lundi 29 avril 2013

À l'index de travers





On vient de recevoir par la poste un livre de 520 pages imprimé en France par CPI Bussière à Saint-Amand-Montrond (Cher) en avril 2013. La photocomposition a été réalisée par Nord Compo, à Villeneuve-d'Ascq. L'ouvrage est composé en Caslon. L'éditeur (Fayard) utilise des papiers composés de fibres naturelles, renouvelables, recyclables et fabriquées à partir de bois issu de forêts qui adoptent un système d'aménagement durable. L'éditeur attend en outre de ses fournisseurs qu'ils s'inscrivent dans une démarche de certification environnementale reconnue. La date du Dépôt légal est : avril 2013 et le numéro d'impression : 2002329. Le numéro ISBN est le suivant : 978-2-213-67082-9. L'ouvrage est vendu au prix de 34 euros. 

On n'est pas complètement certain de ce qu'on avance, mais on pense que "Caslon" est le nom de la police de caractères, et qu'on lui doit, à cette police, des intervalles un peu trop minces à notre goût, entre deux lettres, lorsqu'entre ces deux lettres se trouve une apostrophe. Certes, il s'agit là de ce qu'il est convenu d'appeler un détail. 

Le livre est pourvu d'une jaquette de belle facture en première page de laquelle on trouve une photographie de l'auteur représentant un tableau peint de l'auteur. La couverture est réalisée par l'Atelier Didier Thimonier, et l'on apprend en quatrième de couverture que l'œuvre de l'auteur représentée s'intitule Couverte 60 x 60 n° 17 (28.III.2012) l'Aleph V (« Petit Aleph blanc »), et qu'il s'agit d'une huile sur toile. L'objet pèse 797 grammes.

Si l'on ouvre l'ouvrage à la troisième page, on peut y lire la dédicace manuscrite suivante : « Pour ce pauvre dément de Jérôme Vallet, avec toute mon admiration » dédicace suivie d'une signature difficilement lisible mais qu'on identifie cependant sans trop de peine, d'autant plus qu'elle correspond à celle de l'auteur du livre. Sous cette signature on déchiffre un lieu et une date : Plieux, 22 avril 2013.

Le livre s'intitule « Vue d'œil ». Il comporte, à la fin du volume, un index des noms propres qui court de la page 497 à la page 512. L'éditeur remerciant Mme Jane Auzenet, on imagine que cette personne a réalisé l'index en question, auquel cas on n'hésitera pas à la féliciter de cette tâche ingrate, sans oublier toutefois de noter qu'elle s'est acquittée de ce travail d'une manière que l'on peut qualifier de partielle,  fragmentaire, incomplète, insuffisante, défectueuse, désinvolte, oublieuse, légère, puisque, cherchant à savoir combien de fois dans l'ouvrage l'auteur nous avait traité de "pauvre dément", en vue d'établir un recensement précis, chiffré, exhaustif et fiable de l'injure, on a bien été obligé de remarquer que Mme Auzenet avait sous-estimé le nombre d'entrées où figure notre nom (entre Pierre-Henri Valenciennes, peintre, et Theo Van Doesburg, architecte hollandais), puisqu'elle n'en relève qu'une seule, qu'elle situe à la page 483, où l'auteur nous reproche de lui reprocher ses goûts musicaux, ce qui est bien entendu pure calomnie, mais là n'est pas le sujet. Et qu'on ne vienne pas nous dire que nous avons oublié de regarder à "Georges de la Fuly" ! Nous l'avons évidemment fait, pauvre consciencieux que nous sommes. Nous noterons enfin que nous sommes plus souvent cité que Herbert von Karajan, mais moins que Nelly Kapriélian, ce qui nous plonge dans un certain embarras : convient-il de s'en réjouir ou de s'en affliger ? Quant au fait que Janacek ne soit évoqué dans le livre qu'à cause de nous, à cette même page 483, nous ne pouvons qu'en tirer la conclusion qu'il s'agit là encore d'un motif de vif reproche à l'encontre de l'auteur, que nous ne manquerons pas d'exprimer ici-même, dès qu'une occasion en bonne et due forme se présentera. Il ne sera pas dit qu'on ait laissé passer une pareille faute morale sans réagir en proportion. 

