en fait ! Ouais, ben du travaillé comme ça, moi jt'en fais au kilomètres, hein, excuse-moi, mais faut pas me prendre pour une truffe. C'est tout juste rédigé. Rédigé, comme Rediger ? Comme un livre saint, qu'y aurait qu'à noter ce qu'il te dit le bon Dieu, sans rien y toucher ? Genre, oui. Ah ah ah, mais c'qui sont cons ! Houellebecq sous la dictée divine, maint'nant, c'qui faut pas entendre ! Révélé rédigé poil au nez ! T'es pas d'équerre, mon pauvre ! Comme Bob ? N'empêche, tu vois, la carrure et tout, c'est un sportif, le mec, on dirait pas, comme ça, avec ses cheveux de baba cool pas très propre. Ah oui, comme Loiseleur, là, celui qui découvre les femmes à soixante balais ? N'empêche, tu vois, la polygamie, ça doit pas être mal, quand t'y penses ! Au final, quand-même, c'est pas gai, n'empêche. Non, pas gai. Pas gay non plus, tu m'diras. Non, j'aimerais pas trop être à leur place. Tu crois qu'y vont se faire balancer depuis les gratte-ciels de la Défense ? J'sais pas mais j'aimerais pas trop être à leur place. Bon, chacun sa merde, hein. Les Juifs se barrent, mais nous on reste, et si on veut pas passer à la casserole, va falloir jouer serré. T'es catho, toi ? Tu vas te convertir ? Faut voir…

dimanche 11 janvier 2015

La Môme Charlie


Quoi qu'a dit ? - A dit rin.

Quoi qu'a fait ? - A fait rin.

A quoi qu'a pense ? - A pense à rin.

Pourquoi qu'a dit rin ?
Pourquoi qu'a fait rin ?
Pourquoi qu'a pense à rin ?

 - A' xiste pas.

(Avec Jean Tardieu)


samedi 10 janvier 2015

Jour ouvré (1)



Attention à ne pas regarder les cartes, quand vous entrerez dans son bureau. C'est sans doute une arnaque destinée à me faire acheter des pamplemousses de Californie. « Il n'y a pas d'Israël pour moi. »


Figurez-vous, me dit Gérard Mendelssohn, que chez moi le parquet instruit les plinthes sans même m'en parler. Je ne dis pas ça pour vous culpabiliser, mais il faut voir les choses en face : la religion n'est pas une tenue négligée. « Bref, vous pensez que les catholiques n'ont rien à craindre. »


Quand Lucien Potecher a eu vent de mon quintette en fa bémol, il a immédiatement télégraphié à Ginette pour la prévenir qu'elle allait perdre les eaux. Ce qui ne me réjouissait nullement. 


La lavandière bègue m'a encore appelé au téléphone pour me proposer des places pour une corrida halal. Toute l'influence qu'Honoré a réussi à obtenir se trouve concentrée dans ce petit tiroir. « C'est tout de même un musulman… »


Il y autant de plaquettes de beurre bon marché que de cornichons sur la côte basque. Je me souvins alors de Tanneur, du rapprochement qu'il avait fait avec l'empereur Auguste, le soir où nous avions dîné ensemble dans sa maison du Lot. Je me demande si ce n'est pas un piège tendu par un terroriste.


Paul Claudel et Marie Berthe Savarin veulent venir en amoureux passer le week-end chez moi. C'est en tout cas le résultat auquel je suis parvenu après de savants calculs. « Il y a une condition, quand-même… »


Nous nous en tiendrons au cheval, si vous le permettez. Si l'Andalouse ne prend pas part à notre jeu, il faudra, malheureusement, en venir aux mains.  Marie-Françoise nous invita à passer à table ; elle avait préparé une salade de fèves, accompagnée de pissenlits et de copeaux de parmesan.


