Elles sont toujours là, tapies, à attendre le bon moment pour se précipiter sur le cadavre encore chaud. Toujours les mêmes, toujours avec les mêmes moyens, avec les mêmes mots, les mêmes petites phrases racornies et soudées à la gorge, toujours avec le même appétit glaireux, petitement féroce, gentiment mesquin, maladivement avide, vorace, convoiteux, ahanant, à mordouiller le jarret et les flancs de la bête. Avec les inévitables « je vous l'avais bien dit » rengorgés de fiel, avec la gouaille purulente du ressentiment, elles se démasquent une fois l'an, comme des étrons à dents sortis de leur formol, puant la bêtise confite et plastronée de revanche.
Il est presque rassurant de voir que rien ne bouge. On les sort de temps à autre de leur monde bistre et leur tronche boucanée et inerte a le caractère paisible des soldats de plomb oubliés au grenier.
– Je vous salue mes hyènes.
C'est un trio d'ectoplasmes, une trinité des cons, un tripalium de choc. Le premier est pour moi l'archétype de l'homme sans parole. Autant dire que je n'accorde aucune valeur à ce genre d'individu. Sa vérité, c'est sa compagne, bête à manger du foin, qui se prend pour une artiste. Le deuxième est un couillon poussif un peu bourrelé de gentillesse matoise. Le troisième, d'une sottise coruscante, est une ordure bourrée de complexes, ce qui le rend très agressif, dès qu'il pense qu'on l'observe. Individuellement, ils sont insignifiants. En bande, comme souvent les veules dénués de talent, ils sont redoutables. Enfin, quand je dis qu'ils sont redoutables, ce n'est pas que je les redoute, pas du tout, mais c'est qu'ils sont redoutablement ignobles. Je plains beaucoup celle qu'ils voudraient patronner. Elle n'a pas mérité ça.
Vite, un peu de Mozart !