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vendredi 9 août 2024

Onfray répond : « Faux ! »

 

Dans la boîte à livres du marché, j'ai trouvé Le Crépuscule d'une idole (2010), de cet imbécile de Michel Onfray. J'ai un peu honte d'avoir rapporté ça à la maison, mais au moins ne m'aura-t-il rien coûté.

Six cents très sales pages de celui qui en 1996 traitait Benoît Duteurtre de Nazi, sur ma table, c'est tout de même un paradoxe assez jubilatoire.

Il faut citer l'admirable quatrième de couverture de ce gros benêt confit qui depuis trente ans croit coiffer la scène intellectuelle française de ses ailes de gênant.

« Le freudisme et la psychanalyse reposent sur une affabulation de haute volée appuyée sur une série de légendes. Freud était un scientifque. Il a élaboré sa théorie à partir de sa pratique clinique, il a guéri des patients, il a libéré la sexualité. À toutes ces affrmations, Michel Onfray répond : “Faux” ! [Je répète : À toutes ces affrmations, Michel Onfray répond : “Faux” !]

Chamane viennois, guérisseur extrêmement coûteux et sorcier post-moderne, Freud recourt à une pensée magique dans laquelle son verbe fait la loi. [il faudrait tout répéter deux fois tellement c'est beau !]

Ce livre se propose de penser la psychanalyse de la même façon que le Traité d'athéologie a considéré les trois monothéismes : comme autant d'occasions d'hallucinations collectives. Voilà pourquoi il est dédié à Diogène de Sinope... »

Tout Onfray est dans ce « Michel Onfray répond : Faux ! » Il faut imaginer Onfray avec une casquette de contrôleur et une machine à tamponner : Vrai ou Faux. Onfray-dit-vrai dirait vrai-ou-faux. L'Extra-Onfray-Lucide considère (les trois monothéismes, la psychanalyse, l'œnologie, le moteur à deux temps, la pêche à la mouche) et délivre sa Tamponnade : ça fait un livre. Le sorcier post-moderne, c'est lui, bien sûr, et pas du tout Freud. Sorcier ès-Vérités, Docteur en Doctance. Onfray-a-tout-lu, c'est le postulat qui lui permet de fermer le bec aux pauvres débiles qui croient, aux croyants hallucinés de l'ancien monde forcément cocaïné et délirant. «Il analyse les cinq psychanalyses et avance qu'elles ne sont résolues pour Freud qu'à travers des tours de passe-passe (si le problème est oublié, il est refoulé) ou en assumant que le patient ne sera jamais guéri (Sergueï Pankejeff). Il théorise le succès de la psychanalyse par l'affaiblissement de l'église que refoulent les pulsions, par la société totalitaire de la psychanalyse, par le nihilisme du XXe siècle et par la médiatisation du freudo-marxisme après Mai 68 avec Wilhelm Reich et Herbert Marcuse. »

L'éditeur Grasset avance le chiffre de 150 000 exemplaires vendus dont 100 000 les deux premières semaines. Cet essai est lors de sa publication, “en tête des ventes des essais”. Tu m'étonnes ! Grasset se paie grassement sur le dos de la bête. Le déboulonnage fait toujours recette.

Freud n'était pas un-homme-de-gauche ? C'est ça, qu'Onfray démontre, c'est ça qui fait réagir tout le monde, les pour et les contre ? Mes pauvres chéris... Comme vous êtes tristes. Antisémite ? Pas antisémite ? Un peu, beaucoup, pas le moins du monde ? Ces éternels débats de crevards qui n'ont rien d'autre à dire, qui n'imaginent pas qu'on puisse parler d'autre chose, au moins de temps en temps... C'est progressistes contre progressistes. On devrait en rire, de leurs bisbilles clownesques, mais chacun joue son rôle avec un sérieux de pape. Entre Roudinesco et Onfray, on est vraiment obligé de choisir ? Joker !

Ce qu'Onfray ne connaît pas, ne comprend pas, ce qu'Onfray ne peut-pas-comprendre, voir, imaginer, c'est « de la pensée magique ». Il faudrait le vacciner encore un peu plus, à mon avis. Il n'a pas eu sa dose, le gros tracteur Massey Ferguson aux lunettes rectangulaires qui débat très-calmement avec tout le monde et qui-nous-fait-savoir que Sigmund affabule. C'est une contre- histoire de Michel Onfray, qu'il faudrait faire. Je laisse ça à plus savants que moi, mais je suis certain que viendra le jour où un courageux (ou un inconscient, mais c'est souvent la même chose) dégonflera pour de bon cette baudruche qui n'existe qu'en déboulonnant ce qui le dépasse et le dépassera toujours. En tout cas, contrairement à ce qu'il reproche à Freud, ce n'est pas son verbe qui fera la loi, jamais, sauf auprès de demeurés qui se laissent facilement impressionner par les culs-de-plomb.

L'hallucination collective, c'en est un spécialiste, Onfray. J'ai écouté ses séminaires (son « université ») durant plus de dix ans, à la radio, tous les étés. Ses inférences malhonnêtes passaient comme lettres à la poste, semble-t-il. Un jour, ça s'est arrêté, et je me suis demandé pourquoi j'avais passé autant de temps à écouter ça. Peut-être que j'étais moi aussi sous le charme ambigu de ce conteur qui se fait passer pour un scientifque (et même un écrivain !), ou bien j'avais rien de mieux à foutre. J'ai remplacé ça avec un énorme profit par le trio de Bill Evans. Ouf. Les idoles passent. Il n'y a même pas toujours besoin de les déboulonner.

mercredi 12 avril 2017

Cité Martignac



J'étais chez une vieille amie, psychanalyste de son état, en compagnie d'une femme que j'ai connue et aimée il y a de très nombreuses années. Il y avait là un piano très étrange qui me faisait très envie, et je devais jouer sur ce piano une pièce de Messiaen que je ne connaissais pas du tout. Je décidais donc d'improviser dans le style de Messiaen mais le mari de mon amie surgit dans mon dos et je m'avisai alors que la partition était sur le pupitre et qu'il allait s'apercevoir de la supercherie puisqu'il savait lire la musique, ce qui m'a fait comprendre que la femme que j'aimais était amoureuse du mari de mon amie. Heureusement c'est le moment que choisirent les deux filles de mon amie, très grandes et magnifiques, pour commencer à chanter un duo de Moussorgski, entièrement nues, ce qui fit diversion. Pendant ce temps, devant mon piano, j'étais bien embêté car il n'y avait plus de liquide vaisselle.

Le mari jouait de la trompette. Les filles sont des nymphes. Les touches du piano ne s'enfonçaient pas. Je fabriquais un objet ("artistique"), dans cet appartement tout en enfilade, mais quoi, quel objet ?

J'ai encore dans l'oreille la voix très haut perchée de la cadette, qui téléphonait à son amoureux : « Je n'aime que toi ! »

Le capitaine Haddock et son Fly-Tox : « Celui-là est vraiment très gros ! » (c'est un hélicoptère).

Chants d'oiseaux, accords de quarte-et-sixte. AMEN. Des nymphes, les lèvres du sexe de I, a capella. 

Freud se penche vers moi et me fait un bisou dans le cou. Sa barbe me chatouille, je pousse un cri. Existe-t-une œuvre de Moussorgski pour trompette ?, me demande le Docteur. Je n'en sais rien, que je lui réponds, c'est vous le spécialiste. Et je m'envole en évitant les fils électriques.