Entretien de Renaud Camus, donné au magazine hongrois Mandiner
1. Vous avez inventé la notion du Grand Remplacement. Vous assurez que ce n’est pas une théorie, mais la réalité la plus évidente de notre époque. Comment présenteriez-vous ce phénomène aux lecteurs hongrois ?
— Les lecteurs hongrois ne connaissent pas leur chance d’avoir besoin qu’on le leur présente ! Qu’ils s’en gardent comme de la peste ! C’est une horreur ! Pour les Français, les Anglais, les Suédois, même les Italiens à présent, le Grand Remplacement c’est l’expérience quotidienne, la réalité toute nue : l’immigration de masse, la submersion démographique, le changement de peuple et de civilisation, la transformation ethnique, l’islamisation, l’africanisation, le génocide par substitution. Sur un territoire donné il y avait un peuple, depuis des siècles, et tout à coup, en l’espace d’une ou deux générations, il y en un ou plusieurs autres. Le peuple indigène n’est pas éliminé, encore qu’il subisse énormément d’attentats et d’agressions de droit commun, mais il est progressivement submergé, noyé, effacé de la photographie, remplacé.
2. Vous soulignez que le Grand Remplacement n’est pas une vision complotiste. « On me reproche au contraire, en général, d’être flou sur les causes du Grand Remplacement. Et là c’est moi qui suis prudent, car j’essaie d’unir, pas de diviser » – déclarez-vous, quand même vous parlez « d’un faisceau convergent d’intérêts et d’interdits ». De quels intérêts et interdits s’agit-il ?
— De ce que j’appelle le remplacisme global, et plus récemment la davocratie, et même la davocratie directe : la gestion du parc humain par Davos, vous savez, cette station suisse où les grands financiers du monde tiennent annuellement leur congrès de Nuremberg. Le Marx du remplacisme global c’est Frederick Winslow Taylor, et son Das Kapital c’est le grand livre de Taylor, The Principles of Scientific Management. Les intérêts sont ceux de l’économie, aux deux sens du terme : une vision du monde purement économique, et, plus précisément, financière ; le désir de la dépense moindre, des économies, par le biais de l’égalisation, de la normalisation, de la standardisation, du low-cost généralisé. Cinématographiquement, le remplacisme global, c’est Les Temps Modernes + Metropolis + plus Soylent Green. Les hyper-riches, la finance hors-sol, imposent la prolétarisation générale par le truchement du mélange forcé, du broiement de la matière humaine en une pâte industrielle indifférenciée.
3. Vous mettez souvent en comparaison l’Holocauste et le remplacisme. Quels sont, selon vous, les traits communs de ces deux phénomènes ?
— L’industrialisation, principalement, le traitement de l’homme comme matière. Je n’assimile en rien les deux phénomènes, les traits spécifiques de l’Holocauste m’apparaissent distinctement ; mais d’abord je crois qu’on peut toujours tout comparer, ne serait-ce que pour mieux distinguer. On voit toujours l’Holocauste comme un crime contre les juifs, et on a bien sûr mille fois raison. Mais c’est aussi un crime contre l’homme, contre l’humanité de l’homme. J’ai un grand débat sur ce point avec mon ami Alain Finkielkraut, qui considère l’Holocauste comme un isolat, une horreur non-pareille, à laquelle il ne faut rien comparer. Je pense au contraire, de façon plus noire, que c’est l’hypercentre du mal, le cœur des ténèbres, le chapitre le plus épouvantable d’un histoire commencée bien avant lui, sans doute avec la Révolution industrielle, et qui n’est pas terminée, bien loin de là : celle de la déshumanisation de l’homme, de sa réduction à l’état de matière, cendres, abat-jour, pâte alimentaire. Les boîtes à hommes des mégapoles d’Asie et d’ailleurs, où les ouvriers paient des fortunes pour des espaces où ils ne peuvent même pas se tenir debout afin d’être près d’un travail où ils gagnent à peine de quoi payer leur loyer, sont les héritiers des châlits d’Auschwitz : ils participent de la même histoire. Il ne faut jamais oublier que les usines Ford d’Allemagne étaient étroitement voisines des camps de la mort et travaillaient en étroite symbiose avec eux. Hitler était un grand admirateur d’Henry Ford, antisémite ardent dont il avait la photographie sur son bureau, à la chancellerie. Ford est l’homme qui a le mieux mis en pratique les enseignements de Taylor. Il a eu l’idée géniale de vendre ses voitures aux ouvriers qui les fabriquaient, de faire du producteur le consommateur. Aujourd’hui le remplacisme global va plus loin, il fait du consommateur le produit : voyez les Gafa.
