On me donne une paire de mailloches. J'ai face à moi un mur de femmes ; sont-elles vingt-quatre, trente-deux, plus encore, je ne sais pas exactement. Elles sont groupées par quatre, parfois six, ou huit, sont parfois habillées, parfois en sous-vêtements, et le plus souvent souriantes, ravies d'être mon instrument. Mon solo dure une bonne heure et demie, peut-être deux heures, je me démène, je suis en très grande forme, je prends un plaisir inouï à jouer. Les parties en trémolo sont les plus agréables à administrer, par exemple en secouant les mailloches entres les seins ou entre les flancs, ou encore les glissandos sur six paires de cuisses qui résonnent comme un gamelan nacré. Je finis ma prestation en nage, je suis exténué, lessivé, mais heureux, je n'ai jamais aussi bien joué.
Ah, la belle symphonie, quand les instruments répondent au doigt et à l'œil !
Impossible de retrouver l'hôtel, et mon portable qui ne fonctionne pas à l'étranger ! J'erre dans les rues de cette ville inconnue, je suis célèbre et inconnu à la fois, euphorique, perdu, la vie est belle quand on est mort.