Mais venons-en maintenant au fond de l'ouvrage, puisque nous sommes désormais critique littéraire assermenté. Page 440 (comme le diapason (nous allons en général directement aux pages 56, 101, 110, 111, et 440, dans tous les livres qui comportent au moins 440 pages, évidemment (ma sœur, elle, dans notre jeunesse, inscrivait son nom aux pages 77, 177, 277, 377, 477 des livres qu'elle possédait, à condition bien sûr qu'ils comportent au moins 477 pages (elle voulait apparemment à tout prix éviter qu'on lui vole ses livres (sans qu'on sache si le procédé fut réellement efficace))))) nous trouvons, bien en évidence vers le haut de la page, ces quelques mots présentés sous forme de question : « Vous écrivez toujours ? » La question est posée à l'auteur par Duane Michals, photographe né en 1932 à McKeesport, dans l'État de Pennsylvanie. L'auteur semble très vexé de la question, et se fait la réflexion qu'il n'aurait jamais, lui, demandé à Duane Michals « s'il était toujours dans la photographie ». Nous n'avons aucune raison d'en douter. Imaginons la scène suivante : on rencontre Cecil Taylor (né le 15 mars 1929, pianiste et poète américain connu pour être un des créateurs du free jazz avec Ornette Coleman) dans un bar parisien, on lui tape dans le dos, et on lui demande s'il est toujours dans la musique et dans la poésie. Que fait Cecil Taylor ? Un grand coup de poing dans la tronche ou un grand éclat de rire ? Difficile à dire. Je ne me sens pas trop de tenter l'expérience pour les besoins de notre nouveau métier de critique littéraire, il faut bien l'avouer, ou alors il faudrait que ce soit vraiment bien payé. Longtemps, j'ai ignoré que Cecil Taylor était homosexuel. On ne peut pas dire que cela se voyait, quand on assistait à ses concerts, dans les années 70. Je ne suis pas certain que cela aurait été possible, mais j'aurais beaucoup aimé être ami avec Cecil Taylor. L'homme est infiniment séduisant, en tout cas quand il est au piano, ou qu'il danse près de son instrument. Mais je suis certain que vous ne connaissez pas son disque en quartet avec Archie Shepp, Buell Neidlinger et Dennis Charles, ce disque à la merveilleuse pochette rouge sang qui est sans doute l'un des meilleurs disques de jazz qui existent, et c'est bien dommage, mais je n'y peux rien, on ne va pas tout reprendre à zéro parce que vous ne connaissez pas vos classiques. C'est sans doute le moment que vous allez choisir pour me demander quel est le rapport entre Cecil Taylor et l'auteur du livre dont je vous parle. Quel est le rapport ? Ah, évidement, ce serait plus simple si je choisissais un exemple où Gérard Pesson se tient dans ce fameux bar parisien, mais j'ai moins d'affinités avec Gérard Pesson, pour tout vous avouer, et puis il se trouve qu'iTunes est en train de me faire entendre "The Owner of the River Bank", de Cecil Taylor avec l'Italian Instabile Orchestra, et pas du tout du Gérard Pesson. J'ai de très bons souvenirs de Cecil Taylor, alors que la seule fois où j'aurais dû normalement jouer du Pesson, j'ai refusé, non pas parce que je n'aimais pas sa musique, d'ailleurs (je ne la connaissais pas), mais parce que la personne qui m'avait proposé le job m'avait présenté Pesson sous un jour qui ne donnait pas vraiment envie, et même vraiment pas envie, et je l'ai crue sur parole, ce qui est bien entendu idiot, mais ce n'est pas un drame non plus il ne faut rien exagérer. Donc, je ne demanderai pas non plus à Pesson s'il est toujours dans la musique, bien que, parfois, on se pose la question. Après tout, un musicien a parfaitement le droit d'être ailleurs que dans la musique, ce n'est pas moi qui dirai le contraire. Je dirais même, sans avoir à trop me forcer, qu'il serait bon que nombre de musiciens soient ailleurs, vraiment ailleurs, mais c'est encore un autre problème et j'ai déjà assez digressé comme ça. On en arrive donc à cette question, qui n'était pas du tout prévue au départ : quel rapport l'auteur entretient-il avec le free jazz ? A priori aucun, si l'on en croit les index de ses livres, mais l'on a vu qu'ils n'étaient pas toujours au-dessus de tout soupçon, ces index. D'ailleurs, l'auteur a écrit un livre entier que tout le monde regrette d'avoir acheté, qui s'intitule Travers Coda, Index & Divers, rien que le titre, déjà, ça donne pas trop envie, mais c'est justement pour ça qu'on l'a acheté, un livre de 775 pages paru chez P.O.L en 2012, 30 euros, 837 grammes, numéro ISBN 978-2-8180-1448-6, un livre dont on ne sait même pas exactement qui l'a écrit (mais ils s'y sont mis à deux), un livre dédié à Dieu (comme la Neuvième de Bruckner), un livre qui prétend…, un livre dont on ne connaît pas l'objet, pas plus que l'auteur, les auteurs, ni le sujet, ni à quoi il peut bien servir, un livre de travers, qui reste en travers, qui ne passe pas, un homme marche bras levés au-dessus de la tête, coudes à angle, une coda qui ne code rien du tout, une coda les bras levés qui s'arrête au feu vert, enfin, vous m'avez compris, le livre d'un pauvre dément qui s'y est mis à deux ! Si l'on se retourne sur ses pas, de nos jours, enfin, de leurs jours, et qu'on jette une oreille pressée sur le free jazz des années 60 et 70, on se dit, ah oui, la musique de pauvres déments qui ne savaient plus à quels saints se vouer, étant donné qu'ils les avaient tous trucidés, les saints de leur jeunesse. Les bras levés, les index tendus, ils montraient le ciel, alors qu'ils avaient dévasté le ciel, et que de gros nuages s'amoncelaient au-dessus de leurs têtes de pauvres déments. De nos jours il ne cesse de pleuvoir, d'une pluie noire et acide, que de leurs jours vides ils gobaient, les yeux grands ouverts, et les mains frémissantes de liberté sans développement et surtout sans coda, sans contours, sans le grand Autre qui allait venir juste après, mais qui était en fait toujours déjà là sans qu'on le sache très bien. Derrida était encore un marrant, il ne se prenait pas encore pour la Voix de la Voie, il déchirait ses photos et les jetait par la fenêtre du train, envoyait des cartes postales, était amoureux, le free jazz était une forme de panacée qui ne faisait pas de mal parce qu'il prétendait à bien trop, et se sortir de Marx et Hegel était un sacré coup de bluff dans le jeu des races et des Russes domestiqués. Quand on y pense il vaut mieux ne pas y penser. Margarethe von Trotta allait tourner les Années de plomb quand Mitterrand arriverait avec ses chapeaux et sa tranquillité de coda politique : c'était bien ça qui nous tombait dessus, un ciel de plomb pour finir en dessous, mercurisés par les pansements post-modernes des hyper-marchés culturels qui allaient se mettre à produire à la chaîne les nouveaux lexiques orwelliens du monde renversé. On apprendrait vite à désapprendre. Plus la fin approche, plus on se croit au début, et c'est la pure vérité, comme dans tous les grands cycles, on retourne sans cesse à la genèse, tandis que le diamètre du boyau se rétrécit jusqu'à nous asphyxier de bonheur merdeux, mais j'ai tout de même appris dans Travers Coda, Index & Divers que Otto, le frère de Gustav, s'était suicidé d'un coup de revolver, et qu'il avait existé une époque où tout le monde tout le monde tout le monde faisait l'amour sur l'adagietto de la Cinquième. Tout le monde sauf moi. Dément !

