Les odeurs du jardin entrent par la fenêtre ouverte. Il ne fait que quinze degrés ce matin, mais on devine que le ciel va être très bleu. J’ai éteint la lumière, on y voit juste assez pour lire. Pas un souffle de vent, la vigne est immobile, quelques oiseaux. Souvent j’avais pensé qu’à cette heure de la journée tout devenait possible, en particulier rejoindre un corps absent, le rejoindre par la lumière qui se diffuse peu à peu sur un paysage, comme le regard sur un corps aimé. Cela je l’avais vraiment pensé. Il y a tant de choses que j’ai vraiment pensées. Comment se fait-il que ce soit précisément les autres qui arrivent ? Je suis là, dans mon fauteuil, devant mon bureau sur lequel des livres, des lettres, des photos, des encriers, des boites de toutes sortes, quelques journaux, une tasse de café et deux partitions de poche sont dans un grand désordre. Nous sommes en été, cet été a été précédé d’un printemps, le premier printemps du siècle, et je ne l’oublierai jamais ce printemps.