4. « La Hongrie et les autres pays de Visegrád sont la citadelle, le Buda de notre espérance » – avez-vous écrit dans votre réponse à ma demande d’entretien. Est-ce que l’Europe centrale serait le dernier rempart au remplacisme ?
— De l’antiremplacisme, je pense que vous voulez dire, n’est-ce pas ? De la résistance au remplacisme ? Oui, je pense que les pays du centre et de l’est de l’Europe ont été vaccinés par les horreurs de l’occupation communiste, et de ce totalitarisme-là, contre cet autre totalitarisme, ce totalitarisme qui vient, qui est déjà là en Europe de l’ouest, le remplacisme. Pour paraphraser Marx on pourrait dire qu’un spectre hante l’Europe, le remplacisme. Mais c’est en Europe occidentale et à Bruxelles que son emprise est la plus forte. Dans ces régions qu’on rattachait jadis au monde libre, une répression sourde s’abat sur les opposants au remplacisme global, qui comme moi sont chassés de partout et deviennent des morts-vivants. La liberté s’est retournée dans son lit, elle a changé de camp et de côté. Si ressurgissait le Rideau de fer, ce qu’à Dieu ne plaise, les dissidents d’Europe de l’Ouest le franchiraient au péril de leur vie pour “passer à l’Est”. J’ai de plus en plus d’amis qui me disent chercher un appartement à Budapest. Et c’est en ne plaisantant qu’à moitié que je recommande pour la France une demande d’adhésion au pacte de Visegrad.
5. En Europe, de plus en plus de voix s’élèvent contre la migration de masse, mais vos réflexions sur ce sujet se distinguent par un trait très particulier : vous les placez dans une perspective plus large. Vous pensez que le Grand Remplacement s’inscrit dans un remplacisme global qui substitue le faux au réel, la copie à l’original, aboutissant à la production de la Matière Humaine Indifférenciée (MHI) que vous nommez aussi le Nutella humain. Comment devons-nous imaginer cette MHI ?
— Le Grand Remplacement n’est pas une théorie, c’est un nom, qui vaut ce qu’il vaut, pour un phénomène énorme, incontestable et désastreux, le changement de peuple, le génocide par substitution. Le remplacisme global, lui, en revanche, est bel et bien un concept, une vision du monde. Je crois que le geste emblématique de la modernité post-industrielle est le remplacement, l’action de remplacer, le fait de substituer : le vrai par le faux, l’authentique par le simili, l’indigène par l’allogène, le naturel par le fabriqué, le coûteux par l’économique, le complexe par le simple, Venise par Venise à Las Vegas, Paris par Paris à Pékin, Versailles par EuroDisney, le monde réel par son imitation touristique, la pierre et le marbre par l’aggloméré, le bois par le plastique, la littérature par le journalisme, le journalisme par l’“info”, l’art par la science, la science par les “sciences humaines”, l’expérience de vivre par la sociologie, le chagrin par les statistiques, l’Europe par l’Afrique, la culture par le divertissement, la nature par l’artificialisation, la ville et la campagne par la banlieue universelle, la musique par la sonorisation forcée, la montagne par les remontées mécaniques, l’homme par la femme, l’homme et la femme par les robots, les mères par les mères-porteuses, la procréation par la gestation pour autrui, l’humanité par la post-humanité, l’humanisme par le transhumanisme, l’espèce humaine par la Matière Humaine Indifférenciée, oui, la MHI, l’homme-produit, le Nutella humain — une pâte industrielle douteuse fabriquée et livrée à flot continu.
6. « Hitler a commis deux génocides : 1/ des Juifs, de son vivant 2/ des blancs en rendant impossible, par le premier, toute référence à la race » – écrivez-vous. Qu’est-ce que la race signifie pour vous ?
