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dimanche 18 février 2024

Des souris et des hommes

Les femmes sont l'ennemi du genre humain, c'est aujourd'hui ma conviction. J'écrivais il y a quelques années un texte intitulé « Comment je suis devenu misogyne ». Ce texte est aujourd'hui complètement dépassé. Le misogyne d'il y a quelques années me paraît dorénavant d'une ringardise comique, sinon attendrissante. Le féminisme a engendré une race nouvelle qui se répand comme une traînée (de poudre) parmi tout ce qui a deux jambes, un utérus et du vernis à ongles — mais pas seulement. Hier, il y avait un seul exemplaire de cette faune dans la rue, aujourd'hui il y en a sept, ou quinze. Elles ont visiblement décidé de nous faire la peau, et si possible en passant pour des dingues avec lesquelles il ne peut exister ni cohabitation ni dialogue. Elles veulent que l'idée nous entre bien dans la tête : il n'y aura aucune tempérance, pas de compromis, pas de quartiers. Les faibles d'hier veulent toute la puissance, quitte à disparaître avec nous, broyées par les forces qu'elles auront déchaînées sans savoir qu'en faire. Elles veulent abolir l'idée même de conversation, de dualité. Elles ont déjà réussi à soumettre 98% de la population masculine, qui n'ose plus protester, de peur de passer pour ce que pourtant ils ne sont plus depuis longtemps. Elles procèdent par intimidation, comme les mafieux d'autrefois, mais voudraient être considérées comme des juges de paix à la recherche du bien et de la vérité. Elles veulent gagner sur tous les tableaux. Elles veulent pouvoir être aussi bêtes que cochon mais recevoir les égards dus au sage, elles veulent parler comme des poissonnières mais qu'on leur réponde en mesurant chaque mot avec un pied à coulisse de chez Dior, s'habiller comme des clodos mais qu'on s'extasie sur leur élégance, elles veulent pouvoir piétiner tous les usages et toutes les délicatesses du monde civilisé mais qu'on les traite comme des fleurs fragiles et précieuses, elles veulent mentir et se parjurer mais qu'on soit d'une rigueur et d'une probité d'anachorète, elles veulent n'avoir besoin de personne mais que la société entière soit ordonnée à leur main, elles veulent ne rendre de compte à personne mais que tout le monde se sente en dette vis à vis d'elles. La morale, la morale, la morale : elles n'ont que ce mot à la bouche, ça leur fait de vilaines boursouflures aux lèvres, mais tant pis, c'est plus fort qu'elles ; elles s'effondrent si on leur retire cette tumeur louche. Louche, oui, puisque leur morale n'est qu'un cache-misère piteux et d'une mauvaise foi qui frise l'obscénité — dans cette morale, il y a beaucoup de mort (ou de mors) et très peu de cette sagesse qui sied aux grandes âmes ; elle n'est que la conséquence mécanique de cette pauvreté intellectuelle qui leur interdit de voir à la fois les deux faces de la médaille ; on pourrait aussi parler de paresse mentale et de simplisme, mais ne chargeons pas trop la barque qui déjà est à moitié pourrie par le bouillon amer sur lequel elle flotte tant bien que mal. La Morale majuscule dont il est question ressemble fort à la Science avec un grand S qu'on essaie à toute force de nous faire gober par tous les orifices depuis quelques mois. Ni l'une ni l'autre ne se questionnent, il faut les avaler cul-sec et sans respirer, c'est la cuillerée d'huile de foie de morue que nos mères nous faisaient avaler en nous pinçant le nez, pour-notre-bien, ce sont les nouvelles prières laïques, ce sont les écritures saintes du Nouveau Monde, le monde enfin nettoyé de l'homme, désinfecté du Viril et du Père, et du Doute. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à du masculin s'apparente au Péché originel nouveau, qu'elles avaient négligemment jeté avant de s'apercevoir qu'il pouvait rendre encore quelques services. Leur Morale est une morale de touristes nourris aux OGM et aux antibiotiques, elle a été élaborée en laboratoire, et ses gains de fonctions feraient peur au Dr Frankenstein lui-même. De même qu'il y a des mulots et des surmulots, il y a la morale et il y a la surmorale. La surmorale est une morale obèse, qui, à force de peser, finit immanquablement par exploser sous son propre poids. 

