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samedi 24 juin 2023

Partition



Il ne se passe pas un seul jour où je n'entende dire et raconter l'abolition de la sexualité (donc de la partition humaine), qui est tout de même, je me permets de le rappeler au passage, à l'origine de la vie sur Terre, au moins pour ce qui concerne l'espèce humaine. J'ai vraiment l'impression qu'on ne parle que de ça, en ce moment ! Quand je dis « on », je pense à l'actualité, aux discours, aux conversations, aux situations, aux faits divers, à la Science, et peut-être surtout aux images. Même les réseaux sociaux ne parlent que de ça. Il est difficile de ne pas penser que ce complot contre la sexualité n'est pas un complot contre la vie elle-même. Moi, je le pense. La vie est ce qu'il y a de plus menacé, aujourd'hui — la vie sous toutes ses formes. On veut la remplacer par une autre forme de vie, qui, fatalement, ne sera pas la vie, puisque hors la vie il n'y a pas de vie. De même que pour le cuir ou la viande, la contrefaçon de la vie n'est pas la vie. C'est quelque chose qui y ressemble, qui peut avoir des caractéristiques identiques, des fonctions et des usages semblables, mais ce n'est pas la chose elle-même. Le vivant est toujours mille fois plus complexe, plus savant, plus intelligent, plus puissant, que tous les artifices alternatifs. 

Le syntagme « une autre forme de vie » n'a évidemment pas le moindre sens, du moins dans l'univers qui est le nôtre. La vie est la vie. Les fous (les monstres) qui aujourd'hui ont des ailes qui leur poussent dans le cerveau sont extrêmement prétentieux, mais aussi extrêmement bêtes, malgré leur grandes capacités intellectuelles et leur grande imagination. Leur passion simple est de tout remplacer. Remplacer le bois ou le métal par le plastique n'était pas trop difficile, mais depuis, ils ont fait des progrès gigantesques, et après avoir remplacé des peuples par d'autres peuples, ils ont l'idée de remplacer la vie par autre chose. Nous en avons eu un exemple grandeur nature, à l'échelle du monde, avec la Covidiase, qui propose de remplacer ce qui est au fondement du vivant, le système immunitaire et l'homéostasie, par son équivalent chimique. L'échec sera à la mesure de leur folie, je n'ai pas de doutes là-dessus, mais au prix de combien de victimes ?

dimanche 15 mai 2022

Mensonge et Vérité - la danse !

Je connais quelqu'un qui va répétant comme un dindon à qui on a coupé la tête : « Mentir peu mais mentir bien ». Évidemment, il ment beaucoup, et mal. En réalité, il ne sait plus différencier le mensonge de la vérité. C'est un peu ce qui nous arrive.

Ils n'ont pas aimé leur mère et se croient obligés, des années après sa mort, de lui inventer des qualités imaginaires. Leur inventer des qualités n'est pas un service à rendre à ceux qu'on aime — ou à ceux qu'on n'a pas su aimer. C'est les dévaloriser, que se croire obligé d'ajouter des qualités imaginaires à leurs qualités réelles. Attribuer à tort des qualités à un mort revient à se dénigrer soi-même, car nous ne le faisons que pour nous.

Pourquoi faut-il que tout le monde ricane, lorsque je dis le plus sincèrement du monde que je manque cruellement de talent, comme si je ne disais cela que pour déclencher la réponse automatique qui me démentira ? Est-ce que tout ceux qui réagissent ainsi pensent réellement que le talent est une chose si banale que la plupart en sont dotés, eux les premiers ? Je suis toujours extrêmement étonné de cette réaction. Pour moi, cela ne va pas de soi. Avoir du talent est l'exception qui confirme la règle. Toi, tu peux me comprendre. Nous n'appartenons pas à la race de ceux qui imaginent en être dotés naturellement. (Je me rappelle avec joie ta réponse à une question que je te posais sur la danse (« non, je ne danse pas, je ne m'aime pas assez pour ça ») J'ai toujours trouvé grotesques les danseurs, ceux qui aiment se montrer dansant. Quelle insupportable pornographie !). C'est une des choses qui me séparent de certains de mes amis. Mon sentiment est que si les gens réagissent ainsi, c'est parce qu'ils craignent d'en être privés.

Il ne faudrait faire de compliments que lorsque cela s'impose, ce qui est rare. Plus on en fait, moins nos compliments ont de valeur, mais à se restreindre trop on finit par juger que personne ne les mérite, comme nous ne les méritons que rarement. Alors, par un mouvement de balancier impossible à réfréner, nous nous grisons facilement de cette fausse générosité, de cette sympathique et dispendieuse bienveillance qui, pensons-nous, sera éternellement payée de retour. Or le retour en question est un acide puissant qui nous entraîne dans une spirale d'imposture difficilement résistible. 

