samedi 27 juillet 2024

Un samedi matin

 

Il aurait fallu me payer très cher pour que je regarde cette chose. Et plus encore pour que je la commente. 

Il va sans doute falloir subir durant des jours et des jours les échos, les critiques, les admirations, les discours et contre-discours, les interprétations, les analyses et les gueules enfarinées ou goguenardes des joueurs du Tambour médiatique habituels, tout le cinéma ordinaire qui accompagne toujours ce qu'ils nomment en bavant des “événements”, toute l'épilepsie sociale qui rythme inéluctablement le vide massif qui règne désormais sur ce qui fut jadis une Cité. 

Je n'ai besoin de personne pour imaginer. Je sais, je savais déjà ce que cette fête serait, bien avant qu'elle ne commence à produire son boucan infâme. Les images, nous les avons tous en tête depuis des mois, depuis des années. Toutes les manifestations (manifestation de quoi ?) de l'ère moderne produisent le même boucan, utilisent les mêmes musiques, les mêmes images, le même imaginaire, jouent sur les mêmes ressorts dramatiques, la festivité est festivité-en-soi, quel que soit le prétexte qui semble la faire surgir du néant. La nullité et l'arrogance ont été portées à leur paroxysme, diront certains ? Comme s'il pouvait en être autrement… Elle n'a pas d'autre but qu'elle-même et ne pourra donc jamais nous surprendre. 

De cette nuit, je retiendrai qu'il pleuvait à Paris et qu'il faisait très chaud dans ma chambre. J'ai lu une nouvelle de Salinger. Mon dîner se composait d'une salade composée délicieuse. J'ai écouté des Lieder d'Alma Mahler. J'ai imaginé la peine et le délire de Kokoschka, et les souffrances de Manon. Le néflier est resté digne et silencieux toute la nuit. Entre Paris et mon jardin, une éternité…