Si les animaux à sang froid pouvaient parler, vous comprenez, une grande partie de nos affaires seraient réglées. Il a fallu que nous y mettions bon ordre : j'ai convoqué un imam pour le mois d'août et déjà l'effet commence à se faire sentir. On continue de tutoyer ses anciennes copines, c'est la coutume, mais on remplace le baiser par la bise.


Il n'en fallait pas plus pour les événements prennent un tour dramatique. Et pardonnez-moi de ne pas réussir à vous croire, mais en sortant de la messe, Rosalie a eu le toupet de ne pas dire un mot. Elle avait dû être une ravissante petite gothique, au temps pas si lointain de son adolescence.


Conformément à ses directives, nous avons pu observer la mer encore quelques heures avant d'aller souper. Les vacances ne sont pas faites pour qu'on reste ainsi sur sa faim. Le 19 janvier, dans la nuit, je fus submergé par une crise de larmes imprévue, interminable.


La prière n'en fut pas abrégée pour autant. Il est impossible que l'ami Albert ait pu l'annoncer sur ce ton.  La réception débutait à dix-huit heures, et elle avait lieue à l'Institut du monde arabe, privatisé pour l'occasion.


« Pourquoi la polygamie ? » Écoutez, me dit Charlie, si vous pensez vraiment que le monde est ainsi que vous le dites, alors je n'ai rien à ajouter à la déclaration de mon épouse. La perspective d'une partie fine ne me réjouit pas plus que ça, bien que le chauffage ait été réparé avec soin.

vendredi 9 janvier 2015

Jour ouvré (0)



Figurez-vous, me dit Lucien Potecher, que chez moi le parquet instruit les plinthes sans même m'en parler. Il a fallu que nous y mettions bon ordre : j'ai convoqué un imam pour le mois d'août et déjà l'effet commence à se faire sentir. 


Quand Gérard Mendelssohn a eu vent de mon quintette en fa bémol, il a immédiatement télégraphié à Ginette pour la prévenir qu'elle allait perdre les eaux. 


La lavandière bègue m'a encore appelé au téléphone pour me proposer des places pour une corrida halal. C'est sans doute une arnaque destinée à me faire acheter des pamplemousses de Californie. 


Il y autant de plaquettes de beurre bon marché que de cornichons sur la côte basque. C'est en tout cas le résultat auquel je suis parvenu après de savants calculs. 


Paul Claudel et Marie Berthe Savarin veulent venir "en amoureux" passer le week-end chez moi. Je me demande si ce n'est pas un piège tendu par un terroriste.


Si l'Andalouse ne prend pas part à notre jeu, il faudra, malheureusement, en venir aux mains. La perspective d'une partie fine ne me réjouit pas plus que ça, bien que le chauffage ait été réparé avec soin.


Écoutez, me dit Charlie, si vous pensez vraiment que le monde est ainsi que vous le dites, alors je n'ai rien à ajouter à la déclaration de mon épouse. Nous nous en tiendrons au cheval, si vous le permettez.


Si les animaux à sang froid pouvaient parler, vous comprenez, une grande partie de nos affaires seraient réglées. Je ne dis pas ça pour vous culpabiliser, mais il faut voir les choses en face : la religion n'est pas une tenue négligée.


Attention à ne pas regarder les cartes, quand vous entrerez dans son bureau. Toute l'influence qu'Honoré a réussi à obtenir se trouve concentrée dans ce petit tiroir.


Et pardonnez-moi de ne pas réussir à vous croire, mais en sortant de la messe, Rosalie a eu le toupet de ne pas dire un mot. Il n'en fallait pas plus pour les événements prennent un tour dramatique.


Conformément à ses directives, nous avons pu observer la mer encore quelques heures avant d'aller souper. La prière n'en fut pas abrégée pour autant.


