J'en suis désolé, c'est peut-être très mal, mais je n'ai pas envie de passer mes journées à me disputer avec des gens au sujet du Grand Remplacement. C'est sans doute un réflexe très égoïste, mais quand j'entends l'Andante con moto tranquillo du premier trio en ré mineur de Mendelssohn, j'ai la certitude que c'est folie. C'est là, c'est en cette musique, que se trouve la vérité de ma vie, pas dans des batailles idéologiques, fussent-elles essentielles, et même vitales. En avouant cela, je ne fais qu'aggraver le soupçon qui déjà pèse sur moi et ceux de ma génération. « Ils s'en foutent ! Ce sont des après-moi-le-délugistes. » Oui, je suis bien obligé d'en convenir. Rien ne compte plus que cela. Heifetz, Rubinstein, Piatigorsky… Un jardin silencieux, du soleil, un dimanche après-midi, et la solitude bienfaisante. Un violon, un violoncelle et un piano. Ré-Do-Si-La-Sol-Fa… Peu de notes. Les bonnes. Peu de cordes, les bonnes. Sont-ce les dernières heures de bonheur ?