Cher Monsieur,
samedi 31 août 2013
Quelque chose dans le ventre…
Cher Monsieur,
Mon Cheval
Comment voyagent les chevaux ? Votre cheval est sélectionné pour participer aux Jeux olympiques du Brésil, en 2016. Comment va-t-il s'y rendre ? Vous êtes-vous posé la question ?
Il prendra l'avion à Amsterdam et il vous en coûtera 10000 dollars. Il sera placé dans un container, il sera drogué, il aura de la paille et de l'eau pour le voyage.
Tout va bien.
jeudi 29 août 2013
Les Mouches ventriloques
Papa (j'avais le même à la maison) est un épileptique de la faute de français. On comprend qu'il soit irrité par cette sorte de folie qui s'empare des locuteurs, une folie dont le danger (il paraît qu'il faut désormais dire la "dangerosité", mais je ne m'y résous pas) vient de ce que ces mêmes locuteurs ne s'aperçoivent de rien et pensent parler tout à fait normalement. Ce n'est pas nous qui allons nous plaindre de ce qu'une personne au moins en France continue à trépigner dans son coin parce que tous les autres parlent comme des sagouins, d'autant moins que le livre qui nous l'a fait connaître et aimer est son fameux "Répertoire des délicatesses du français contemporain". Mais le spectacle offert sur Facebook dépasse l'entendement. Chaque jour, Papa note scrupuleusement les erreurs en tout genre qui manifestent une inculture crasse, les approximations (on est gentil) historiques, le débraillé grossier ou gnian-gnian et surtout les aberrations syntaxiques dont est émaillée la parlure radiophonique. Pas besoin de vous faire un dessin, on connaît la chanson. Encore une fois, ce n'est évidemment pas le fait de souligner que les Français ne savent plus parler, ni écrire leur langue, qui nous dérange, encore qu'il nous semble que l'acharnement à taper sur le même clou est un rien agaçant, lorsque celui-là est enfoncé depuis longtemps jusqu'à la tête. Non, ce qui est proprement insupportable est le spectacle de ces mouches à merde qui viennent par dizaines flairer avec un enthousiasme de ravis de la crèche le caca désigné comme tel, avec à chaque fois les mêmes blagues, les mêmes sarcasmes cent fois entendus, et le même contentement épais de celui qui se rassure à bon compte. Ah, le beau caca ! qu'il est beau de ne pas être le mien ! T'as vu ça Nicole ! Hein, c't'affreux, Jean-Luc ! Et ça se tape sur le ventre, et ça se goberge, et ça tourne, et ça renifle, avec des sanglots glaireux de bonheur et des hoquets de soulagement, et ça danse fièrement autour du beau caca, tout fumant dans son cadre, pour un peu on serait en transe d'ébaudissement en boucle… Puis les mouches rassasiées s'envolent, satisfaites, en sachant qu'elles pourront revenir demain pour un autre festin identique en tout point à celui qui les laisse ballonnées pour l'après-midi. Évidemment, si par hasard on va lire le français de ses mouches-là, on s'aperçoit neuf fois sur dix qu'il n'est pas meilleur (bien qu'il soit écrit, et non parlé !) que celui dont elles se gaussent en meute, mais surtout, on a envie de leur dire que si vraiment cette langue-là les dérange tellement, elles ne devraient pas avoir besoin d'un index pour leur montrer à quoi ressemble un caca dont on a le droit de se moquer. On parle avec la bouche des autres, on pense avec la pensée des autres, on bouge avec les gestes des autres, on attend qu'il y en ait un qui se dévoue pour lever le doigt pour lever le doigt avec lui, tout étonné de sa fabuleuse témérité.