Comme le résume en une formule merveilleuse un ami d'ami : « Les saintes volent en escadrille, aujourd'hui ». Leurs formations sont si serrées qu'il deviendra bientôt impossible d'apercevoir le firmament. Chaque jour, c'est une bonne centaines de Saintes qui sont déclarées au Bureau des Vérifications Rétroactives. Comme il est loin, le temps où il était bon de dire : « J'aime les femmes » ; et surtout de le penser ! Depuis une quinzaine d'années, le mot juste et mesuré, c'est : « connasses ». Vous êtes des connasses, Mesdames. Il faut bien que quelqu'un se dévoue pour vous le dire en face. Vous nous asphyxiez, vous nous pompez l'air, vous êtes grotesques, méchantes, ridicules, pathétiques et perverses, de cette perversion diabolique qui se réclame de la pureté. On n'aurait pas cru ça de vous, nous qui, dans le troisième tiers du XXe siècle étions vos plus fervents admirateurs et vos plus ardents défenseurs. Nous attendions d'être sauvés par vous ! Quelle déception ! Et qu'on ne vienne surtout pas me bassiner avec le sempiternel « vous généralisez », ou, pire encore : « vous essentialisez » ! Oui, je généralise, et en cela je vous imite, car c'est précisément ce qu'on voit, que vous vous précipitez toutes vers le pire — avec des nuances, bien sûr, avec des scrupules, pour certaines, mais avec un effet d'ensemble qui est à la fois saisissant et terrifiant. Votre vision de l'homme est tellement caricaturale, et, disons-le, tellement bête, que nous ne savons plus comment vous répondre. D'ailleurs, que peut-il y avoir à répondre à quelqu'un qui pense que vous n'existez pas, ou, plutôt, que vous n'avez plus aucune raison d'exister, que votre temps est passé ? L'Obsolescence de l'homme avec un petit h, nous y sommes…

Oui, la femme peut être l'avenir de l'homme (quelle formule prémonitoire !) et les femmes peuvent être l'ennemi du genre humain, ce n'est nullement contradictoire. De la même manière qu'il n'y aura bientôt plus que des Français en France, grâce au Grand Remplacement, il n'y aura bientôt plus que des femmes dans le genre humain. Les femmes vont faire disparaître l'homme aussi sûrement que le métissage généralisé aura bientôt fait disparaître les races. Est-ce ce qu'elles voulaient ? Je n'en suis pas sûr, mais qu'elles l'aient voulu ou pas ne changera pas l'issue de l'histoire. Plus encore que de faire disparaître un des termes de l'équation qui faisait que le monde est monde, qu'il est habitable, c'est l'équation elle-même qu'elles auront brisée comme un enfant gâté casse son jouet en hurlant. Elles voulaient être le centre du monde, mais le centre a gonflé comme la grenouille ; il est maintenant près d'éclater. En disant qu'il n'y aura bientôt plus que des femmes dans le genre humain, j'énonce évidemment une de ces vérités qui se détruisent elles-mêmes, puisque le genre humain a besoin pour exister du féminin et du masculin. Si la vie humaine a choisi la sexualité comme mode de reproduction, c'est qu'elle désirait l'autre, c'est qu'elle le plaçait au centre et au fondement de son Existence. C'est bien de cela qu'il s'agit : les femmes d'aujourd'hui ont décidé d'abolir la sexualité, et la Technique leur en donnera bientôt les moyens. Ceux qui se demandent pourquoi les jeunes adultes ne baisent plus me font rire ; ils ne voient que des raisons secondaires et contingentes, ils ignorent l'essentiel. La Sainteté contemporaine a trouvé dans la multiplication végétative, le clonage, et les écrans (le virtuel), une échappatoire propre et durable à la division sexuelle. Or, qu'est-ce que le Féminisme, en définitive, sinon le désir forcené et radical du Même ? En cela il rejoint parfaitement le grand mouvement d'uniformisation mondial qui est en train de saccager l'humain, de le réduire à sa plus simple inexpression. Abolition des nations, abolition de races, abolition des sexes, abolition des langues, abolition de la durée, abolition du Négatif : tout cela est un seul et même mouvement centripète. Le monde du XXIe siècle est une vieille étoile fatiguée qui s'affaisse sur elle-même. La guerre contre le Singulier et contre l'Exception (donc l'amour) est totale, les coups viennent de tous les côtés. Les quelques couples hétérosexuels qui subsistent encore sont des survivants oubliés par l'Histoire. Il ne se passera pas quinze ans avant qu'il ne soient considérés comme des déviants dont il faut se débarrasser. Plutôt le divorce que la division !

