Tout bien réfléchi, la bêtise est la chose la plus précieuse au monde. Voilà à quelle conclusion j’en arrive ce matin, après 69 années d’incertitude(s), de tâtonnements, d’angoisse, et avec un degré de certitude avoisinant les 95%, ce qui est loin d’être négligeable. Je ne connais nul territoire plus riche, plus surprenant, et finalement plus instructif que la bêtise. L’intelligence et la connaissance, à côté, c’est du pipi de chat, croyez-moi !
Où voulais-je en venir, moi ? Ah oui, je voulais parler de morale. X me dit : « Vous, les mecs, vous pensez avec votre bite. » Mais séparer un homme de sa bite, c’est très dangereux ! Ça finit mal, en général. Vous me direz que depuis quelques années, certains y parviennent avec l’aide de chirurgiens sans foi ni loi, certes, comme ils semblent parvenir à séparer le genre du sexe (là aussi ça finira mal). En ce qui me concerne, je n’ai aucune envie de penser sans mon sexe. Je considère même qu’il s’agit d’une faute morale.
Pourquoi parler de morale, en 2025 ? La chose paraît au minimum imprudente, ou complètement conne, je suis d’accord. Parler de bêtise, en revanche, peut sembler intelligent — mais c’est une illusion ! Tout le monde parle de bêtise, ce qui suffit à rendre la chose suspecte. Posons la question à Grok : « La bêtise, en français, désigne un manque d'intelligence, de jugement ou de bon sens, souvent manifesté par des comportements ou des paroles absurdes, irréfléchies ou inappropriées. » Donc, l’Intelligence artificielle nous explique bêtement ce qu’est la Bêtise, ce qui, bien entendu est de notre faute (question mal posée). Mais essayons encore : « Très belle question ! » me répond ChatGPT. Et de développer, citant Descartes, Flaubert, Nietzsche, Deleuze, Clément Rosset, qu’elle pourrait être un refus tragique du Réel ET/OU une incapacité à créer, qu’elle rapproche de la platitude. Ce qui me paraît refus tragique du Réel, moi, c’est de croire que la Bêtise est bête. La singularité et l’inattendu sont plus du côté de la Bêtise que de celui de l’Intelligence, qui a vite tendance à s’installer bourgeoisement dans ses meubles. La meilleure preuve est qu’il est plus facile d’avoir raison face à quelqu’un d’intelligent que face à un imbécile.
Je suis persuadé que l’IA réglera son compte à l’intelligence, mais jamais à la bêtise. La morale de cette histoire est-elle que la Bêtise est intelligente et que l’Intelligence est bête ? Non. Ce serait trop simple. La nuit annule-t-elle le jour, le jour la nuit ? Non plus. Ils dansent ensemble. Mais l’un marche sur les pieds de l’autre. Voilà la seule morale de l’histoire.
