C'est la nièce d'un académicien, historien, producteur à France Culture. Elle a une drôle de voix très nasale, traînante, provocante et naïve à la fois. Emmanuelle. C'est une amie de mon amie, elles sont ensemble aux Beaux-Arts. Elle n'est pas précisément belle, mais elle est indéniablement très "sexe". Brune, très brune, les aisselles non épilées, elle ne cache pas grand-chose de son anatomie, quand elle arrive chez moi, transpirante. C'est l'été, à Paris, il fait très chaud. J'ai préparé l'enregistrement. On boit quelque chose puisque je l'installe à mon secrétaire avec le texte sous les yeux.
C'est un texte sur la Théorie de la Musique, de Danhauser. La pause, les blanches, les noires, les soupirs, le bémol, tout y passe. Je suis à quelques centimètres d'elle et les effluves de ses aisselles me montent à la tête. On fait une pause, je lui explique ce que je désire…
Soupirs, doubles-croches, triples-croches, point-d'orgue, soupirs pointés, quarts de soupirs, Da Capo, j'ai des poils plein la bouche. Barre de reprise… La Théorie de la musique, quelle merveille !
Quand elle s'en va, trois heures plus tard, elle croise Anne, dans l'escalier. Elle a beau avoir pris une douche, elle dégage une puissante odeur de sexe. Anne la dévisage, entre chez moi, et me dit : « Beurk, comment tu peux supporter ça ? » « Supporter quoi ? » « Mais ces poils, ces aisselles poilues, mais quelle horreur ! T'es vraiment un dégénéré… »