Il suffisait de refermer la porte pour que tout redevienne calme. Au loin s'agitent des fantômes. Je les regarde par la fenêtre. Ils discutent fébrilement, peut-être, ils s'affrontent, sans doute, ils se menacent, se congratulent, s'embrassent, se déchirent, se reconnaissent et donc s'excommunient. Des pans de murs entiers sont recouverts de leurs vociférations électroniques. Mais déjà s'éloigne la morale. Le bruit de leurs disputes n'arrive plus jusqu'à moi. La longue phrase de violon s'étire dans le soir qui vient. Par-delà la grande arche, et plus haut, on aperçoit la paix immuable et légère, dans son éternelle lumière. Un accord, qui semble infini, me prend et me porte : mes pensées se sont tues. J'observe sans y croire ce corps qui était le mien. Si je le reconnais, je n'en comprends déjà plus le fonctionnement. Les couleurs me parlent directement, je comprends qu'il ne s'agissait que d'une histoire racontée, une histoire parmi d'autres. Une histoire racontée dans une langue qui n'était pas la mienne.
jeudi 23 janvier 2020
Solitude
Plus vite démodés que ceux dont ils se moquent parce qu'aujourd'hui démodés, ils ne cessent de vilipender ceux qui font des procès au passé, sans se rendre compte qu'ils font la même chose avec leur passé, mordre les mêmes mollets et enfoncer les mêmes clous, autour du même foyer, se réchauffer pitoyablement les uns les autres : pas moins de conformisme que naguère, pas plus de courage, ni surtout d'imagination. Et c'est précisément ce manque d'imagination qui leur interdit de comprendre vers quelle absence de pensée leur foi les conduit.
La jeunesse est poncive. Elle pense comme elle ponce, à gros grains, rien ne lui résiste. Elle n'aime pas la solitude, la jeunesse. Elle ne croit qu'en nombre. À chaque événement (à chaque solitude) elle applique le poncif le plus grossier et le rabote jusqu'à la trame. Son génie est là, dans l'abrasion temporelle et ensembliste. Plus poncive que pensive, son imagination défaillante ne lui permet pas de croire qu'elle est prise elle aussi dans le grand effacement de l'histoire.
Je n'aime vraiment que la grande solitude, celle que produit la vraie musique.
mardi 21 janvier 2020
Antipathies
La question des antipathies reste l'une des plus intéressantes qui soient, je n'en démords pas, quand on s'intéresse à la vérité des êtres. Ce ne sont pas ceux qui nous attirent, qui peuvent nous renseigner sur nous, ce sont les autres.
On est très étonné (c'est un euphémisme) quand on voit avec quel indulgence (au minimum) sont reçus certains discours, ou textes, ou commentaires qu'on est par exemple conduit à lire chaque jour sur Internet. Il y a là des personnalités et des êtres qui se révèlent ni nettement, si paroxystiquement, même, qu'on est stupéfait de constater qu'ils ne provoquent aucun dégoût chez ceux avec qui ils commercent. Combien de fois n'avons-nous pas été saisis par la platitude, la médiocrité, la bassesse, la laideur, la vulgarité ou la crétinerie absolue de certains textes qui ne font réagir personne ! À chaque fois, c'est le même étonnement profond. Tout est sous leurs yeux, en pleine lumière, et ils ne voient pas. Oh, je sais ce que vous allez me répondre. Pourquoi verraient-ils ici ce qu'ils ne voient pas ailleurs ? Pourquoi entendraient-ils là alors que partout ils font la preuve de leur surdité ? Pourquoi soudain auraient-ils du goût alors que le mauvais goût est leur religion ?
« Je la vois toujours » dit Alain Finkielkraut à Eric Zemmour, en parlant de "la réalité", et l'on ne sait pas s'il est sérieux ou pas. Voir la réalité, voilà le devoir le plus exigeant et le plus désagréable qui soit. Mais la réalité, ce ne sont pas seulement les évènements et leurs conséquences, la réalité, c'est aussi le front sur lequel nous nous heurtons aux autres, et c'est leur front, qu'ils collent au nôtre en espérant nous persuader de leur réalité et de leur destin. On peut être plus ou moins sensible à cet affrontement, mais il est là, constant et universel. Dans la sympathie, il est contourné, car nous devenons un peu l'autre : nous empruntons à celui-là la part qui nous ressemble, afin de nous délester un peu de nous-mêmes. Dans l'antipathie, c'est à nous-mêmes que nous sommes confrontés, car notre propre masse impose cette vérité désagréable : notre inertie, la part dure et lourde attachée à la chaine qui nous relie à l'incompréhensible passé, opaque, sans forme ni visage. La vérité est que la réalité est cette part incompréhensible de nous qui ne peut pas céder à la vérité des autres. Pour ce qui me concerne, c'est la musique qui joue ce rôle. La musique est la contremarque ultime, la tare absolue ; c'est elle qui permet en dernière instance de mesurer les effets de la réalité sur les êtres. Cela je ne sais pas l'expliquer, mais je le constate chaque jour. La musique, c'est le passé (ce passé qui nous fonde) qui grandit démesurément dans le présent, jusqu'à le renverser, jusqu'à le rendre ridiculement secondaire. La musique, c'est le pressentiment qui dure, et qui s'installe, et qui instaure entre le corps et la durée un pacte transcendant. La musique n'est pas ce qui pourrait nous faire oublier la réalité, bien au contraire. Elle ouvre en nous un regard plus exigeant, à la fois plus précis et plus large, et qui voit plus loin, parce qu'elle met en doute la tyrannie du temps. Même la folie ne peut rien contre cette chance.