Il est impossible que l'ami Albert ait pu l'annoncer sur ce ton. Les vacances ne sont pas faites pour qu'on reste ainsi sur sa faim.

mercredi 7 janvier 2015

Concert nocturne


On me donne une paire de mailloches. J'ai face à moi un mur de femmes ; sont-elles vingt-quatre, trente-deux, plus encore, je ne sais pas exactement. Elles sont groupées par quatre, parfois six, ou huit, sont parfois habillées, parfois en sous-vêtements, et le plus souvent souriantes, ravies d'être mon instrument. Mon solo dure une bonne heure et demie, peut-être deux heures, je me démène, je suis en très grande forme, je prends un plaisir inouï à jouer. Les parties en trémolo sont les plus agréables à administrer, par exemple en secouant les mailloches entres les seins ou entre les flancs, ou encore les glissandos sur six paires de cuisses qui résonnent comme un gamelan nacré. Je finis ma prestation en nage, je suis exténué, lessivé, mais heureux, je n'ai jamais aussi bien joué. 

Ah, la belle symphonie, quand les instruments répondent au doigt et à l'œil

Impossible de retrouver l'hôtel, et mon portable qui ne fonctionne pas à l'étranger ! J'erre dans les rues de cette ville inconnue, je suis célèbre et inconnu à la fois, euphorique, perdu, la vie est belle quand on est mort. 

mardi 6 janvier 2015

Première ligne (11)


Vous souvenez-vous du Minitel ? Moi je m'en souviens très bien. J'ai tout de suite accroché. Je ne crois plus à la gauche, ni à la droite, ni à l'Europe, l'informatique m'emmerde, je ne suis pas juif, je ne suis plus jeune, je suis pauvre, je ne regarde pas les infos à la télé, je ne lis pas les livres qu'il faut lire, et j'ai perdu mes cheveux lors d'une grande guerre dont personne n'a entendu parler. De plus en plus je trouve les pianos faux, Queffélec et Engerer ridicules, et que la seule activité humaine digne d'être reconduite est le rêve. L'impression que nous sommes en première ligne de notre vie est une illusion, c'est la raison pour laquelle nous recouvrons la réalité de paroles, car le silence nous prouverait immédiatement que nous n'y sommes pas, en première ligne, et nous obligerait à nous demander qui s'y trouve à notre place. Ceux qui savent qu'ils ne savent rien se sont retirés d'eux-mêmes, ça les rend insupportables : tout le monde attend que quelqu'un donne le la, bien que cela ne serve à rien, puisque tout le monde est sourd. À la santé du Capitaine ! 

Donc, grâce au Minitel, je n'ai rencontré ni Richard Millet, ni Philippe Sollers, ni Michel Houellebecq, ni Pascal Quignard, ni Samuel Beckett, mais j'ai rencontré Ambre, Nuages, Agnès, Malika, Nicole, Tuture, Valdécrocher, AspergeBrûlée, Bijou, Notaire, Mila, Lune, et Anna-Maria. J'ai appris à écrire, sur le Minitel. Discuter avec trois ou quatre filles en même temps, sans oublier leurs caractéristiques physiques ni leur âge ni leurs goûts ni leurs mensurations, trouver pour chacune d'entre elles des formules différentes adaptées à leur profil, les séduire, tout en démasquant les hommes (nombreux) qui se font passer pour des femmes, ça vous oblige à une efficacité maximale et à un renouvellement de tous les instants. Brune, blonde, rousse, petite, longue, complexée, endormie, hystérique, aphasique, le bateau, la cuisine et l'algèbre, vous voudriez pas en plus que je fasse le ménage ! 

