dimanche 4 mai 2025

Je suis moins furieux que Toscanono

 


Oublier est souvent une manière de faire comprendre à autrui que nos certitudes ont vacillé. Est-ce heureux, malheureux ? Mais justement, on a oublié la signification de ces deux mots. 

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Comme tout est horriblement difficile, y compris de savoir ce qui l'est et la raison pour laquelle on le pense, alors qu'il serait si simple de croire le contraire. 

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Il faut que je sois efficace, je n'ai pas le choix. Je n'arrive même pas à répondre à ces quelques malheureux mails en souffrance, mais aujourd'hui, tout va changer, tout doit changer, tout pourrait changer, si seulement je trouvais la porte dont rien ne la distingue du mur. Tout aurait pu changer, si seulement je n'étais pas moi ; si seulement la musique n'existait pas, qui me conforte dans la conviction douloureuse que j'ai raison de ne pas trouver d'issue à mon impuissance ; si seulement le café n'avait pas le goût qu'il a ; si seulement nous en avions, des certitudes ; si seulement je n'étais pas abruti de somnifères ; si seulement il y avait un peu de soleil et une voix aimante, dans la pièce. 

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Il aurait fallu. 

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Il faudrait changer tous les noms. Intervertir les visages. Mélanger les situations et faire confiance à la Chance. Oublier ce qui nous a conduit à être celui que nous sommes, dont on pense sans doute à tort que cela nous fonde. Ne pas regretter cet oubli, surtout. S'en tenir au troisième mouvement du concerto pour violon de Beethoven. 

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Ne pas lever une paupière à chaque malentendu, à chaque phrase écrasée ou défigurée par celle de l'autre.

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Ne pas vouloir absolument aller au bout. Renoncer sans que cela se remarque. Terminer quoi que ce soit est impossible, et les commencements sont déjà loin. 


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