Authentique. C'est une menteuse compulsive qui parle : « On ne peut pas avoir de relation authentique avec toi. »
Newton. Au cours de l'année universitaire 1665-1666, il fait deux découvertes essentielles. La dispersion de la lumière blanche et la mise en valeur du spectre, d'une part, l'attraction terrestre et la gravitation universelle, de l'autre.
Stéréophonie. Vérifiez la cohérence sonore de vos deux oreilles. Dans le bain, posez la tête contre la baignoire de manière à avoir les deux oreilles juste au raz de l'eau. Produisez un son continu et invariant (par exemple un grognement sourd), et plongez alternativement vos oreilles sous l'eau, l'une après l'autre, plusieurs fois de suite. Vous allez distinguer très nettement et très simplement la différence de spectre sonore que vos oreilles conduisent à votre cerveau.
Felicity Lott. Elle ne chante pas mal, certes, mais jamais je ne comprendrai le succès qui est le sien. Quand je l'entends, je pense toujours à l'expression favorite de ma mère : « Elle est sans goût ni grâce. »
Castro. Elle s'appelle Myriam Priscilla Castro, elle est médecin, et elle a payé un gang chargé de couper le sexe de son ancien amant.
Cœur. Entre Amati et Stradivari, entre Callas et Tebaldi, entre la bémol et sol dièse, mon cœur balance. Entre Toi et le reste, il ne balance pas du tout, il s'arrête. D'ailleurs, de quel reste s'agit-il ?
Couleurs. On ne saura jamais, sans doute, quelles sont les vraies couleurs, les couleurs indispensables, premières, primaires, celles avec lesquelles on peut tout, ni dans quel ordre les classer, comment les ranger, de quoi les protéger. En cercle, en ligne, en carré, en touffe ébouriffée, en lames, en étincelles, elles sont pourtant là, même et surtout dans la nuit.
Coltrane. C'est un mystère, Coltrane. On a la tentation, parfois, de le percer à jour, d'analyser ses solos et de dire : « Voyez, ce n'est que ça ! » Et souvent, en effet, ce n'est que ça. Des gammes, des systèmes, des échelles le long desquelles il grimpe et redescend en ayant l'air d'avoir de la fièvre. Seulement il y a autre chose : cette fièvre froide est une sorte d'acide qu'il jette en pluie dans son bariolage, et l'on entend bien, alors, que c'est de tout autre chose qu'il s'agit, qu'une chose est là, tapie dans le son, qui brûle et brille.
Garneri Del Jesu. Si j'étais organisateur de concerts, j'engagerais Frédéric Chopin pour jouer le mouvement lent du concerto de Dvorak, en Italie. J'irais le voir à son hôtel et je lui parlerais ainsi : « Maître, nous feriez-vous le grand plaisir de prendre pour ce concert le pseudonyme de Garneri Del Jesu ? » Il serait enchanté de faire son grand retour sous ce nom d'emprunt. Le jour dit, écartant les pans du rideau de scène, j'apercevrais Arthur Rubinstein et Sviatoslav Richter, assis côte à côte, silencieux ; un peu plus loin, Arturo Benedetti Michelangeli, seul, l'air absent ; il ne sourit pas. Il n'y a pas foule : Garneri Del Jesu n'est pas encore une idole.
Cœur. Entre Amati et Stradivari, entre Callas et Tebaldi, entre la bémol et sol dièse, mon cœur balance. Entre Toi et le reste, il ne balance pas du tout, il s'arrête. D'ailleurs, de quel reste s'agit-il ?
Couleurs. On ne saura jamais, sans doute, quelles sont les vraies couleurs, les couleurs indispensables, premières, primaires, celles avec lesquelles on peut tout, ni dans quel ordre les classer, comment les ranger, de quoi les protéger. En cercle, en ligne, en carré, en touffe ébouriffée, en lames, en étincelles, elles sont pourtant là, même et surtout dans la nuit.
Coltrane. C'est un mystère, Coltrane. On a la tentation, parfois, de le percer à jour, d'analyser ses solos et de dire : « Voyez, ce n'est que ça ! » Et souvent, en effet, ce n'est que ça. Des gammes, des systèmes, des échelles le long desquelles il grimpe et redescend en ayant l'air d'avoir de la fièvre. Seulement il y a autre chose : cette fièvre froide est une sorte d'acide qu'il jette en pluie dans son bariolage, et l'on entend bien, alors, que c'est de tout autre chose qu'il s'agit, qu'une chose est là, tapie dans le son, qui brûle et brille.