Ce crétin de Pierre Jourde : « Se servir de la littérature comme alibi n’arrange rien dans ce cas, cela aurait plutôt tendance à aggraver les choses. Je me souviens d’une émission de télévision, il y a quelques années, où Christine Angot et Gabriel Matzneff tenaient le fameux discours : "On nous en veut parce que nous sommes des écrivains." Elle l’a redit explicitement à propos de Matzneff. La pauvre Angot se rêve en écrivain maudit du XIXe siècle, elle se trompe d’époque, comme si les écrivains aujourd’hui n’étaient pas respectés, invités partout, subventionnés, résidenciés, télévisés. Un écrivain est aujourd’hui par nature un être respectable, qui jouit d’un capital symbolique considérable. On nous en veut parce que nous sommes écrivains ! C’est justement à cause de ce capital symbolique que Gabriel Matzneff a pu séduire des jeunes filles et des jeunes gens. Ça aurait été nettement plus dur s’il avait été vendeur chez Kiabi. »…
lundi 20 janvier 2020
Les Sujets
Il faut parler de ça, et de ça, et de ça (et de ça aussi)…
C'est toujours là, le ça, et dès qu'on ouvre les volets, le ça qui est là nous saute aux yeux, et nous implore : « Parle de moi, toi aussi ! » Dès qu'on allume l'ordinateur, il se met à brailler la liste des sujets du jour. On ne voit plus qu'eux.
Quelle plaie, quelle barbe, tous ces discours obligés, tous ces sujets qui nous obligent à les considérer, à nous déterminer, à parler en fonction d'eux, et, surtout, qui nous forcent à entonner l'hymne du jour en compagnie de tous. Il y a bien assez de monde dans cette chorale toujours plus nombreuse, toujours plus unanime, et pourtant nous nous croyons obligés d'y ajouter notre voix, cette voix que nous croyons singulière, alors qu'elle n'est qu'un écho morbide de la vocifération obligatoire.
vendredi 17 janvier 2020
Écrire
Beaucoup veulent écrire. Ils veulent écrire pour écrire, souvent, et, le plus souvent, pour être écrivain.
Ne parlons pas de ceux qui veulent écrire pour être connus, ou pour gagner de l'argent.
Certains veulent guérir. D'autres veulent se venger, régler des comptes, tuer. D'autres encore s'occuper, tuer le temps.
Et, certes, beaucoup de grands écrivains ont commencé par écrire pour de mauvaises raisons, de la même manière que le plus souvent, on aime pour de mauvaises raisons, au commencement.
Le seule excuse au fait d'écrire devrait être de ne pouvoir faire autrement. Avouer. Car il est impossible d'écrire en dehors de soi.
On peut composer de la musique pour divertir les autres. Ça n'a rien de répréhensible. Je ne suis pas certain qu'on puisse écrire pour les mêmes raisons. La langue s'infiltre dans tous les interstices de l'âme humaine, et s'y incruste, pour toujours — c'est même plus que cela : elle fait corps avec celui qui la reçoit, et qui ne peut plus la distinguer de lui-même.
La parole a été donnée à l'homme pour qu'il la reconnaisse en l'autre comme sienne.