Dans le texte auquel il est fait allusion plus haut, j'expliquais que j'étais devenu misogyne à cause de l'écrit, ou plutôt, pour la raison que désormais nous rencontrons les femmes par le truchement des réseaux sociaux : la conséquence est que ce sont leurs phrases écrites (et non prononcées) qui nous les font connaître d'abord. La fonction de dévoilement de l'écrit étant bien supérieure à celle de la parole, quoi qu'en pensent les naïfs, il était fatal que la déception soit de la partie. Parmi toutes les femmes qui m'ont séduit avec facilité quand j'étais plus jeune, combien auraient passé le seuil de la première rencontre, si celle-là avait été précédée d'une correspondance épistolaire ? Le lien entre écrit et femme est vertigineux. Il faudrait revenir là-dessus… Quoiqu'il en soit, dans « rencontre », il y a « contre ». On ne peut pas rencontrer ce qui n'est pas contre nous, distinct, séparé. C'est cela, la sexualité : séparer, afin de produire du nouveau et du sens. Les phrases peuvent produire le même effet. 

En attendant, on a l'impression d'un précipité, au sens chimique du terme. Toute la beauté et toute l'amabilité du monde se dirigent comme un seul homme vers le fond du sablier, et l'accélération est visible à l'œil nu. Toute la richesse, toute la (vraie) diversité se précipitent vers la bonde, comme si elles fuyaient quelque chose de terrible. Peut-être ont-elles aperçu une femme ?

dimanche 25 septembre 2022

Le Grand Divorce

Il n'y a peut-être pas de rapport entre les deux choses, mais en ce jour anniversaire de la naissance de Glenn Gould, le 25 septembre 1932, à Toronto, je crois qu'il est grand temps d'annoncer le divorce définitif entre deux des races humaines qui peuplent la Terre. Il me semble patent, depuis une dizaine ou une quinzaine d'années, que les hommes et les femmes ont cessé de s'entendre, et de le désirer. Les seuls rapports qu'ils continuent d'entretenir se tiennent principalement dans les prétoires ou les caves humides des territoires occupés. Il ne se passe pas un seul jour sans qu'une femme fasse un procès à un homme, sans qu'elle ne cherche à le détruire, au moins symboliquement, à le déchirer à belles dents, à le réduire en bouillie, à le piétiner ou à l'humilier. Je ne pense pas que les femelles humaines soient les seules responsables de cet état de fait, mais force est de constater qu'elles sont pour l'instant à l'avant-garde du combat qui prétend abolir la barrière des sexes. Il ne se passe pas un seul jour où je n'entende dire et raconter l'abolition de la sexualité (donc de la partition humaine), qui est tout de même, je me permets de le rappeler au passage, à l'origine de la vie sur Terre, au moins pour ce qui concerne l'espèce humaine. Mais qu'elles commencent par l'homme ne doit pas nous aveugler ; le terme de ce processus est l'abolition de toutes les différences, et de toute singularité : race, nationalité, culture, sexe, toutes les catégories vont y passer, les unes après les autres. Le but ultime est la création d'une nouvelle humanité indifférenciée et homogène, globale, sans altérité, la fameuse MHI de Renaud Camus. Ne nous étonnons donc pas qu'en conséquence l'amour soit devenu aussi impraticable et dangereux que le serait le saut à l'élastique sans élastique. 

En ce qui concerne la partition que jouent les hommes et les femmes dans notre monde depuis les temps immémoriaux, nous sommes passés du contrepoint (ou de l'harmonie, dans le meilleur des cas) à la cacophonie et à la guerre sans merci. La musique qui se joue entre les sexes n'est plus de Mozart ou de Debussy mais de Charles Ives ou de Lachenmann. La déchirure semble impossible à réparer, la faille impossible à combler, c'est la dérive des incontinents, l'adieu au langage des corps et des humeurs. D'ailleurs les jeunes générations ne s'y trompent pas, qui n'ont avec la sexualité qu'un rapport très lâche, presque inexistant. Ne vous étonnez pas que la pornographie ait acquis cette puissance et cette emprise sans précédent : elle ne fait que prendre la place laissée vacante. Tout se passe désormais derrière l'écran, ou au laboratoire, et le jour n'est plus très loin où les grossesses seront exclusivement provoquées par des inséminations artificielles, externalisées grâce à l'utérus postiche qui pointe déjà son gros nez de cauchemar.