— Le crime ou la sottise des antiracistes a été de prendre le mot race exactement dans le même petit sens minable, pseudo-scientifique, que les racistes, alors que dans la plupart des langues, et en tout cas en français il avait un sens très vaste et très complexe, chatoyant, éminemment poétique et littéraire, culturel au dernier degré, tout mêlé de civilisation, de paysages, de mythe et d’histoire. Le seul fait qu’on ait pu parler de la race française, par exemple, comme l’ont fait tous les écrivains et tous les personnages historiques français pendant des siècles, suffirait à prouver qu’on n’est pas “raciste” puisque cette “race” française, par chance, n’a que fort peu de caractère ethnique, pas plus que la race des avaricieux ou celle des peintres du dimanche. La réduction antiraciste et raciste du mot race à d’étroites définitions scientifiques, d’ailleurs très opportunistes et approximatives, a permis la proclamation du Dogme de l’Inexistence des races, l’Immaculée Conception de l’antiracisme et du remplacisme global, qui à son tour était la condition nécessaire du Grand Remplacement, de la substitution ethnique, du broyage de l’espèce au creuset de l’antiracisme. Tout ce qui travaille à l’abolition des frontières, entre les races, entre les classes, entre les sexes, entre les genres, entre les arts, entre les niveaux, entre les nuances, entre les distinctions, tout cela travaille à la MHI.
J’ai appelé Seconde Carrière d’Adolf Hitler, dans un essai de ce titre, sa carrière inversée, sa carrière de fantôme omniprésent, butoir de toutes les phrases et deus ex machina de toutes les actions, cela au prix d’un naïf renversement terme à terme. Hitler avait voulu éradiquer une race ou deux (selon sa terminologie), puisque c’est comme ça on va les faire disparaître toutes (et d’abord la blanche, tout de même, la plus rare, la plus privilégiée et la plus criminelle (suivant la nouvelle terminologie)). La Seconde Carrière est moins directement criminelle que la première, elle ne gaze personne, mais elle est de plus grande ampleur encore (et pareillement industrielle). La réplique, le remplacisme, est moins concentrée que le tremblement de terre lui-même, le nazisme, mais elle intéresse des territoires beaucoup plus vastes — cette fois trois continents sont concernés, et des centaines de millions d’hommes.
Le racisme avait fait de l’Europe un champ de ruines. L’antiracisme en fait un bidonville haineux. Le génocide moderne a fait d’immenses progrès de relations publiques. Il se soucie de son image médiatique. Il a compris qu’il devait s’opérer au nom du bien : un génocide qui ne vous vaut pas un prix Nobel de la paix est un génocide raté. Il a d’ailleurs découvert qu’il n’était même plus nécessaire pour lui de tuer. Il lui suffit de remplacer. C’est un peu plus long, mais tout aussi efficace.
7. Selon Alain Finkielkraut, le Grand Remplacement est sur toutes les lèvres. Comment jugez-vous l’impact de vos pensées sur la vie intellectuelle (et politique) française ?
— Nul. Ou bien comme un minuscule ruisseau, qui court sous le glacier et annonce sa fonte prochaine. Mais en surface et dans toute la masse glaciaire il ne se passe absolument rien. Le changement de peuple est ce-qui-ne-doit-pas-être-nommé.
8. Autrefois, vous étiez fort populaire dans les milieux progressistes, mais vos prises de position plus récentes vous ont valu l’ostracisme, l’exclusion. Nous avons récemment publié un entretien avec Alain de Benoist qui pense qu’ « il y a des époques où l’ostracisme que l’on subit représente tout simplement le prix de la liberté » . Il ajoute quand même que « ce système d’exclusion est en train de craquer de toutes parts : la banquise (idéologique), pourrait-on dire, a commencé à fondre » . A-t-il raison ? Quelle relation avez-vous actuellement avec les « milieux intellectuels » ?
— Tiens tiens, la banquise… Je vois que nous avons à peu près les mêmes images… Je n’ai aucune relation avec les milieux intellectuels, suis chassé de partout, invité nulle part, sali et calomnié de toutes les façons possibles, traîné dans la fange. Je me fais couramment traiter de tout ce qu’il y a de pire et que je suis le moins, pédophile, antisémite, négationniste. Je n’existe pas. Je suis un mort civil. Je mène la vie d’une ombre. Par chance ça me va assez bien.