Garneri Del Jesu. Si j'étais organisateur de concerts, j'engagerais Frédéric Chopin pour jouer le mouvement lent du concerto de Dvorak, en Italie. J'irais le voir à son hôtel et je lui parlerais ainsi : « Maître, nous feriez-vous le grand plaisir de prendre pour ce concert le pseudonyme de Garneri Del Jesu ? » Il serait enchanté de faire son grand retour sous ce nom d'emprunt. Le jour dit, écartant les pans du rideau de scène, j'apercevrais Arthur Rubinstein et Sviatoslav Richter, assis côte à côte, silencieux ; un peu plus loin, Arturo Benedetti Michelangeli, seul, l'air absent ; il ne sourit pas. Il n'y a pas foule : Garneri Del Jesu n'est pas encore une idole.
Habitude. « Dimanche 6/4/2014 : L’organiste d’une paroisse propose qu’"exceptionnellement" le Credo soit chanté en grégorien. Il y a longtemps que cela ne s’est pas fait et le curé est d’accord... "si ça ne devient pas une habitude". »
Ménage. « J’ouvre le confessionnal, et que vois-je ? Des balais, balayettes, serpillières, et autres ustensiles de ménage… » Les confessionnaux, ça sert à faire le ménage, non ?
Hymen. J'ai toujours adoré ce mot. Cette frêle membrane était, dans mon enfance, un des grands mystères de la vie. Il m'a fallu pas moins d'une dizaine d'années pour vraiment comprendre de quoi il s'agissait exactement. Plus tard, il a été très naturellement associé à son anagramme : hymne, sans que je sache très bien pourquoi ni comment ce glissement avait eu lieu ; je crois que c'est à l'époque de l'œuvre de Stockhausen, "Hymnen". Je crois l'avoir associé également, ô sacrilège !, à l'hostie. Et puis, encore plus tard, est arrivé cet autre mot merveilleux, encore plus mystérieux, et dont le sens n'est toujours pas tout à fait clair pour moi aujourd'hui, le clinamen, sorte de croisement, extraordinaire de simplicité, entre les mots clitoris, cyclamen, hymen, clin, âme, et, bien entendu, amen. Je suis bien aise de constater que même les savants, aujourd'hui, s'interrogent sur la genèse et l'utilité de l'hymen. C'est un peu comme l'appendice, l'hymen, mais à l'envers. On croyait savoir à quoi ça servait, mais de plus en plus, on se dit que non, vraiment, ça ne tient pas debout. L'appendice on croyait que ça ne servait à rien, et puis finalement, tout bien réfléchi… Enfin, bref, ce sont des appendices, dans tous les cas, très mystérieux, bien cachés, dont on finit par se passer, de manière plus ou moins scientifique.
Oxygène. J'apprends à l'instant qu'il n'est plus nécessaire de respirer. Les savants ont découvert une molécule qui permettra de se passer de cet impératif archaïque. Je n'ai pas bien compris le principe mais l'important n'est pas là, bien sûr. L'important est d'être enfin libéré de cette atroce tyrannie.
Hymen. J'ai toujours adoré ce mot. Cette frêle membrane était, dans mon enfance, un des grands mystères de la vie. Il m'a fallu pas moins d'une dizaine d'années pour vraiment comprendre de quoi il s'agissait exactement. Plus tard, il a été très naturellement associé à son anagramme : hymne, sans que je sache très bien pourquoi ni comment ce glissement avait eu lieu ; je crois que c'est à l'époque de l'œuvre de Stockhausen, "Hymnen". Je crois l'avoir associé également, ô sacrilège !, à l'hostie. Et puis, encore plus tard, est arrivé cet autre mot merveilleux, encore plus mystérieux, et dont le sens n'est toujours pas tout à fait clair pour moi aujourd'hui, le clinamen, sorte de croisement, extraordinaire de simplicité, entre les mots clitoris, cyclamen, hymen, clin, âme, et, bien entendu, amen. Je suis bien aise de constater que même les savants, aujourd'hui, s'interrogent sur la genèse et l'utilité de l'hymen. C'est un peu comme l'appendice, l'hymen, mais à l'envers. On croyait savoir à quoi ça servait, mais de plus en plus, on se dit que non, vraiment, ça ne tient pas debout. L'appendice on croyait que ça ne servait à rien, et puis finalement, tout bien réfléchi… Enfin, bref, ce sont des appendices, dans tous les cas, très mystérieux, bien cachés, dont on finit par se passer, de manière plus ou moins scientifique.
Oxygène. J'apprends à l'instant qu'il n'est plus nécessaire de respirer. Les savants ont découvert une molécule qui permettra de se passer de cet impératif archaïque. Je n'ai pas bien compris le principe mais l'important n'est pas là, bien sûr. L'important est d'être enfin libéré de cette atroce tyrannie.