J'ai toujours été frappé du nombre de vocations de ventriloques que suscitait Papa. On en a déjà connu un certain nombre. Apparemment, les candidats se renouvellent périodiquement, sans interruption, sans suspense, et sans beaucoup d'imagination. Il me semble à moi que c'est un phénomène digne d'étude, même si Papa va encore dire que j'exagère, que je n'ai rien d'autre à faire que de me moquer, que d'être narquois et un peu (beaucoup) dément, quand je trouve que ces ventriloques qui l'entourent sont un peu inquiétants, un peu…
Il y a un pantin comme ça, depuis peu, qui bat tous les records de ventriloquie, au PI. Moi, un gus comme ça, ça m'impressionne ! J'ai envie de voir quelle tête il a, quelle voix il a, quel métier il exerce, quelle genre de femme il a, quel âge, quel poids, enfin, s'il existe vraiment, quoi. Je dis ça mais je sais bien qu'il existe. Si encore c'était l'exception qui confirme la règle… mais non, c'est tout juste le contraire. Sauf que lui c'est un champion hors catégorie ! Papa possède une force d'attraction hors du commun, il faut bien le reconnaître. Je suis certain qu'il y en a qui se relèvent la nuit pour aller pisser, par exemple, depuis qu'il est sujet à ce genre de contrariétés. Si les pantins de bois se mettent à pisser, non mais allô quoi, où va-t-on ?
mardi 27 août 2013
Pour le gène occasionné…
samedi 24 août 2013
Face et pile
Je sais qu'il existe des gens qui rêvent d'avoir une aventure sexuelle avec des jumelles. Drôle de trio, en vérité, que celui dont deux des personnages sont les mêmes, mais je conçois qu'il émane de la situation un certain trouble, et même un trouble certain, à ne littéralement plus savoir où donner de la tête. Cependant, je crains dans une pareille situation de passer mon temps à recenser les différences, même imperceptibles, surtout imperceptibles, qui me garantiraient que je n'ai pas perdu mon temps à prendre des vessies pour l'ombre et à lâcher la proie pour des lanternes. La question que je me pose est celle-ci : peut-il exister de parfaites jumelles, dont l'une serait belle et l'autre moche, tout en étant rigoureusement identiques, et donc interchangeables ?
mercredi 21 août 2013
Pistolet à eau bénite
mardi 20 août 2013
Petit portrait en prose (7)
Ce qu'il y a, chez elle, c'est ses yeux qui rient tout le temps, mais d'un rire qui vous glace le sang. Elle parle trop fort.
lundi 19 août 2013
Petit portrait en prose (6)
Georges avait compris que mimer la jalousie donnait à son amour pour Gabrielle le petit supplément d'âme qui rendait leurs ébats plus brûlants, plus déchirants. Cette pincée d'épices qui au commencement leur était délicieuse leur devint très vite nécessaire. Elle en redemandait et il obtempérait avec la secrète jouissance de celui qui a l'initiative. Il était chaque jour un peu meilleur, plus convaincant parce que plus convaincu. Il jouait d'autant mieux son rôle d'amant jaloux que Gabrielle ne lui donnait aucune raison de l'être.
samedi 17 août 2013
Les Dossiers de l'écran total
Petit portrait en prose (5)
Petit portrait en prose (4)
jeudi 15 août 2013
Petit portrait en prose (3)
L'Internet a peut-être rendu possible cette nouvelle race de femmes qui, ne pouvant briller par la courbe de leurs hanches, le potelé de leurs bras, l'assurance de leurs cuisses ou la beauté de leur visage, ont trouvé dans les réseaux sociaux un miroir actif dont les reflets indulgents et insensibles aux années et à la pesanteur leurs donnent un semblant de seconde vie qui les vengerait, croient-elles, de la première, c'est-à-dire celle qu'elles n'ont pas vécue. On les aimerait volontiers si elles avaient la noble simplicité de ne pas nous prendre pour des aveugles qui confondent la fiente et l'esprit qui vole. Quand on va répétant "j'ai bien compris", alors qu'à l'évidence on ne comprend rien à rien, arrive un moment où le miroir reprend ses droits et ses devoirs, et rend l'écran inopérant à cacher l'évidence.