mercredi 15 janvier 2020
Les bougies
Trois bises ? Mais trois bises, c'est ignoble ! Ça me dégoûte, ça me débecte, ces trois bises obligatoires, ridicules, ces léchages avortés de face exécutés avec le sourire, comme un petit ballet obscène, à chaque nouvelle rencontre ! Beurk. Et que je me penche en avant, et qu'il enlève ses lunettes, et smack smack smack, ça te colle à l'âme, ensuite, on en a des nausées de femme enceinte, qu'il faut réprimer vite fait en ôtant son manteau. Que c'est laid, bon dieu ! Alors qu'une bonne poignée de main, ou, encore mieux, un signe de tête… Et non, rien du tout, merde. On passe, on se croise, on n'est pas obligé de se reconnaître. Est-ce que je me reconnais moi-même, le matin, en me levant ? Qui suis-je, pour que vous pensiez devoir me saluer ? Qui êtes-vous, pour que je doive vous rendre votre salut ? Tournons la tête vers le mur. Obligeons-nous à ne voir personne. Ombres. Fuyantes, les ombres, percluses de rhumatisme, tordues vers la terre, comme si elles voulaient disparaître. Les nuages ne se saluent pas, quand ils se croisent, là-haut. On entend trois notes de piano. Schubert, dans un courant d'air. Schubert et un piano désaccordé. Un enfant, bouche bée, qui ne sait pas quoi dire. Il nous regarde. Sale gosse, pauvre idiot. Que fais-tu là, on ne t'a pas sonné. Disparais ! Retourne faire tes exercices, ou jouer bêtement. Il y a cette femme qui a inventé des bougies qui sentent comme son vagin. Merveilleuse idée ! Le dîner aux chandelles enfin renouvelé. Voilà comment je conçois la vie en société. Pas de bises, surtout, mais un dîner aux chandelles parfumées au vagin de celle que vous avez en face de vous. Vous avez tout le repas pour vous décider. Vous repartez le nez au vent, longeant les murs de la prison, au milieu de la nuit. Il ne croit plus du tout qu'il va mourir. Elle éteint les bougies du bout de ses doigts mouillés, le grand lit pour elle toute seule. Elle va pouvoir dormir en diagonale. Quand il a franchi le seuil de sa porte, elle a avancé le cou pour lui faire la bise, et il l'a giflée. Il marche plus vite, il accélère le pas, il fait un peu froid. Le trottoir est luisant. Sans savoir pourquoi, il pense à Alain Robbe-Grillet. Il allume une cigarette. Elle cuisine bien, c'est rare, pour une femme. Elle est dans la salle de bains, assise sur le bidet. Pensive. Elle regarde sa chatte. Elle aimerait pouvoir l'embrasser. Pas assez souple. Se lave les dents. Il est arrivé à une station de taxi, mais il n'y a pas de taxi. Tant mieux. Marchons. Paris est désert. Il fredonne un air de Schubert, très simple, dépouillé. Il imagine Schubert face à cette femme. Schubert en train de dîner en tête à tête avec cette femme et ses bougies. Elle dirait : « en bugne à bugne ». Schubert allant au piano, au dessert, pour lui jouer un air très simple, dépouillé. L'odeur entêtante des bougies sur la musique de Schubert. Schubert un peu ivre. Timide à l'extrême. Un peu ballonné, après le repas. Va-t-elle trouver qu'il a « un déficit de virilité » ? Non, car elle s'est endormie. Schubert lui fait toujours cet effet : à peine allongée, elle a sombré dans un sommeil profond, sans rêves. Il allonge encore le pas, tout en pensant : « Dès que je suis à la maison, je la bloque sur Facebook. » Et il jette sa cigarette. Il court presque, maintenant, dans la ville déserte.
mardi 14 janvier 2020
Au fond de l'amour
Si - - - Ré - - - Do - - - — Do - - - Mi - - - Ré - - - —
Lentement, c'est l'hiver, je rentre chez moi, lentement, entre chien et loup, dans des gris, pâles, foncés, clairs, diaphanes, bistrés, luisants ou mats, profonds, légers, dégradés, épaissis, évanescents, je ralentis tous mes mouvements, je respire moins vite, moins fort, j'économise mes gestes, même mon regard, j'avance, lentement, lentement, comme à travers les gris, ma vie, lentement à travers la musique de Bach, la pulsation à 32, un pas après l'autre, sans me laisser distraire par la mémoire, par la douleur, par l'espoir, mon sang ralentit dans mes veines, ça continue, je glisse au plus léger du jour et vers la nuit, sans peur, sans à-coup, sans regarder en moi, sans penser, à la surface d'un être si peu là, déjà tellement absent, loin, ça continue, lentement, la vie déjà presque effacée, comme là-bas, comme autrefois, en si mineur, la neige tombant doucement dehors, oh, Dieu, quel bonheur, quelle paix, la solitude, et ce silence légèrement teinté de Bach, ruissellement régulier des double-croches, et le chant, au milieu, qui jamais ne s'arrête, dans le froid, long voyage interminable et calme, entre les ombres, immobile entre les cœurs, entre le ciel et la terre, dans le grand abandon du soir qui vient, immense paix liquide…
vendredi 10 janvier 2020
jeudi 9 janvier 2020
Dancings
J'ai fait beaucoup de bêtises, dans ma vie, mais au moins je ne suis jamais entré dans une discothèque. En revanche, j'ai bien aimé les dancings de province, et même de campagne. J'allais volontiers chez mon ami Serge, dont le père tenait celui de Provonges, situé à un kilomètre à peine de la sortie de Rumilly.
vendredi 3 janvier 2020
Bien évidemment
« Oui, c'est très juste, ce n'est pas moi qu'il aime, c'est ce moment de l'adolescence, ce moment très éphémère, qui est amené à se terminer assez vite, une enveloppe charnelle, un corps d'adolescent, c'est ça qu'il aime chez moi, bien évidemment. »
(Vanessa Springora s'exprimait au micro de Guillaume Erner, à France-Culture, ce matin.)
