Demain, l'art sera libre et généreux ! C'est France-Cul qui le dit. Jusqu'à présent, bien sûr, l'art était prisonnier et radin, replié sur son petit derrière sale et étriqué d'art conservateur, peureux, compassé, frileux, agressif comme un vieux chien malade, et puant son hétéromanie ringarde. Auparavant, l'art était colonial, collabo, consanguin, égoïste et aristo, et bien sûr, honte sur lui, élitiste ! Autrefois, l'art était fasciste, nazi, enfin, quoi, merde, de droite !
Heureusement, ces temps-là sont révolus. Depuis un certain Lang, Jack Lang, depuis un certain Mao, qui allait leur salir un peu les mains, à ces artistes qui ne savaient même pas faucher ni faire pousser du riz, sont venus tous ceux qui ont voulu faire prendre l'air à ces momies prétentieuses et coupées-des-vrais-gens, les sortir de leurs tours d'ivoire, les confronter aux réalités réelles du social, du terrain, des valeurs et de la rébellion programmée, en un mot en faire des citoyens responsables, solidaires et durables payant leurs impôts avec la gratitude émue de qui sait ce qu'il doit à son État et à sa RIVP*. Des routes, des hôpitaux et des œuvres citoyennes à chaque rond-point, voilà la feuille de route punaisée en lieu et place des pin-up impérialistes blondes aux gros nichons qui trottaient dans les vieux cerveaux malades des artistes de jadis.
L'art, c'est comme le mariage, c'est comme le savoir, c'est comme la beauté, c'est pour tous ou pour personne ! Les Nouveaux Artistes ont parfaitement assimilé la leçon, on les voit tous les jours la réciter en y mettant le ton, et si certains persistent à ne pas vouloir comprendre, des tuteurs citoyens et responsables se chargeront de leur faire un peu de pédagogie appliquée en leur coupant les vivres, en photoshopant toutes les photos où ils apparaissaient et en les dénonçant aux comités des bonnes valeurs associées, subventionnées par l'État, qui fleurissent un peu partout : les Assoces.
Il est très divertissant d'entendre les Nouveaux Artistes railler par exemple le Réalisme Socialiste ou l'art pompier d'antan, alors que leurs réalisations dépassent de très loin tout ce qui a pu se faire dans ce domaine. Mais on ne mord pas la main qui vous nourrit, surtout quand cette main est libre et généreuse.
(*) Régie Immobilière de la Ville de Paris