Ça change tout, un mât, j'aurais jamais pensé ! Médine le rappeur nous dit "Don't Panic !" et tente, à l'aide de Pascal Boniface, de désamorcer la-peur-de-l'islam-en-France. Patric Jean nous explique, sur son blog, que « nous sommes nombreux et nombreuses à nous demander comment font les jeunes dits "des banlieues" pour se tenir si tranquilles malgré la violence qui leur est faite. Racisme institutionnalisé, ghettoïsation de la pauvreté, violences policières (dont les contrôles au faciès). » Houellebecq, ce con, jette de l'huile sur le couscous, et attise la France rance. Elisabeth picole. Les éditeurs, fidèles à leurs habitudes, vont au turbin et en rapportent de petites crottes sèches et désodorisées qu'ils empilent sur des assiettes neuves. Les meufs passent, reniflent, prennent un selfie ou deux, et vont se rincer l'utérus au mousseux en jurant sur le Coran. La première ligne de coke passe par elles entre leurs seins refaits et leur plan diététique semestriel. Nicole ne m'appelle plus. Hollande s'éclate. Piketty refuse la Rosette et moi l'andouillette. Bedos chiale et Vladimir rit. Dieu ne répond plus et le djihad se démocratise. Don't Panic !

Martyriser un Premier prix ? T'entendrais France-Culture ! Suzanne et la Comtesse sont dans la maison, je les entends depuis la baignoire. Ça me coule sur le ventre, lumière du son soyeux, joie du bon goût sans partage, ombres heureuses, phrases liquides comme des mains jointes dans la prière. Nous sommes dans un château de lumière, la tête dans le triangle aux odeurs, prêts pour le voyage immobile, torrents, roches, prairies, vaches, danseuses, éclats du vide qui revient par derrière, et nous nous allongeons sur l'herbe, près du grand lac, le soleil par-dessus. Je suis contre elle, elle est contre moi, ça y est, je retrouve sa voix, la chaleur de ses seins, dans le refuge du Parmelan, avec les autres, puis immédiatement au bord du Thiou, la nuit, sous un pont, on regarde l'eau, mais ce n'est plus seulement de l'eau, bien sûr, c'est le temps qui se coule en nous comme un serpent de feu, qui nous ouvre des yeux au-dedans, des yeux perdus, agrandis, sous perfusion, Terry Riley son coupé, vitamines au bout des doigts, on se touche, mais ça touche ailleurs, plus loin, plus près, bout touchant du but en expansion, le sexe dans l'iris, la parole fondue, en magma, qui vient nous surprendre quand on se tait en apnée, ah, la belle nuit, Christine, on ne sait même plus qu'on s'aime, ni qui tu suis ni que je es, on a la vie déjà passée en mémoire vipérine qui passe de l'un à l'autre comme si nos mémoires communiquaient, j'ai très soif, j'ai très peur, mais tu ris, tu ris, et je m'étouffe de rire, sans avoir ouvert la bouche, quand je tombe en toi comme une cascade remontant à la source, ah, la belle nuit interminable, courte comme la pointe d'une épée, concentrée en un cri dilaté qui dure et dure et dure, qui coule sur ton ventre et me fait débander. 1972, année merveilleuse et qui dure encore, en première ligne. C'était bien, le LSD. 

samedi 3 janvier 2015

Comment je n'ai pas rencontré Richard Millet


J'ai tort. Tout le monde me l'a dit, tout le monde me l'a redit, tout le monde le pense, tout le monde l'a pensé, et continuera de le penser, même après avoir lu cet texte. Ça ne se discute pas, j'ai tort. Et, de fait, je regrette de ne pas avoir rencontré Richard Millet, même si je regrette de le regretter, ce qui, personnellement, me suffit. Si je l'avais rencontré, je regretterais peut-être de l'avoir rencontré, mais je ne pourrais pas regretter mon regret et, de mon point de vue, il est bien préférable de regretter son regret que de regretter une rencontre. 

D'ailleurs, à y bien regarder, est-il vrai que je regrette mon regret ?  Ce n'est pas si sûr. Le regret de mon regret de ne pas l'avoir rencontré est tout de même ce qui me constitue profondément, on ne peut pas le nier. Si donc je l'avais rencontré, si cette rencontre m'avait privé de la possibilité de regretter mon regret, serais-je autant à même de me demander si j'ai bien fait de le rencontrer, serais-je même autorisé à me poser la question, tellement ceux qui me connaissent pensent que j'aurais dû le rencontrer, qu'en refusant de le rencontrer je me suis laissé allé à ma pente naturelle qui est de regretter ce que je n'ai pas fait, mais aussi ce que j'ai fait, ce qui fait que de toute façon, le regret étant la clef de voûte de mes motivations et de mes déceptions, le rencontrer n'aurait pas ajouté quoi que ce soit à ma déception, même en admettant que cette rencontre fût décevante, ce qui n'est qu'une hypothèse parmi d'autres, sans plus. 