9. En 2000, vos remarques sur la sur-représentation des journalistes juifs dans une émission de radio de France Culture ont suscité un scandale. De nombreux intellectuels – dont Bernard Henri-Lévy – vous ont accusé d'antisémitisme pendant que Finkielkraut ou Emmanuel Carrère ont pris votre défense. Comment vous souvenez-vous de cette affaire ? Est-ce qu’il y a une leçon que nous pouvons en tirer ?
— Cette affaire était bien pire que ce qui m’arrive aujourd’hui car elle reposait sur un malentendu complet. Justement parce que j’étais radicalement insoupçonnable d’antisémitisme (croyais-je), je me suis permis de relever qu’une émission particulière de la radio culturelle (qu’écoutent à peu près un pour cent des auditeurs…), une émission qui s’appelait le “Panorama”, et affichait donc une volonté généraliste, prenait un tour tout à fait communautaire, plus ridicule et surtout plus comique qu’autre chose. Pas de quoi fouetter un chat, vraiment, mais cette critique insignifiante a déclenché un ouragan, parce qu’elle venait d’un milieu inattendu. Bien des gens se sont rendus compte du caractère absurde de cette tempête dans un verre d’eau. Mais aujourd’hui il n’y a aucune ambiguïté. Excepté bien sûr les insultes les plus bêtes et les plus sales de mes adversaires les plus haineux, que j’évoquais ci-dessus, les reproches qui me sont faits sont parfaitement justifiés, fondés : oui, oui, oui, je suis en effet opposé de tout mon être et de toutes mes énergies à l’invasion de mon pays et de l’Europe, à leur colonisation, à la Deuxième Occupation, à la Deuxième Collaboration, au génocide par substitution. Les gens qui me reprochent ces positions ont raison : elles sont bien les miennes, je les assume à cent pour cent. Je crois par exemple l’Europe cent fois plus colonisée par l’Afrique, aujourd’hui, qu’elle ne l’a jamais colonisée elle-même : la vraie colonisation, la seule qui soit irréversible, c’est la colonisation démographique.
10. Vous avez participé aux événements du mai 1968 au sein de la composante homosexuelle. Aujourd’hui, vous considérez 1968 comme « une révolution pour rire », la date symbolique de « l’accession au pouvoir de la petite bourgeoisie, cette classe de l’imitation » . Quels souvenirs gardez-vous de ces événements et quelle est leur importance, plus exactement, dans l’évolution de la civilisation occidentale ?
— Je crois qu’ils ont marqué en effet la prise de pouvoir symbolique de la petite bourgeoisie, la classe consubstantielle au remplacisme global, la seule sous laquelle il pouvait advenir : classe de l’imitation, du simili, du low-cost généralisé, classe dont même le nom est une référence à quelque chose qu’elle n’est pas. La petite bourgeoisie, dit très justement Giorgio Agamben, est probablement la forme sous laquelle l’humanité se dirige vers sa propre disparition. Son idée de génie est d’inclure de force, au lieu d’exclure comme toutes les autres classes dominantes avant elle : de sorte qu’elle n’a pas d’extérieur, et d’ailleurs ne s’en conçoit pas, n’imagine pas une seule seconde qu’on puisse ne pas penser comme elle, voir le monde différemment, user d’un autre langage. Culturellement, tout le monde est petit-bourgeois, y compris bien sûr l’hyper-classe. Comme le dit très justement Gomez Davila, aujourd’hui, la seule différence entre les riches et les pauvres, c’est l’argent.
11. « Dante n’avait pas prévu cela : un enfer où l’on est heureux ; ou c’est d’être heureux, qui est l’enfer » – écrivez-vous à propos de « l’idéologie du sympa ». « Ouverture à l’autre, open space, prénom, tutoiement, tenue et attitudes “décontractées” de rigueur, exercices collectifs, jeux, danses, arts martiaux, spiritualités orientales et diverses, présentation des conjoints, ludification générale, infantilisation » – énumérez-vous les symptômes de cette idéologie qui détruit l’idée de la civilisation et le culte de la forme. Pourtant, vous êtes très actif sur Twitter, plate-forme importante de cette idéologie. Qu’est-ce qui vous attire dans cette forme de communication ?