mardi 13 août 2013
Avec toi
Je me trompais. Ce n'est pas le seul problème moral. L'autre, et c'est sans doute celui qui est décisif, est de savoir si on laisse partir seul un être qu'on aime. C'est déjà arrivé. Ce n'est pas une raison pour persévérer dans l'atrocité. L'homme est par nature d'une insondable bêtise, pas un jour sans qu'on n'éprouve cette pénible condition, mais il est des moments dans la vie où l'on doit choisir entre cette bêtise tranquille et autre chose. Quelle est cette autre chose ? L'inconnu. Sans aucun bénéfice. Il n'y a pas de bénéfice à accompagner celui qui part, et sans doute que cela ne sert à rien, c'est le plus probable. C'est seulement pour pouvoir lui dire : je suis là, avec toi. Partir seul… La seule véritable horreur que Dieu nous inflige, celle qui n'a pas de justification, de compensation, qui est au-delà de toute raison, de toute imagination, de tout espoir.
vendredi 9 août 2013
Petit portrait en prose (2)
Petit portrait en prose (1)
jeudi 8 août 2013
En vérité
Le seul roman vrai qu'on devrait écrire aujourd'hui, c'est celui qui raconterait la possibilité de voir sa chatte à volonté, et il nous est impossible de l'avouer à celle qui suscite ce désir. C'est cette impossibilité, le cœur même du roman vrai. Ceux qui écrivent des romans sur d'autres thèmes sont des impuissants ou des menteurs.
Ce matin, je vois l'amour comme un oignon qu'on épluche. II y a beaucoup de couches, souvent jolies, mais à la fin, quand on a tout épluché, il ne reste que son con. Et ça sent fort.
Quand l'un entre au paradis, l'autre entre en enfer. C'est la seule règle qui ne souffre pas d'exception. La porte ne laisse passer qu'un seul être dans chaque sens. Le croisement est non seulement permis, mais il est encouragé.
Plus je bande pour elle plus j'écris. Cette salope aura changé ma queue en stylo. Alors j'écoute Naïma de John Coltrane. Ça me calme un peu, parce que je vois bien que la souffrance d'amour est une belle chose et que je sens que je peux en jouir moi aussi, moi aussi, même moi le pauvre délaissé, le pauvre oublié.
Je me demande comment on a pu si longtemps considérer McCoy Tyner comme un grand pianiste. McCoy était certainement le pianiste qu'il fallait à Coltrane pour qu'il puisse développer son langage, et on peut même se demander si Coltrane aurait été si génial sans lui, mais enfin il ne casse pas trois pattes à un canard, tout de même ! Il a une énergie extraordinaire, il sait accompagner son soliste, il sait enfoncer le clou, harmoniquement, mais justement, il ne fait à peu près que ça, sans aucune subtilité, avec toujours les mêmes accords passe-partout, avec un manque d'imagination mélodique affligeant, et avec une dynamique très pauvre. Pourtant, je sais qu'il est admiré par de très grands musiciens, donc je me dis que c'est moi qui ne dois rien comprendre. Un peu comme pour les femmes, quoi.
Il y a des musiciens qui ne sont jamais meilleurs que lorsqu'ils s'entourent d'excellents instrumentistes, et il y en a d'autres qui, au contraire, ont besoin de faire le vide autour d'eux, d'écraser le paysage. Les femmes, c'est pareil. Certaines aiment s'entourer d'imbéciles ou de crapules car elles sentent confusément que c'est la condition de leur existence de maitresses.
Certains saturent l'espace, d'autres laissent de la place. Mais les femmes qui laissent de la place n'aiment pas. C'est diabolique.
mercredi 7 août 2013
En vers et contre tous
On peut critiquer ceux qui ne comprennent pas ce qu'ils lisent, ce qu'ils écoutent, ce qu'ils regardent, et ils sont évidemment légion, on s'en rend compte tous les jours, mais on peut également, et peut-être avec plus de raison encore, critiquer ceux qui comprennent trop bien, ceux qui ne lisent que pour avoir confirmation de ce qu'ils pensent, ceux dont l'auteur n'est qu'une caution morale ou intellectuelle, ou, pire encore, ceux qui ne pensent dans la lumière de l'auteur que parce qu'ils ne connaissent pas la solitude bienheureuse et la joie intense de l'ombre. Dès que la lumière s'éteint, ils sont dans le noir, qui n'est pas l'ombre, et trébuchent jusqu'à la prochaine bougie tremblotante.
