« Le totalitarisme de la pensée »… J'aurais pu tomber sur autre chose, je pourrais prendre mille autres exemples, mais c'est là-dessus que je suis tombé en ouvrant Facebook, mais t'as aussi "censure", "fascisme", "violence", "gauchiasse", "vraie droite", "Macron", "partage", "haut et court", "halal", enfin tout un tas de vocables et de syntagmes qui reviennent en permanence, qui tournent en rond dans ce fatras moïque, dans cette éjaculation continue de mois qui fend les bits et ouvre la mer de merde pour que tous ces zombies puissent traverser à pieds secs, passant d'un continent à l'autre, avec des images de saucisses, de chats, d'éléphants décapités, d'hommes le cul en l'air, et d'appels à la révolte sur fond de fleurs, de cœurs, et de fusils-mitrailleurs, je vous raconte ça comme je le vois, je suis dans la jungle, tout le monde tire sur tout le monde, le sang gicle, les bras arrachés, l'odeur de la viande carbonisée, le bruit assourdissant des hélicoptères, le silence assourdissant de la peur, pourquoi suis-je revenu, pourquoi suis-je encore là, pourquoi recommencer la même histoire, petits cœurs roses, intestins fumants, couilles écrasées, bouches édentées, ils sont peinards à se lancer des injonctions et des bisous, les femmes sont en vitrine, comme dans les boucheries d'antan, les hommes font des phrases et roulent des mécaniques, c'est un bordel immonde où tout le monde parle en même temps, où tout le monde tente d'échapper à la vie qui gueule et qui pue, on leur a distribué un mode d'emploi et ils s'y conforment du mieux qu'ils peuvent, c'est Koh-Lanta pour tout le monde, c'est The Voice hors de l'écran, c'est Machine et Machin qui trichent, heureusement, c'est à qui te prend le mieux pour un con, pour une conne, pour effacer ce que tu pourrais dire, ça grouille dans les sous-sols privés, ça remonte à la surface, ça déborde, parfois, ça fume, ça sanglote, mais ça rit beaucoup, et ça explique le monde, la politique, l'amour, le destin, la candeur, la chaleur, et ça repart dans les tripes cachées, dans le rectum politique, et bientôt un autre attentat pour ressouder les rangs, au garde-à-vous, les slogans, les phrases automatiques, les postures, le courage, la fiente et l'humour au goût de vomi, et ces faces jaunes qui remplacent la ponctuation et la poignée de main, la virilité des sentiments et surtout l'honneur, ne parlons même pas de la vérité, qui a mis les bouts depuis un moment, effrayée de ne plus voir que des ados et des connasses épilées, ils mentent, ils mentent tous, combien il fait, chez vous, tout va bien, tu veux être quoi, tu peux être tout ce que tu veux, tu sais, tout sauf rien, parce que le silence assourdissant de la peur, parce qu'être ne coûte plus rien, c'est pris en charge, c'est remboursé, c'est rien qu'une tache sur un pantalon, c'est mignon.
Tutoyez-vous !