— D’abord j’ai toujours eu un faible pour les littératures à contraintes. Le tweet c’est un genre littéraire, comme le haïku ou l’aphorisme. Cependant c’est un peu moins vrai depuis qu’on est passé des cent quarante aux deux cent quatre-vingts signes. Il est assez amusant de traduire en tweets la théorie du remplacisme global. J’en publie des volumes sous cette forme-là. Par exemple : Entre vivre ensemble, il faut choisir. Mais je n’irai pas jusqu’à dire que je suis attiré par Twitter. C’est plutôt que tout le reste m’est fermé. Je suis chassé de partout, je n’ai plus d’éditeurs, je dois publier et fabriquer mes livres moi-même, je passe mon temps devant les tribunaux. Il faut ruser avec le système, utiliser ses failles, faire comme au judo, se servir contre lui de ses propres forces, tout en étant bien conscient qu’elles peuvent à tout moment se retourner contre vous et vous écraser. Twitter et Facebook font partie du système, comme les juges, comme les médias “mainstream”. D’ailleurs je suis presque en permanence banni de Facebook. L’avant-dernière fois je m’y suis maintenu cinq jours, la dernière fois six, un record. Je m’en suis fait bannir pour une citation du général de Gaulle, dont je disais pourtant qu’aujourd’hui elle lui vaudrait la XVIIe Chambre (dont je suis un habitué, et qui m'a condamné).
12. « Je comprends mieux la phrase fameuse de Sartre, selon laquelle on n’a jamais été aussi libre que sous l’Occupation. Tout désespoir en politique est peut-être une sottise absolue, comme dit l’autre ; c’est aussi, et peut-être d’abord, une grande tranquillité, un lâche soulagement, un moment d’apaisement et de repos, peut-être le dernier. Après tout, faites comme il vous plaira : un grand oui s’étend sur la campagne, et sur la vie » – avez-vous écrit dans votre Journal le lendemain du deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017. Néanmoins, vous n’avez pas abandonné l’activisme : vous venez de fonder (avec Karim Ouchikh) le Conseil National de la Résistance Européenne, soutenu, parmi d’autres, par Václav Klaus. Est-ce que cette activité politique peut porter ses fruits ?
— Je n’en sais rien, je l’espère, je sais seulement que devant l’horreur qui s’apprête, la destruction des Européens d’Europe et de leur civilisation, il est impossible de ne RIEN faire, de rester là à attendre. Je crois aussi que ce combat pour une civilisation, chrétienne, juive, gréco-latine, celte, germanique, scandinave, finno-ougrienne, libre-penseuse, la civilisation de la conscience et du libre-examen, ce combat-là est nécessairement européen. Je profite de cet entretien pour lancer un appel à l’aide, d’ailleurs. La Hongrie de Viktor Orban a un rôle capital à jouer pour sauver ce qui peut l’être encore. Elle est pour nous, au centre de l’Europe, une espèce de phare dans la tempête. Nous serions infiniment heureux qu’elle soit fortement et hautement représentée dans le Conseil National de la Résistance Européenne.
13. Que pensez-vous de la présidence d’Emmanuel Macron ? (Certains arguent qu’il exécute une politique migratoire plus dure que prévu.)
— Macron est le représentant parfait, le meilleur qui soit dans le monde, de ce que j’appelle la davocratie directe : la gestion sans intermédiaire du parc humain par Davos et par la finance. L’exigence d’un tel système, c’est la neutralisation de la strate politique de l’administration de la matière humaine. Macron s’y emploie avec une efficacité sans pareille : en quelques mois il a renvoyé à leur foyers tous les ténors de la vie politique française depuis trente ans, il a composé un gouvernement d’inconnus et de seconds couteaux qui lui doivent tout, il a rempli l’Assemblée nationale de fantoches hébétés à sa solde dont certains peuvent à peine mettre deux phrases à la suite l’une de l’autre, il a fait éclater les trois grands partis qui régissaient la vie politique française depuis trente ans, il assèche tous les pouvoirs locaux en leur coupant les vivres et en les empêchant d’en trouver d’autres, il privatise à tout va au profit du monde des affaires — les hôpitaux, les trains, l’assurance sociale, même la police et les prisons. L’État disparaît, ou plutôt l’État c’est lui, Macron, et lui ce sont les banques, la finance, les Gafa, Davos, etc.