J'écoutais l'autre soir des extraits du Phèdre de Racine, dits par Sarah Bernhardt, Maria Casarès, Nada Strancar et Dominique Blanc. Il était passionnant de voir et d'entendre que la manière de dire l'alexandrin était étroitement liée à ce qu'une époque est capable d'entendre, de comprendre et de dire. Il est impossible, même à la meilleure comédienne, d'aller au-delà de ce qui existe dans l'oreille du temps présent. Au-delà des règles de la prosodie, de la métrique, du rythme, de l'accentuation, de l'intonation, et de leur application au champ de la poésie classique, on entendait parfaitement que la déclamation, au sens large, est une pratique éminemment politique, ou en tout cas très étroitement liée au degré de civilisation d'une époque. (Il ne serait pas très difficile d'étendre cette observation à l'interprétation musicale.) C'est d'ailleurs une évidence si l'on prend comme objet d'étude les discours des hommes politiques et ceux des journalistes de radio ou de télévision. Le sens est toujours quelque part entre la signification et la musique, et il était en l'occurrence très frappant d'entendre Dominique Blanc expliquer que « l'essentiel de son travail avait été d'aller contre la musique », et donc, en conséquence, de briser la structure du vers racinien avec le bel aplomb de ceux qui "vont droit au sens" et qui considèrent que le passé doit servir le (au) présent. "Le plus beau compliment qu'on lui ait fait", après la représentation ? « C'est extraordinaire ! En fait vous ne dites pas des vers ! » Ce "vous ne dites pas des vers" est bien sûr terrible (à quoi sert de dire du Racine, alors ?), mais une comédienne peut-elle aller contre le Sens d'une époque, si elle veut se faire entendre ? Personne ne peut cela. Et l'on entend merveilleusement, à travers ces voix qui nous parviennent de l'au-delà, appuyées toutes sur la langue splendide de Racine, la transformation, l'évolution d'un monde. Le nôtre annule le vers avec une bonne conscience démocratique qui confine à la barbarie, la même barbarie qui se lit jour après jour dans les commentaires de Boulevard Voltaire, par exemple. Il y a des époques qui ne peuvent tout simplement pas entendre certaines choses, certains sons, certains rythmes, certains mots, certaines phrases de certains livres, certaines musiques. Ou, si elles les entendent, c'est en courbant leurs formes jusqu'à terre. On peut avoir tous les livres du monde chez soi, les lire, et pourtant ne rien entendre, trop les comprendre, aller trop rapidement au sens, le sens étant toujours le nôtre, celui de notre époque, celui de notre classe sociale, celui de notre désir de tranquillité, de ne pas sortir de notre voie. Lorsque l'on est trop changé par un livre, j'ai toujours le soupçon qu'on l'a trop compris, trop rapidement. C'est finalement comme avec les êtres, il faut trouver la bonne distance : ni trop près, ni trop loin. On ne peut pas tout traduire, il faut accepter de ne pas tout comprendre, accepter qu'il y ait un autre, des autres, sur lesquels on ne se retournera pas : la musique et la poésie sont faites pour cela. Les évangiles ne sont pas écrits en langue vernaculaire.
lundi 5 août 2013
Caramhol et son plateau-repas (en off)
Selon le Lab Europe1, le chef de l'Etat, François Hollande, a participé, aujourd'hui, à un déjeuner avec des journalistes du Monde, dans les locaux du quotidien. Ce rendez-vous, ne figurait apparemment pas sur l'agenda officiel du président de la République.
Toujours d'après le Lab, François Hollande est arrivé dans les locaux du quotidien "vers 13h10", accompagné d'un seul conseiller. Après avoir partagé pendant plus de 2h30 "un plateau repas" avec "une petite dizaine de journalistes" du Monde, le chef des armées est reparti.
Sollicitée par le Lab, un participant indique avoir "promis de ne rien dire" sur le fond des échanges, situant la rencontre sur le terrain du "totalement off". Un autre parle quant à lui d'un "déjeuner informel".
Sur le Front
dimanche 4 août 2013
Présence
jeudi 1 août 2013
Les Heures chaudes
Previoulsy on Boulevaire Voltard :