On est heureux, finalement. On est heureux quand on a bu un verre de vin, quand on ne parle pas de Paris, quand on a renoncé à appeler le propriétaire dont le téléphone est occupé, quand le camembert est bon, quand on lit un peu, et surtout quand on laisse dire. Il faut laisser dire, surtout. Disez, disez, disez ! Faites comme si on n'était pas là. Affirmez, synthétiser, tranchez, complotez, dérivez, anamorphosez, extrapolez, ne vous gênez surtout pas, nous laissons dire, nous lisons, nous écoutons, ravis. On passe. On repasse. Sans se faire repérer. Cohen ? Séfarade vulgaire, pas de chez nous, hop ! Oui, encore s'il-vous-paît ! Nathalie Sarraute, et pourquoi pas ? Comment s'appelle votre chat ? Mettons les épluchures dans le journal. Communiqué numéro 352737. Le Machin n'est pas content du tout ! S'offusque ! N'est pas heureux. Du mou, donnez-nous notre mou de ce jour, Cher Albert ! Nous avons affaire à des spécialistes. Des pas creux du genou. Ah, la Toussaint, mes aïeux, et votre chaudière, elle est en état de marche ? J'étais à la cuisine… Et là, précisément là, je me dis : « T'es heureux comme un vrai couillon ! » C'est pas tous les jours. La folie en tête et le cœur béni.
Mais souvent, quand-même.