Il est six heures du matin. Depuis quelques semaines, une tente grise est plantée dans la rue, à l'angle du square déserté par les enfants depuis longtemps. Nous sommes à Nanterre, où les nuits arpentées de cris sauvages qui scandent le demi-sommeil d'habitants presque résignés, n'existent que par intermittence. D'ordinaire vers cinq heures du matin, après avoir hurlé et s'être battus toute la nuit, ils dorment ou en tout cas, ils se taisent. Mais grâce à cette tente, bénéficiant d'une autorisation spéciale de la Mairie, il n'y a plus d'aube non plus, car ils sont là, au pied de la tente, assis sur des chaises, à vociférer comme des bêtes dans une langue étrangère, débattant de je ne sais quel sujet dès les premières heures du jour. Par moment ils se lèvent, menaçants, furieux, prêt à bondir sur l'un d'entre eux, puis un autre calme en criant celui qui s'agite trop, et ça recommence…
Le commissariat, qui reçoit de plus en plus d'appels concernant le tapage qu'entraîne ce nouveau "refuge pour jeunes", invite vivement les habitants à écrire à la Mairie.