samedi 21 juillet 2012

La Grâce


À chaque fois que j'écoute les quatuors de Dvořák, je suis saisi. Il y a là un mystère que je ne sais pas déchiffrer. Ces quatuors (je parle des dixième, onzième, douzième, treizième et quatorzième quatuors) incarnent pour moi une sorte d'équilibre miraculeux, équilibre entre poésie, inspiration, spontanéité, fraîcheur, et science de l'harmonie. Autant les symphonies (et même les concertos) de Dvořák me paraissent parfois simplistes, épais, voire grossiers, autant ces quatuors possèdent une grâce, une sorte d'élégance intelligente qui éclaire de l'intérieur leur pâte sonore, qui l'allège et l'assouplit. 

Peu de compositeurs ont autant pâti du succès de l'une de leurs œuvres qu'Antonín Leopold Dvořák avec sa neuvième symphonie. 

On entend parfois ses bagatelles opus 47 (quatuors dans lesquels il a remplacé l'alto par un harmonium) jouées avec un orgue à la place de l'harmonium, quand ce n'est pas un piano, et c'est très dommage, car l'harmonium est réellement l'instrument idéal pour ces pièces d'une fraîcheur extraordinaire. Il est possible que je sois influencé, en les écoutant, par les pièces de Schoenberg où celui-ci a utilisé également l'harmonium (en plus du piano), mais on retrouve la même transparence de la sonorité, les mêmes textures légères, aérées, qui témoignent d'un merveilleux métier de l'harmonie et du contrepoint, sans qu'il ne soit jamais montré, souligné, utilisé pour autre chose que pour mettre en valeur les thèmes d'aspect populaire.

Quand j'écoute la première des bagatelles, une insondable nostalgie m'envahit, la nostalgie des étés heureux, du ciel bleu dès le matin, de l'enfance, de l'été qui semble ne jamais devoir finir. Le bonheur, on l'a connu