Mais je vois bien ce que certains sont en train de penser silencieusement : que si je ne l'ai pas rencontré, c'est uniquement pour pouvoir dire que je ne l'ai pas rencontré, pour en tirer partie, ou profit, et pour pouvoir écrire un texte où j'expliquerai comment je ne l'ai pas rencontré et pourquoi. Je ne peux pas leur donner tout à fait tort, à ceux-là, mais je tiens cependant à faire valoir que si je l'avais rencontré, j'aurais certainement écrit un autre texte pour dire comment j'avais rencontré Richard Millet, et pourquoi, et même pourquoi je n'avais pas renoncé à le rencontrer, malgré toutes les bonnes raisons qu'il va de soi que je connaissais déjà à ce moment-là et qui me poussaient à ne pas le rencontrer. 

Non, la vraie raison de cette non-rencontre n'est donc pas un banal intéressement aux non-résultats qui en ont immanquablement résulté, aux fameux bénéfices secondaires des ratages et autres faux-pas et vrais-lapsus dont je ne me suis pas privé dans ma vie, vous pouvez me croire sur parole. Alors quoi ? La trouille, la pétoche, les jetons, la timidité, la passion de la routine, la flemme de sortir, l'angoisse de la nappe blanche, le plaisir de décevoir, une forme perverse d'orgueil exacerbé, un feuilleton à la télé, le manque d'essence dans la voiture, une maladie pas sexy, une autre raison encore, inavouable ? La facilité consisterait à affirmer : un peu de tout cela sans doute. On noie le poisson, on noie le carburateur, et on referme les volets, une pomme et au lit, circulez, y a rien à voir. Mais ce n'est pas le genre de la maison. Ici, on aime bien affirmer qu'une chose et une seule est responsable de tout, quitte à se tromper, quitte à se ridiculiser. 

La vraie raison qui fait que je n'ai pas voulu rencontrer Richard Millet, c'est qu'il me fallait à tout prix donner raison à La-Merveilleuse Guilaine Depis. En effet, notre Merveilleuse affirme qu'elle a plus souvent rencontré Richard Millet, Christine Angot, Amélie Nothomb, Alain de Benoist, Pierre-Guillaume de Roux, et Robert Redeker, que moi. Il est très important, pour la bonne marche du monde, pour sa stabilité, pour la Paix, que les faits ne donnent pas tort à La-Merveilleuse, il est très important que le monde tourne selon l'axe qui a poussé au centre du café de Flore, à Saint-Germain-des-Prés, Paris, France. On ne saurait impunément perturber la Loi florienne, descendue dans le 6e arrondissement de notre belle capitale des Arts et des Lettres, et qui s'est posée sur le front de La-Merveilleuse « qui est page 30 du Sibélius de Millet » et qui « connaît par cœur » les livres de Christine Angot. Il est possible que tout le monde s'en foute, mais moi j'ai une haute idée de ma responsabilité morale. La-Merveilleuse défend les couleurs de Juppé, pour 2017, on voit par là de quelle importance est son rôle dans la vie intellectuelle et politique du pays. Il n'est pas dit que ce sera par moi que Juppé aura chu. Soyons simples : Juppé est le Père, Guilaine est son Moïse. Et puis, si j'étais cynique, je vous dirais aussi que lorsque La-Merveilleuse aura été élue à l'Académie française, en compagnie de Joey Starr et de Rokhaya Diallo, elle aura peut-être quelque indulgence pour moi, allongé sur la passerelle des Arts en train de lui tendre ma sébile puant la vinasse et la cochonnaille…