La danse est un stigmate d'une radicale efficacité signalétique. Comme la piscine bleue près d'une belle maison ancienne, elle suffit à décrédibiliser, à abîmer durablement la beauté d'un être. On l'aura compris, je ne parle pas là de ces danses classiques et codifiées qui portent en elles une culture et une tradition, et qui ont des liens avec les arts, je parle des trémoussements inarticulés qui contrepointent si bien l'hébétude grégaire. Il en est de la danse, en nos sociétés post-littéraires et post-historiques, comme il en va de la musique ou de la culture : le nom ancien recouvre (mal) la saleté présente — le faux ridiculise la mémoire du vocable, comme une plaie purulente dont le maladroit s'enorgueillirait. "Tu bouges donc je bouge", "pas plus que moi tu ne bougeras", semblent dire ces corps dont la seule morale est de se conformer servilement au mouvement épileptique du troupeau. Étonnez-vous, après ça, de la covidose qui a sévi depuis plus de deux ans ! Il n'y a pas de vaccin, contre le grégarisme halluciné qui met la foule en transe. Les dictatures n'ont pas besoin de dictateurs pour persécuter les individus ; il suffit de la masse massifiée ou globalisée, dont toute forme s'est absentée. Ou plutôt, ce ne sont pas les dictateurs qui font la dictature, mais le groupe qui implore le maître et la férule. Jadis, la transe était thérapeutique, elle était conduite par les magiciens et les sorciers ; aujourd'hui elle a pris le corps social tout entier, un corps sans tête, et ce n'est pas beau à voir. Les dindons se trémoussent jusqu'au délire, mais comme chacun se reconnaît dans l'autre, personne ne distingue l'éperdue dindonnerie. Celui qui ne reconnaît pas la figure du tortionnaire est un tortionnaire en puissance… Ce sont des aveugles qui imitent d'autres aveugles, ce sont des menteurs qui mentent en chœur, ce sont des corps dont les gigotements multipliés en échos brouillent la vue et l'ouïe et le sens. Vous les voyez, avec leur filtres à café sur le nez, robots stupéfiés qui errent parmi les décombres d'un monde désarticulé ? Où sont les masques, demandent-ils, tous alignés derrière leurs pseudos ! Leur chapeau mou est si gros qu'ils ont du mal à le manger. Quelle cruelle pantomime ! Quelle atroce machination ! On a le sentiment que même la guerre ne parviendrait pas à leur redonner un semblant de vérité et de dignité. Si le mensonge était un art et une exception, j'applaudirais au mensonge, mais comment se réjouir de cette imposture généralisée ? Plus on les gave de mensonges plus ils avalent comme des porcs, sans mâcher, comme si leur vie en dépendait, comme s'ils n'avaient plus que quelques instants à vivre. Le pli est pris parce que le pli était espéré. Depuis toujours, ils espéraient cette divine sanction : qu'on les débarrasse enfin du petit bout de liberté qui leur restait encore, et qui les empêchait de dormir. Ils veulent disparaitre dans la foule consentante et gentiment fascistoïde qui a pris corps depuis deux ans, ils veulent en être, ils veulent être sur la photo de classe, et au premier rang, encore. On les torture, ils applaudissent. On les humilie, la reconnaissance perle en bave à la commissure de leurs lèvres. Ils s'endorment au son des berceuses officielles, ils hoquettent de bonheur quand la schlague rougit leur épiderme, ils tachent leurs draps quand on borne leur existence, ils en redemandent quand on barre le sourire de leurs enfants. Ils ont voulu être dans le camp des intelligents, des prudents et de la Science, ils ont versé dans la secte des malins et de l'Intérêt. Quand les mots se mettent à mentir, tout devient possible — surtout le pire.

