« Le titre est inspiré par une faute d'orthographe du fils de la réalisatrice en écrivant le mot "police". »
On pourrait s'arrêter là… mais je ne vais pas m'arrêter là, car j'ai rarement vu une telle saloperie, et il faut parler des saloperies.
Mais lisons d'abord le synopsis du film, qu'on trouve sur Wikipedia :
« Les policiers de la brigade de protection des mineurs (BPM) de Paris luttent contre les innombrables sévices subis par des mineurs : traque de pédophiles, appréhensions de parents soupçonnés de maltraitance, suivi d'adolescents pickpockets, fugueurs ou en dérive sexuelle, protection de mineurs sans domicile, de victimes de viol. Plongés dans cet univers éprouvant, ces policiers très impliqués et soudés tentent de préserver leur vie privée et leur santé psychique. Une jeune photographe est envoyée faire un reportage photo dans l'unité chargée des affaires de mœurs. »
Le film de Maïwenn Le Besco, dite Maïwenn tout court, est un chef-d'œuvre. 127 minutes de saloperie saturée en sucre sur pain de mie catho retourné. Il est classé dans les catégories "drame" et "policier", mais il n'est nullement question de police, dans ce film, non plus que de drame. Il y est seulement question du regard pitoyeux de la clique actorienne sur les malheurs et les malheureux, non souchiens de préférence, dont la France regorge. Les petits, les pauvres petits, les pauvres, qu'il s'agit d'écouter, de plaindre, qu'il s'agit d'ériger en victimes idéales, parfaites, intouchables, innocents chimiquement purs. À en croire Maïwenn et ses potes (car c'est un film de potes (Maïwenn ne fait que des films de potes)), les mineurs (entendez : toutes les minorités) sont par définition victimes de sévices épouvantables, viols, pédophilie, parents indignes, brutaux, sadiques, délirants, pervers, proxénètes, insignes salauds, au mieux inconscients et débiles. Il y est seulement question de ces pauvres gens qui sont à l'élite ce que le plomb est au miroir, ces pauvres gens qui s'apitoient sur eux-mêmes en train de s'apitoyer, ces pauvres gens dont le cœur ne bat que lorsqu'ils se regardent eux-mêmes se regarder dans le miroir de l'époque. Maïwenn ne fait que des films qui parlent d'elle et de ses potes : son esprit est si rétréci qu'elle n'aperçoit qu'elle et son moi gigantesque, quand elle ouvre la fenêtre de son loft.
ARTE parle de "film coup de poing". Mais Polisse (quel nom à la con !) est d'abord un coup de poing dans la gueule des Français, des policiers réels, de l'intelligence et de l'honnêteté, et, avant tout, de la bonté. Maïwenn et ses potes n'en ont évidemment rien à foutre, des flics et de leur métier, et ils ne s'intéressent pas plus aux enfants suppliciés et réduits à l'état de marchandise, qu'ils ont utilisés, comme un pâtissier utilise une pincée de levure chimique, pour faire monter sa pâte. C'est un film méchant ; bête et méchant, comme on disait du temps du professeur Choron. La bêtise de ce film, il n'est pas besoin d'en parler, tant elle éclate dans chaque plan, dans chaque répartie, dans chaque scène – et il convient d'entendre le mot "scène" dans ses deux sens : ce ne sont pas des dialogues, qui se donnent à entendre ici, ce sont les scènes de ménage que se font constamment les acteurs entre eux, dans leur petit monde, quand ils font surenchère de leur conformisme béat et de la corruption de leurs âmes de seconde main. La méchanceté, ici, consiste à tromper, à mentir, à se répandre, à prendre le malheureux spectateur pour un débile profond, à lui faire croire qu'on parle de ceci quand on parle de cela.
Tout le film est un hommage bordelier à ceux qui s'y mettent en scène avec l'hypocrisie salace de la filmeuse. Ce qu'il y a de formidable, dans les films de Maïwenn, c'est qu'elle vend la peau de l'ours avec une netteté qui en serait presque désarmante, si ces gens n'étaient si méprisables. « Ces policiers très impliqués et soudés tentent de préserver leur vie privée et leur santé psychique. » Il suffit de remplacer un vocable pour avoir le fin mot de l'histoire. Ces acteurs très impliqués et soudés tentent de préserver leur vie privée et leur santé psychique. Alors c'est l'expression corporelle et le cri primal qui leur tient lieu d'art. On voit des rats de laboratoire qui s'agitent ridiculement dans leur cage dorée. Remplaçant les policiers qu'ils sont censés montrer par les poupées sacrées qui font les gestes qu'ils supposent être ceux de gens bien, c'est-à-dire eux-mêmes, dans ce film-bonnes-œuvres – qui rappelle nos bigotes d'autrefois, celles qui, en fin de carrière, rachetaient des indulgences –, ces caniches en mal de reconnaissance se font mousser en essayant de faire croire que la morale est de leur côté, et le film tout entier n'est qu'une publicité grand format pour la mafia césarisée, les généreux, impliqués, concernés, fragiles, hors-de-leur-zone-de-confort, qui peuplent désormais les salons de la petite-bourgeoisie triomphante, là où les humeurs incestueuses des hébétés de la Culture institutionnelle se dissolvent dans la pestilence de l'anti-monde. Ça, pour faire du cinéma, ils font du cinéma !
D'autres époques avaient eu des comédiens singuliers, flamboyants, géniaux, ou tout simplement bons. La nôtre ne mérite plus que cette camarilla flasque et soumise au pouvoir, à ce pouvoir avec qui elle n'a même plus besoin de croiser le nerf, pour le servir efficacement, car ses membres ont depuis longtemps intériorisé la pose qui les consacre mutins de Panurge par la grâce de l'Écran et de la notoriété.