Quant à sa politique migratoire “plus dure que prévue”, c’est une mauvaise farce. Le seul fait de parler encore d’immigration, en temps de submersion ethnique, est une plaisanterie. Vouloir mettre fin à l’immigration en France, aujourd’hui, c’est comme vouloir mettre fin à l’invasion allemande en 1940 quand les Allemands étaient déjà à la frontière espagnole. Il ne faut pas “mettre fin à l’immigration”, il faut la refouler. Il faut mettre fin à la substitution ethnique, la pire des manipulations génétiques, le crime contre l’humanité du XXIe siècle. Et le seul moyen est la remigration.
14. Quel regard portez-vous sur les partis d’opposition ?
— Il n’y a pas de partis d’opposition. La seule ligne de démarcation politique sérieuse, aujourd’hui, en France et dans les divers pays d’Europe occidentale, c’est celle qui sépare les remplacistes, ceux qui promeuvent le changement de peuple ou qui s’en accommodent lâchement, et les antiremplacistes, ceux qui s’y opposent de toutes leurs forces. Ceux-là n’ont pas d’expression politique, le pouvoir y veille.
15. Vous êtes un défenseur farouche de la haute culture que le remplacisme veut remplacer par la « sous-culture ». Dans les années soixante-dix, vous étiez proche des milieux de l’avant-garde, vous avez rencontré, parmi d’autres, Andy Warhol et Robert Rauschenberg, figures emblématiques du « pop art » qui a mis en cause la distinction traditionnelle entre la haute culture et la culture de masse. Comment vous souvenez-vous de ces artistes ? Est-ce que la culture occidentale est à l'agonie ?
— Oui, et désormais officiellement. La culture est à présent mise en cause ouvertement, comme un vestige insolent du monde inégalitaire, celui dont ne peuvent pas s’accommoder les industries de la pâte humaine indifférenciée, de l’homme-Nutella.
La culture est étroitement liée à la phase bourgeoise de l’histoire des sociétés occidentales, en gros entre la fin du XVIIIe siècle et celle du XXe ; et s’il faut des dates emblématiques, nécessairement approximatives, disons 1789-1968. Hegel avait bien vu qu’elle était déjà un substitut au monde de l’art et des humanités, dont l’idéal était l’homme accompli plutôt que l’homme cultivé. La culture, c’est déjà du second degré, dans la relation avec l’art et avec la pensée. Mais en régime de Dictature de la petite bourgeoisie, si je puis citer le titre d’un de mes livres, la culture est un reproche permanent, un relief karstique du monde détruit : elle doit disparaître. Elle doit d’autant plus disparaître que, comme j’aime à le dire, jamais un peuple qui connaît ses classiques n’accepterait d’être mené sans rechigner dans les poubelles de l’histoire. L’hébétude est indispensable au génocide par substitution. D’où La Grande Déculturation (je vais finir par citer le titre de tous mes livres !), par le truchement de l’enseignement de l’oubli (l’École), de l’imbécilisation de masse (la télévision, les médias), de la drogue (dont il n’est pas indifférent que le trafic soit déjà entièrement entre les mains de l’Occupant)). Dans le même temps que l’École enseigne aux remplacés la haine de soi, et donc la soumission, elle enseigne aux remplaçants la haine de l’autre, des Français, des indigènes européens, des blancs.
16. Vous vous êtes retiré de la vie mondaine, vous habitez le château de Plieux. Comment avez-vous pris possession du château, et comment se passent vos journées là-bas ? N’y aurait-il d’autre moyen de se soustraire au règne du faux que de s’exiler dans un coin de province ?
— Oh, mais je ne suis pas du tout exilé dans un coin de province ! Comme je l’ai toujours souhaité j’habite la campagne, voilà tout, au sommet d’une colline d’où la vue porte très loin, dans toutes les directions.