Comme tout cela est intéressant ! M'est-il arrivé d'aimer quelqu'un "en soi" ? Aime-t-on jamais "en soi" ? Vanessa Springora nous dit que ce que Matzneff aime chez elle, c'est « une enveloppe charnelle », « un corps d'adolescente ». Croyons-la. Je me replonge en pensée dans mes amours passées, et je me demande si, moi aussi, j'ai aimé des enveloppes charnelles. Qu'étaient Christine, Tara, Catherine, Elisabeth, Françoise, Céline, Sarah, Brigitte, Sophie, Raphaële, Chloé, Pascale, Valérie, Anne, Lakshmi, Edwige, Ettie, sinon des corps, des corps jeunes, frais, chauds, suaves, pulpeux, mûrs, chatoyants, sonores, profonds ? Connaissez-vous quelqu'un qui soit tombé amoureux d'une fille qu'il trouvait laide, quelqu'un qui soit tombé sous le charme d'un pur esprit, d''une tête sans visage, d'un cerveau sans cœur et sans tripes ? Ça doit exister, mais moi je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui soit dans ce cas. Quand je suis tombé amoureux de Céline, elle avait « un corps d'adolescente ». J'ai été sous le charme de ce corps, oui, de la grâce si particulière qui, pour elle, n'a existé qu'à ce moment-là. Quand je suis tombé amoureux de Christine, elle avait (déjà) un corps de femme (elle avait dix ans de plus que moi). C'est aussi de son « enveloppe charnelle », que je suis tombé amoureux. (Elle aussi, sa grâce a passé…) L'ai-je aimée "en soi", "pour elle-même" ? (Qui peut affirmer une chose pareille ?) Sans doute que non, puisque je l'ai finalement quittée. On aime des dents, des cheveux, des jambes, des épaules, une bouche, des yeux, un nez, un ventre, des pieds, des fesses, un sexe, une carnation, des oreilles, une voix, des gestes, des silences, une odeur, une présence et une absence, un humour, une intelligence, des réparties, des larmes, une respiration, une manière de dormir, de marcher, de manger, un rythme, la couleur des aréoles, la plénitude des cuisses, la finesse des articulations, la sensibilité, la manière dont la douleur s'exprime, le toupet et la timidité, le courage et la pudeur, l'obscénité joyeuse, l'imagination, l'attention, un prénom, la mémoire, oui, la mémoire, sa qualité et sa consistance, la générosité, et peut-être surtout, la capacité à savoir être aimé, donner et prendre, prendre et donner. Tout cela varie fortement au cours du temps, au cours de la maturation lente mais inexorable d'un être. Les odeurs et les textures se modifient, la distance, la lumière qui éclaire le corps, la voix, la souplesse, et l'angoisse qui vient mordre les chairs et le sommeil. Rien ne dure jamais. Va-t-on s'excuser de tomber amoureux ? Car "tomber" amoureux dit bien ce que cela veut dire : il y a un moment, un instant T. Avant, après, on ne serait pas tombé. Que l'amour, et le désir, ensuite, se transforment, en bien ou en mal, c'est une autre histoire. Ça marche avec certains, pas avec d'autres. On ne pourra jamais expliquer le désir et ses ressorts, ni le circonvenir, ni l'encadrer, ni le façonner à sa guise, et c'est heureux. Le désir, c'est le mystère de l'incarnation et de la grâce. Le désir est au plus profond de nous, insaisissable, et c'est lui qui nous tient. C'est par lui que nous sommes uniques.
Ce « bien évidemment », en plus d'être très laid, est de trop. Matzneff a sans doute aimé et désiré Vanessa Springora, pour de bonnes et de mauvaises raisons, comme chaque fois qu'on aime et qu'on désire. Qu'elle ait eu, par la suite, du mal à faire quelque chose de cette rencontre, je veux bien la croire, car nous en sommes tous là. Quand une histoire d'amour est passée, elle nous devient opaque, et presque incompréhensible. Je ne suis pas de ceux qui s'en désolent. Je trouve même normal qu'il en aille ainsi. C'est la preuve qu'une histoire d'amour est par définition unique et insaisissable, insensée, comme une œuvre d'art. À chaque fois que des amis vous disent : « Je n'ai jamais compris ce que tu pouvais bien lui trouver », réjouissez-vous ! C'est le signe indiscutable que vous avez vraiment aimé, et que votre histoire d'amour était vraie — donc incompréhensible.
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