Il faut voir la bringuebalante Karin Viard pousser ses gueulantes, et son air de gourde, en avant de l'écran, pour jouer à la flicquette concernée-et-impliquée, il faut voir l'œsophagienne Marina Foïs sortir d'une voiture de police comme un tibia brisé traverse les chairs de la jambe, il faut voir le trombonique Joey Starr insister-pour-faire-son-travail-de-flic-jusqu'au-bout, pour savoir ce qu'est l'obscénité vraie, il faut observer toute cette clique immonde, durant deux heures (Nicolas Duvauchelle rauque et immature pégreux, larme en coin, Maïwenn lunettée et pincée comme un homard bavarois, Riccardo Scamarcio indigent et peint sur l'ongle, Karole Rocher qui a toujours l'air d'avoir son slip posé sur ses amygdales, Sandrine Kiberlain berlingot anaérobie à sec sur l'os, Frédéric Pierrot très mauvais, Jérémie Elkaïm tête à claques à la vapeur), pour éprouver l'affreux malaise d'une époque qui ne se contente pas de mentir, mais qui veut que son infecte sournoiserie s'impose comme la seule morale qui soit.
ARTE parle de "film coup de poing". Mais Polisse (quel nom à la con !) est d'abord un coup de poing dans la gueule des Français, des policiers réels, de l'intelligence et de l'honnêteté, et, avant tout, de la bonté. Maïwenn et ses potes n'en ont évidemment rien à foutre, des flics et de leur métier, et ils ne s'intéressent pas plus aux enfants suppliciés et réduits à l'état de marchandise, qu'ils ont utilisés, comme un pâtissier utilise une pincée de levure chimique, pour faire monter sa pâte. C'est un film méchant ; bête et méchant, comme on disait du temps du professeur Choron. La bêtise de ce film, il n'est pas besoin d'en parler, tant elle éclate dans chaque plan, dans chaque répartie, dans chaque scène – et il convient d'entendre le mot "scène" dans ses deux sens : ce ne sont pas des dialogues, qui se donnent à entendre ici, ce sont les scènes de ménage que se font constamment les acteurs entre eux, dans leur petit monde, quand ils font surenchère de leur conformisme béat et de la corruption de leurs âmes de seconde main. La méchanceté, ici, consiste à tromper, à mentir, à se répandre, à prendre le malheureux spectateur pour un débile profond, à lui faire croire qu'on parle de ceci quand on parle de cela.
Tout le film est un hommage bordelier à ceux qui s'y mettent en scène avec l'hypocrisie salace de la filmeuse. Ce qu'il y a de formidable, dans les films de Maïwenn, c'est qu'elle vend la peau de l'ours avec une netteté qui en serait presque désarmante, si ces gens n'étaient si méprisables. « Ces policiers très impliqués et soudés tentent de préserver leur vie privée et leur santé psychique. » Il suffit de remplacer un vocable pour avoir le fin mot de l'histoire. Ces acteurs très impliqués et soudés tentent de préserver leur vie privée et leur santé psychique. Alors c'est l'expression corporelle et le cri primal qui leur tient lieu d'art. On voit des rats de laboratoire qui s'agitent ridiculement dans leur cage dorée. Remplaçant les policiers qu'ils sont censés montrer par les poupées sacrées qui font les gestes qu'ils supposent être ceux de gens bien, c'est-à-dire eux-mêmes, dans ce film-bonnes-œuvres – qui rappelle nos bigotes d'autrefois, celles qui, en fin de carrière, rachetaient des indulgences –, ces caniches en mal de reconnaissance se font mousser en essayant de faire croire que la morale est de leur côté, et le film tout entier n'est qu'une publicité grand format pour la mafia césarisée, les généreux, impliqués, concernés, fragiles, hors-de-leur-zone-de-confort, qui peuplent désormais les salons de la petite-bourgeoisie triomphante, là où les humeurs incestueuses des hébétés de la Culture institutionnelle se dissolvent dans la pestilence de l'anti-monde. Ça, pour faire du cinéma, ils font du cinéma !
D'autres époques avaient eu des comédiens singuliers, flamboyants, géniaux, ou tout simplement bons. La nôtre ne mérite plus que cette camarilla flasque et soumise au pouvoir, à ce pouvoir avec qui elle n'a même plus besoin de croiser le nerf, pour le servir efficacement, car ses membres ont depuis longtemps intériorisé la pose qui les consacre mutins de Panurge par la grâce de l'Écran et de la notoriété.
Il faut voir la bringuebalante Karin Viard pousser ses gueulantes, et son air de gourde, en avant de l'écran, pour jouer à la flicquette concernée-et-impliquée, il faut voir l'œsophagienne Marina Foïs sortir d'une voiture de police comme un tibia brisé traverse les chairs de la jambe, il faut voir le trombonique Joey Starr insister-pour-faire-son-travail-de-flic-jusqu'au-bout, pour savoir ce qu'est l'obscénité vraie, il faut observer toute cette clique immonde, durant deux heures (Nicolas Duvauchelle rauque et immature pégreux, larme en coin, Maïwenn lunettée et pincée comme un homard bavarois, Riccardo Scamarcio indigent et peint sur l'ongle, Karole Rocher qui a toujours l'air d'avoir son slip posé sur ses amygdales, Sandrine Kiberlain berlingot anaérobie à sec sur l'os, Frédéric Pierrot très mauvais, Jérémie Elkaïm tête à claques à la vapeur), pour éprouver l'affreux malaise d'une époque qui ne se contente pas de mentir, mais qui veut que son infecte sournoiserie s'impose comme la seule morale qui soit.