Ce n’est pas une question d’opinion. Je n’écris pas pour les convaincre. Eux (les masqués, les piqués, les QR-codés, les hypocondriaques larvés, sans gloire, les dindons trépignants de la farce, les suradaptés, les autobunkerisés, les veines-apparentes pavoisées) et moi sommes incompatibles, les corps parlent, les corps s'expriment, les corps participent, qu'on le veuille ou non. Je n'ai pas envie de m'adresser à eux, je n'ai pas envie de les raisonner, de leur expliquer en quoi ils se trompent eux-mêmes, en quoi ils sont trompés, bien sûr, ni en quoi ils sont ridicules. Ils ont aimé ce ridicule, ils ont aimé être trompés, ils ont aimé qu'on se foute d'eux, qu'on les traite comme des chiens d'incompagnie : qu'ils restent donc à la niche, avec leurs semblables, à s'observer méticuleusement comme des bêtes de laboratoire. Ils ont aimé l'euthanasie en douceur, le coma bénin, l'agonie lente et perfide, perfusée, qu'ils croupissent donc en famille dans les miasmes réchauffés de leur haleine angoissée. Ce sont des ustensiles. Ils ont perdu tous leurs attributs humains, leurs singulières aspérités, ils ont été rabotés en profondeur par les Saintes Narrations, ont versé leur sang pour défendre l'indéfendable. Qu'ils en crèvent, tudieu ! Que la Spike les morde jusqu'à l'ADN ! J'en connais même qui sont déjà estropiés et qui en redemandent. Que peut-on pour eux ?

Ce n'est pas (dieu sait !) la vertu médicale du “vaccin” qui incite les clébards 2.0 à se précipiter en masse pour se faire inoculer le brouet frelaté de Pfizer, comme d'autres avant eux se sont fait tatouer, c'est le certificat de conformité et d'obéissance qui l'accompagne et leur procure cette jouissance morne qu'on voit distinctement sur leur face blême de poissons d'élevage. 

Je fais mine de m'offusquer, mais je le savais, que ces couillons continueraient à porter le masque. Ils ont été ravis, ces blaireaux inconsistants, qu'on leur applique une muselière sur la tronche, ravis qu'on leur dise quoi faire, où, et quand, ravis qu'on leur demande de justifier le fait d'aller faire leurs courses à LIDL, ravis de se retrouver entre clébards dressés, et ravis, finalement, qu'on mette un peu d'ordre dans leur pauvre vie. La guerre se mène tout près des corps, au plus intime de la chair. À croire qu'ils ont compris, les Malfaisants, qu'il fallait aller à la racine, près de la vie et de la mort, là où discours et politique ne savent pas se tenir, n'ont plus d'efficience. Alors ils font peur, ils terrorisent, ils discréditent toutes les objections qui n'ont pas l'immortalité pour ligne d'horizon, ils s'en prennent au biologique, pour déborder la vieille morale. D'un côté la mort ou la déchéance, de l'autre l'immortalité : tu parles d'un choix ! Il n'était pas difficile de prévoir que pour beaucoup, pour la plupart, le retour à une-vie-sans-le-Covid (si tant est que cette opportunité nous soit offerte) serait vécu comme quelque chose de très difficile, voire d'insupportable. Pour la majorité de nos concitoyens, le masque, la vaccination, les foutus "gestes-barrière", et les nouvelles normes de contact social (et même privé) ont acquis une valeur positive, ces normes et ces règles sont devenues peu à peu synonymes de sécurité — d'urbanité, presque. Une nouvelle politesse sociale est née, induite par la peur et le conformisme. "Il y avait une attente", comme dirait l'autre… Le risque s'est peu à peu superposé avec les moyens de le prévenir, jusqu'à se confondre avec eux, comme le plaisir peut parfois se confondre avec la douleur. Nous entrons dans une ère sado-masochiste. Le pouvoir (qui EST le danger (et le mensonge)) se présente nécessairement comme le rempart contre le danger et le mensonge qui menacent ceux qu'il administre. Le pouvoir a dansé, le pouvoir s'est trémoussé, le pouvoir est en transe (pensez seulement à la si honnête nuit de la musique, à l'Élysée, en juin 2018, qui révélait tranquillement le pot-au-rose !) Après la fête et les gloussements fin de race des commencements sont vite venus la terreur grimaçante de la fin du quinquennat — à la Ceaușescu —, les élections-bouffes, et maintenant le chantage à la guerre, pour le nouveau départ (et la Très Longue Marche en Avant ?) et la Renaissance ! Bienvenue au pays du Nouveau Peuple !