Je note un paradoxe très parlant, à propos du viol. D'un côté, tout est considéré comme viol, aujourd'hui, le moindre attouchement, le moindre geste déplacé (bientôt la moindre parole inélégante) peuvent être considérés comme tels, et d'un autre côté, les vrais viols, les viols brutaux, les viols qui font mal, qui blessent, qui détruisent, et parfois tuent, sont, eux, considérés comme des délits mineurs, et leurs auteurs sortent le plus souvent du tribunal en ricanant, après avoir reçu une tape sur les doigts. Le viol, encore un mot qui s'est mis à puer le mensonge. 

Les hommes qui ne sont pas poursuivis par une femme qui les accuse de viol, ou d'une quelconque brutalité, ou bassesse, ou violence (comme disent toutes celles qui se succèdent au tribunal ou sur les plateaux de télévision), ou qui les empêche d'écrire ou de créer, se comptent sur les doigts d'une main, et chaque jour qui passe sans une lettre d'huissier nous étonne autant que si nous étions arrivés à quatre-vingts ans sans un seul chagrin. Il sera bientôt aussi étrange et saugrenu, pour un homme, de ne pas être poursuivi par une de ces gorgones échevelées, qui déshonorent l'hystérie, que de ne pas l'être par une association antiraciste ou de ne pas être accusé de complotisme. Ceux qui passent à travers les mailles du filet sont presque automatiquement suspects. Ils n'appartiennent pas tout à fait à ce monde. Il faut les surveiller de près. Ce sont les fichés S (comme sexe) de demain. 

Les femmes sont en train de se transformer en gorgones. La voix, l'allure, la figure, le démarche, les goûts, tout semble concourir à les transformer en une nouvelle espèce qui (me) fait peur. De l'autre côté, les hommes se féminisent à vue d'œil et de nez, sauf ceux dont il ne faut pas parler, bien entendu. L'autre jour, c'est une gifle qui a défrayé la chronique. Une gifle ! Une gifle donnée par un homme à sa femme. Il est devenu impossible de dire que ce n'est pas si grave que ça. Bien sûr, je n'affirme pas que gifler sa femme est quelque chose de “bien”, mais enfin je trouve parfaitement ridicule qu'un homme qui s'est ainsi conduit se sente obligé (par exemple) de venir présenter des excuses publiques, ou de démissionner de ses mandats civiques, comme c'est le cas ici. Là encore, comme pour ce qui est du viol, on mélange tout, et tout est cul par-dessus tête. Ceux qui brutalisent les femmes, ceux qui leur font vraiment du mal sont, dans la plupart des cas, renvoyés gentiment à leur condition de victimes éternelles, mais ceux qui, dans un moment de fureur incontrôlable, leur donnent une gifle, sont conduits en place de grève afin d'expier leur condition de bourreaux éternels. J'ai reçu une gifle (violente) d'une femme, il y a une dizaine d'années. Je ne lui en ai jamais voulu. (Faut-il préciser que je ne légitime absolument pas la violence dans le couple (ni ailleurs) ? Oui, il le faut sans doute, puisque personne ne comprend plus rien, et puisque toutes les paroles sont aujourd'hui utilisables contre ceux qui ne font qu'exprimer ce qui était évident il y encore trente ans, et qui s'appelait encore le sens commun.) La décence n'est pas du côté de ceux qui s'en réclament à grands cris aujourd'hui (il n'est pour s'en persuader que de voir ce qu'un réseau social tel que Facebook appelle “décence”). La décence bien comprise, c'est d'abord de ne pas tout mélanger et de savoir garder un œil sur l'échelle des torts et sa gradation : tout ne se vaut pas. Les méfaits ne sont pas tous des crimes, mais les crimes, eux, doivent pouvoir être punis à raison de leur gravité. 

Si les hommes sont coupables par nature, comme autrefois les femmes l'étaient d'être privées d'âme, il faut le dire tout de suite, et supprimer la moitié de l'humanité, ce qui devrait conduire à la naissance d'un monde enfin parfait. Mais peut-être est-ce déjà le Projet de ceux qui aiment à extirper le Négatif de toutes les ornières où il se terre sournoisement ? Il y a des jours où cela nous semble plausible. L'homme serait en quelque sorte la version charnelle et macroscopique du Virus dont on nous somme de nous protéger, et la femme l'organisme sain et stérile en lutte contre le Mal et les microbes. 

Vite ! Un vaccin !