Elle est de la secte Poco Adagio, Régine. Faut pas l'emmerder quand elle a ses règles. A vite fait de te balancer un de ses fameux coups de pieds derrière l'oreille que t'as pas le temps de comprendre ce qui t'arrive : 800 kilos de poussée dans le jarret, c'est un peu comme si tu te prenais un ascenseur dans les gencives. On voit les orteils d'un autre œil après ça, si tant est qu'on soit encore capable de voir quelque chose. Elle a commencé toute petite par le judo, puis le karaté, le ju-jitsu, la boxe thaï, et enfin le combat libre, où elle excelle. Elle a prénommé son fils Milon, en hommage à Milon de Crotone. Régine est sans aucun doute la fille la plus gentille qu'il m'ait été donné de rencontrer. Son surnom est "la sincérité du tendre". Tu ne me croiras pas si je te dis que quand je lui fais un massage elle pleure à chaudes larmes. Eh bien tant pis, ne me crois pas. Je sens les muscles de son dos qui roulent sous mes doigts, et j'accède à l'immortalité de la compassion. Vaut mieux pas que je te parle de ses cuisses… C'est du Bellini persillé et le petit Jésus à califourchon. Elle est pas au régime, Régine, c'est pas la peine. Tout ce qu'elle mange lui profite, comme à ceux qui se trouvent sous ses poings. Pourquoi "poco adagio" ? Parce que quand tu reçois un gnon offert par Régine, tu vois les choses un poco adagio, et même parfois allargando… En revanche, le gnon qu'elle t'a donné, tu ne le vois pas arriver, parce qu'il est parti prestissimo e stretto. Ce conflit des temporalités est source d'une certaine beauté et il me faut bien avouer que j'y suis sensible, j'ai toujours aimé la polyrythmie.
— On ne se cache plus, comme au début des années 1980, pour réclamer "la France aux Français". La mode est à la haine et la haine est à la mode. Haine de l'autre, haine de la nouveauté, haine de la générosité. La lutte contre le racisme, cause cardinale de la France dans laquelle j'ai grandi, est aujourd'hui moquée.
— Oui, oui, OK, mais moi tu vois, c'est la méthode des petits doigts arrondis.
— Comprends pas…
— Moi mon truc c'est la haine de la musique.
— Je ne vois pas le rapport…
— Mais justement ! Je le sais bien, que tu ne vois pas le rapport.
— Non mais vraiment t'es con, on peut jamais discuter sérieusement avec toi. C'est pénible, à force, cette pseudo-distanciation à la con, j'te jure.
— Allez allez, mange tes carottes râpées tranquillement ou tu vas encore avoir des gaz. "La mode est à la haine et la haine est à la mode"… C'est ton éditeur qui a trouvé ça ? C'que c'est cul !
— Tu me fais chier, tiens. Je vais au club de sport. Ciao !
— Moi mon truc c'est la haine de la musique.
— Je ne vois pas le rapport…
— Mais justement ! Je le sais bien, que tu ne vois pas le rapport.
— Non mais vraiment t'es con, on peut jamais discuter sérieusement avec toi. C'est pénible, à force, cette pseudo-distanciation à la con, j'te jure.
— Allez allez, mange tes carottes râpées tranquillement ou tu vas encore avoir des gaz. "La mode est à la haine et la haine est à la mode"… C'est ton éditeur qui a trouvé ça ? C'que c'est cul !
— Tu me fais chier, tiens. Je vais au club de sport. Ciao !