Comme le disait très bien Anne-Sophie Chazaud, ce matin, le temps n'est plus aux indignations et aux harangues, aux alertes, au confort suranné du militantisme, non plus qu'aux oppositions partisanes dont nous avons trop l'habitude, en France. Nous sommes au cœur d'une lutte pour la survie de l'Être, et cette lutte ne peut désormais se mener qu'au cœur de catacombes bricolées qui ici et là commencent à s'édifier. Nous savions que ce temps viendrait, nous l'avions dit il y a longtemps déjà, mais nous ne savions pas qu'il viendrait si vite. Tout est nouveau, tout est vieux, tout est inversé, Mensonge et Vérité se marchent dessus, et les plus improbables accouplements intellectuels se font jour sous nos yeux. Il est très difficile d'articuler une pensée claire, et simple, car toutes les frontières et limites qui donnaient un sens et un cadre au monde que nous avons connu ont été abolies ou sont en passe de l'être. L'ermitage a des allures de palais du Facteur Cheval, et l'Université a été transformée en cour des Miracles, au cœur du bidonville global. Tous, nous sommes plongés dans un magma effroyable où tout est cul par-dessus tête. N'espérez pas vous sauver en revenant aux vieilles lois politiques. Elles aussi ont subi des mutations qui dans le meilleur de cas les rendent inopérantes et dans le pire produisent des effets inverses à ceux qui sont attendus. Le Bruit, la noise ont tout envahi. Ils n'oublient personne, ils épousent toutes les courbes du paysage mental. On le voit bien, en écoutant des sages devenir subitement aliénés ou imbéciles. Debord nous avait prévenu, il y a déjà longtemps : « Dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux. »

jeudi 3 février 2022

C'est le Covidlon !

À tous ces gens qui m'expliquent que la vaccination était impossible à éviter (pour voyager, pour travailler, pour étudier), je demande si la mort (la mort instantanée ou la mort différée) qui frappe beaucoup de ceux qui ne voulaient que travailler, étudier, voyager, est préférable à l'impossibilité de vivre normalement ?

Avec quoi ont-ils joué tranquillement, pour seulement se trouver du bon côté du corps social ? Avec la vie. — Alors qu'ils invoquaient la vie.

On peut toujours m'expliquer toutes les bonnes raisons de vouloir croire au discours des fous qui ont pour ambition de privatiser le naturel, mais ces raisons, je les connais par cœur, et ce sont des raisons de désespéré ou d'aliéné. 

Je remarque que ceux qui désormais doivent vivre avec les pathologies (très prévisibles) induites par cette injection se mettent tous à entonner très docilement (et très "spontanément") le refrain du Covidlon, comme annoncé il y a déjà longtemps. 

Celui qui est vivant après avoir joué à la roulette russe pense toujours qu'il a eu RAISON de jouer. Mais, jusqu'à présent, jouer à la roulette russe n'avait encore jamais été une obligation morale. 

lundi 1 novembre 2021

L'imagination

Je crois de plus en plus que pour voir la réalité telle qu'elle se présente à nous, il faut de l'imagination. Ce que nous sommes en train de vivre, avec la Pandémie, me semble inédit, dans l'histoire humaine. C'est la raison pour laquelle la plupart des gens ne voient pas : ce que notre cerveau n'a pas d'abord conceptualisé, ou intégré, ou vécu, nous ne le voyons tout simplement pas — ça ne peut pas exister. Le neuf n'est jamais à l'ordre du jour, pour l'humain. Sans références, sans exemples, nous sommes perdus. Pour percer la porte blindée de la vérité, cette paroi épaisse qui nous sépare (et nous protège) du réel, il faut une force que, faute de mieux, j'appelle imagination. C'est pourquoi, le plus souvent, ce sont les artistes qui voient la réalité avec un peu d'avance. 

L'imagination s'oppose à la lucidité, dans la pensée commune. Ceux qui se croient lucides valorisent volontiers leur absence d'imagination. Pourtant, sans imagination, on ne voit que ce qu'on a déjà vu. La lucidité lucide suppose une force dynamique, un mouvement.

L'important, quand on prétend voir un phénomène en train de se réaliser sous nos yeux (et tout est phénomène, dans la vie vécue), est de ne pas d'abord l'interpréter. Dès que l'on pense connaître le but d'une action, le regard se referme, et se limite à ce qui corrobore ce que nous prenons pour la finalité. Il ne faut pas avoir le fin mot avant terme. C'est un paradoxe. Car qui dit imagination dit prospection, ou prospective. En vérité il ne s'agit peut-être pas réellement d'un paradoxe, car l'imagination véritable échappe à la prospective. Elle est plus fondamentale, plus désintéressée. Elle pousse ses pions dans l'inconnu. 

L'imagination n'est encore qu'un adjuvant, sans doute. C'est elle qui porte l'intelligence, qui la soulève, qui lui permet d'aller un peu plus loin, d'ouvrir le périmètre de la pensée, mais elle ne peut se substituer à celle-là. Celui qui n'aurait que de l'imagination ne verrait pas plus que celui qui est en démuni. L'imagination vraie dont je parle est peut-être seulement une manière de garder les portes ouvertes, de retarder autant qu'il est possible le dénouement qui vient avec l'élucidation.

