Je connais un remède contre la dépression. Voulez-vous connaître mon remède contre la dépression ? Non, je ne crois pas. Tout le monde aime la dépression, tout le monde aime être déprimé. Personne ne veut être triste, personne ne veut vivre dans le chagrin, personne ne veut être malheureux, mais tout le monde aime la dépression, j'en suis convaincu. Bon, je vous donne quand-même mon remède contre la dépression, ce sera fait et on pourra passer à autre chose. C'est très simple. Mettez vos mains sous vos aisselles, la droite sous l'aisselle gauche, la gauche sous l'aisselle droite, les bras croisés sur la poitrine, laissez-les dans cette position cinq secondes, puis portez-les à vos narines. Vous sentez ? Reproduisez l'opération quatre à cinq fois par jour. Mais ce n'est pas tout. Mettez sur la platine l'ouverture des Noces de Figaro, de Mozart, dans l'interprétation de Karajan (celles qu'il a enregistrées en 1950, avec les Wiener Philharmoniker et Schwarzkopf, Seefried, Jurinac, Kunz, London, oui, celles sans les récitatifs, en monophonie). Seulement l'ouverture. Ça ne dure pas longtemps, rassurez-vous, à peine quatre minutes. Vous entendez ?
J'ai donné mon truc contre la dépression, naguère, à une amie très chère. Elle m'a répondu : « Ça ne sent pas bon ! » ou quelque chose du genre. Les bras nous en tombent ! Ça ne sent pas bon… Non, je crois qu'elle m'a dit : « Il y a des odeurs que je préfère à celle-là… » Tout le malentendu humain est résumé, concentré, dans cette réponse, si vous voulez mon avis. Allez écrire (ou faire lire) de la poésie, après une réponse comme celle-là… Et Mozart, il sent bon ? Quelqu'un qui vous fait ce genre de réponse ne peut pas avoir un bon sens du rythme, c'est évident.