France-Cuculture ne se repose jamais sur ses lauriers ! Tout juste avait-elle terminé de nous pomper l'air avec Moustaki qu'elle s'attaque à Barbara, qui, dans l'ordre du mauvais goût, surclasse le Grec avec une grandiose tranquillité. Barbara et sa modulation à la seconde mineure, ou majeure, cette atroce manie qui la signale à des kilomètres. Dès que j'entends ce type de modulation, c'est plus fort que moi, je cours me laver les dents. C'est comme un tic de mauvais écrivain qui croit par là avoir du style. Il y a des tics qu'on se voit faire, et ce sont les pires, mais qu'on ne peut s'empêcher de faire. (Quand je suis en voiture, après quelques kilomètres, je vérifie que le frein à main n'est pas mis, alors que je sais parfaitement qu'il ne l'est pas, et, ce faisant, je revois mon frère aîné en train d'exécuter ces mêmes gestes, et nous de nous moquer de lui…) Mais tout, chez Barbara, est de mauvais goût. Sa voix, son timbre et sa technique, ses paroles, ses musiques, ses mélodies ampoulées et faussement ingénues, sa manière d'entrer en scène, son maquillage, sa "poétique", et ses spectateurs énamourés et séniles. À tout prendre, je préfère, et de loin, le public de Claude François. Le Grec, je crois, ne se prend pas vraiment pour un poète, alors que "la femme en noir"… Brassens était sympathique, Brel aussi, Ferré était intéressant, quant à Trenet, on a déjà eu l'occasion de dire que c'est un génie de la chanson comme il y en a un ou deux par siècle. Mais cette espèce de sirop pour la toux pour mèmères asthmatiques et pâmées et leurs fils traînent-la-patte, alors ça c'est le bouquet. M'étonne pas que Mitterrand l'ait adorée, ce navet spongieux trempé dans une décoction de rimes riches. M'étonne pas que Prévert ait écrit un poème qui porte son nom, qu'on avait étudié en quatrième au lycée et qui nous servait surtout à draguer les filles sans faire le moindre effort d'imagination.
Barbara, avec sa gueule de mes tics, est pour moi ce qui se fait de pire dans le domaine inépuisable du toc français pompier et m'as-tu-vu, et je crois bien qu'elle approche de très près les quatre garçons dans le vent, sans toutefois parvenir à les détrôner de leur inaltérable piédestal de pompeux pseudo-en-croûte. Heureusement que nous ne sommes pas anglais !
Wikipedia est intraitable, quand il s'agit de savoir en une phrase tout ce qu'il y a à comprendre d'un "artiste" : « Sa poésie engagée, la beauté mélodique de ses compositions et la profondeur de l’émotion que dégageait sa voix lui assurèrent un public qui la suivit pendant quarante ans. » J'crois qu'c'est clair ! comme dirait l'autre…