vendredi 25 mai 2018

C'est qui, le patron ? (4)



– M'man, j'peux arrêter l'école ?

– Ah non, mon Chéri, non, tu réussis tellement bien ! Regarde, tu parles comme un débile mental, tu écris comme un analphabète, tu penses comme un con, t'as un goût de chiotte et une morale de racaille ! On ne va pas s'arrêter en si bon chemin, quand-même ! Tant d'efforts doivent porter leurs fruits !

– Ouais, non, ch'sais, ça marche plutôt super-bien, mais quand-même, y a des jours où j'me d'mande c'que j'vais dev'nir plus tard, au final, tu vois… 

– J'comprends, j'comprends, mais c'qui faut bien voir, c'est ta future réussite, mon Cœur ! On ne sera pas toujours là, avec Joe, pour t'entretenir et te payer ta Tickle Kush

– Mais toi, quand t'étais jeune, tu lisais bien des livres ? Des trucs comme ça ? Chais pas…

– Oui, oui, mais c'était une autre époque. Je ne peux pas te laisser te détruire, tout de même. Tu comprends, hein ?

– Ouais, j'comprends, j'comprends. Mais franchement, y a des jours où j'ai presque envie d'apprendre un truc, tu vois ?

– Je vois très bien, Jul, mais avoue qu'ça dure pas ! C'est juste un mauvais moment, une mauvaise passe. C'est pas non plus comme si t'étais vraiment accro, j'veux dire…

– Non, non, c'est sûr. Chuis pas non plus en danger, c'est clair. Mais bon. 

– Non pi bon, c'qui faut bien voir aussi c'est qu'l'école c'est un bon moyen d'avoir des contacts, quoi. 

– Ouais, c'est clair. Déjà pour mon business… 

– Plus tard, tu remercieras l'école républicaine, fais-moi confiance. 

– T'as raison, M'man. T'es cool, tu sais, franchement j'te kiffe grave, en fait. 

– Moi aussi, mon Chou. 

– À plus, M'man. J'ai du taf, là.

– À toute, mon Jul !