Peut-on vraiment penser sans avoir dès l'origine une ligne interprétative, un cadre, un système ? Cela paraît impossible, si l'on est raisonnable, mais c'est tout de même le préalable à tout vrai regard sur le monde. Neuf fois sur dix, quand on discute avec autrui, on voit immédiatement que le périmètre de son regard est extrêmement limité, fermé. La corde est étroite : il se meut à l'intérieur d'un cercle comme s'il était attaché à un piquet ; dès qu'il parvient aux limites de son domaine, on le voit grimacer, comme recevant des décharges électriques censées le maintenir dans le récit qu'il a élu pour seul possible. 

Il est important de souligner qu'il s'agit d'un double mouvement. Imagination et constat froid ne s'annulent pas, mais au contraire se renforcent. Il y a de la volonté et de la non-volonté, simultanément. Il n'y a pas de grande intelligence sans intuition, sans cette forme de raison qui nie la raison dans un mouvement dialectique, qui la dépasse, en tout cas, car la raison n'est que la raison d'une époque, d'une culture, d'une civilisation, et la raison supérieure doit toujours se débarrasser de la raison inférieure. Il y a une grande et une petite raison, comme il y a une grande et une petite science. Voir n'est pas donné à tout le monde. 

dimanche 22 août 2021

Entrée dans l'Illimité



« Faites donc ce que vous voulez – mais soyez d’abord de 
ceux qui peuvent vouloir. » (Nietzsche — Ainsi parlait Zarathoustra)


Même si des preuves indiscutables de l'inefficacité (au minimum) du vaccin étaient apportées, une bonne part de la population réclamerait son viatique avec la foi désespérée de celui qui a entrevu la sortie heureuse de la vie humaine, c'est-à-dire d'une vie limitéeIls ont entrevu la Rédemption chimique – ils ne supporteraient pas d'être déçus.

Quelqu'un, sur Internet, a fabriqué une image à la fois très drôle et très éclairante. On y voit le Saint Père lever devant lui l'hostie consacrée, sur laquelle est inscrite la marque PFIZER. Cette image est pour moi extraordinairement révélatrice, au-delà de sa drôlerie évidente. Ceux qui veulent se faire vacciner sont des croyants. Ils pensent que le vaccin les sauvera. Ils veulent faire partie de la Nouvelle Humanité, celle qui est débarrassée de ses péchés viraux. Ils veulent aller vers la Pureté. Les antivax sont les impurs, les sales, les pouilleux, les abandonnés, les déshérités. Le vacciné se vit comme un consacré, il veut croquer de l'hostie dans laquelle a été enfermé le corps glorieux de la Science libératrice, ou en tout cas son principe actif. Le vaccin est leur Sauveur. Ils sont les Positifs, nous sommes les Négatifs. Comme tous les croyants qui sont en marche vers la Vie et la Vérité, ils veulent entraîner avec eux le plus grand nombre d'infidèles,  car ce sont des évangélistes – et comme tous les évangélistes, ils ont beaucoup de mal à comprendre que des pouilleux résistent au Paradis. 

« C’est un aspect trop négligé de la propagande fasciste qu’elle ne se contentait pas de mentir, mais envisageait délibérément de transformer ses mensonges en réalité. » C'est Hannah Arendt qui parle ainsi. Je pense que c'est ce que nous sommes en train de voir. La réalité ne se pliant pas assez vite et assez docilement aux vues des Positifs, ils demandent au Vrai de descendre en eux, et de les débarrasser des Négatifs. Quand on a une telle mission, on ne s'embarrasse pas des détails de la réalité, ni des êtres qu'on broie sur son passage, en vue d'un bien supérieur. On ne fait pas d'omelette sans casser quelques œufs fragiles. Les mensonges, évidents, énormes, et constants, ne sont pas encore devenus la réalité parce qu'ils ont rencontré une opposition imprévue, mais tout reste possible, étant donnée la puissance colossale de ceux qui gèrent et veillent la Vérité Chiffrée. Tout le monde voit bien que c'est une fuite en avant, une course vers l'abîme, mais l'abîme peut être séduisant, quand il se pare des attributs de la Raison. En même temps qu'ils essaient de transformer leurs mensonges en réalité, ils tentent de transformer la réalité en mensonge. Plus rien n'est vrai. Et quand plus rien n'est vrai, il faut communier, pour ne pas finir seul. 

« C'est un acte d'amour », a dit le pape. Un acte d'amour, ou un sacrifice ? Et s'il s'agit d'un sacrifice, comme je le crois, à quoi se sacrifie-t-on, quelle est la figure de leur dieu ? Peut-on encore vouloir ? Est-il possible de survivre en dehors du fleuve sans se noyer ? Qui sont ceux qui veulent ? Les producteurs, ou bien ceux qui veulent rester humains ?