Je lui dis qu'il enfreint toutes les règles de l'art contemporain, qui veulent qu'un artiste peigne à côté de sa toile, ou, au moins, au dos de celle-ci, mais il ne veut rien entendre, et il a continue à peindre dans le rectangle blanc qu'il a sous les yeux, comme un idiot, comme un demeuré. Je l'invite alors à chier sur sa toile. Il fait la sourde oreille. Je lui apporte des bocaux contenant des menstrues fraîches, qu'il pourrait avantageusement utiliser pour faire œuvre ; il les refuse. Je lui propose de vomir dans mon gobelet en plastique, afin qu'il puisse utiliser cette précieuse matière pour amorcer un autoportrait ou un chemin de croix… Le bonhomme continue imperturbablement à utiliser pinceaux et peinture à l'huile, toile et palette. Pis, il peint un paysage ! Ce ne sont pourtant pas les concepts qui manquent, lui dis-je, en désespoir de cause.
Je n'avais jamais rencontré une telle mauvaise volonté, ni éprouvé un tel mépris de la sagesse la plus élémentaire. Si au moins il était jeune, très jeune, on pourrait comprendre son goût de la provocation, et pardonner cette lubie de jeunesse… Mais le pauvre vieux doit avoir dans les soixante ans ! J'ai de la peine pour lui. Il va se mettre toute la communauté à dos, et tout ça pour une ridicule provocation !
Enfin, j'aurais au moins essayé de le faire changer d'avis, j'ai fait mon devoir, j'ai la conscience tranquille.
Je n'avais jamais rencontré une telle mauvaise volonté, ni éprouvé un tel mépris de la sagesse la plus élémentaire. Si au moins il était jeune, très jeune, on pourrait comprendre son goût de la provocation, et pardonner cette lubie de jeunesse… Mais le pauvre vieux doit avoir dans les soixante ans ! J'ai de la peine pour lui. Il va se mettre toute la communauté à dos, et tout ça pour une ridicule provocation !
Enfin, j'aurais au moins essayé de le faire changer d'avis, j'ai fait mon devoir, j'ai la conscience tranquille.