L'hiver va se faire regretter. 


dimanche 28 avril 2013

Critique




On vient de recevoir par la poste un livre de 520 pages imprimé en France par CPI Bussière à Saint-Amand-Montrond (Cher) en avril 2013. La photocomposition a été réalisée par Nord Compo, à Villeneuve-d'Ascq. L'ouvrage est composé en Caslon. L'éditeur (Fayard) utilise des papiers composés de fibres naturelles, renouvelables, recyclables et fabriquées à partir de bois issu de forêts qui adoptent un système d'aménagement durable. L'éditeur attend en outre de ses fournisseurs qu'ils s'inscrivent dans une démarche de certification environnementale reconnue. La date du Dépôt légal est : avril 2013 et le numéro d'impression : 2002329. Le numéro ISBN est le suivant : 978-2-213-67082-9. L'ouvrage est vendu au prix de 34 euros. 

On n'est pas complètement certain de ce qu'on avance, mais on pense que "Caslon" est le nom de la police de caractères, et qu'on lui doit, à cette police, des intervalles un peu trop minces à notre goût, entre deux lettres, lorsqu'entre ces deux lettres se trouve une apostrophe. Certes, il s'agit là de ce qu'il est convenu d'appeler un détail. 

Le livre est pourvu d'une jaquette de belle facture en première page de laquelle on trouve une photographie de l'auteur représentant un tableau peint de l'auteur. La couverture est réalisée par l'Atelier Didier Thimonier, et l'on apprend en quatrième de couverture que l'œuvre de l'auteur représentée s'intitule Couverte 60 x 60 n° 17 (28.III.2012) l'Aleph V (« Petit Aleph blanc »), et qu'il s'agit d'une huile sur toile. L'objet pèse 797 grammes.

Si l'on ouvre l'ouvrage à la troisième page, on peut y lire la dédicace manuscrite suivante : « Pour ce pauvre dément de Jérôme Vallet, avec toute mon admiration » dédicace suivie d'une signature difficilement lisible mais qu'on identifie cependant sans trop de peine, d'autant plus qu'elle correspond à celle de l'auteur du livre. Sous cette signature on déchiffre un lieu et une date : Plieux, 22 avril 2013.

Le livre s'intitule « Vue d'œil ». Il comporte, à la fin du volume, un index des noms propres qui court de la page 497 à la page 512. L'éditeur remerciant Mme Jane Auzenet, on imagine que cette personne a réalisé l'index en question, auquel cas on n'hésitera pas à la féliciter de cette tâche ingrate, sans oublier toutefois de noter qu'elle s'est acquittée de ce travail d'une manière que l'on peut qualifier de partielle,  fragmentaire, incomplète, insuffisante, défectueuse, désinvolte, oublieuse, légère, puisque, cherchant à savoir combien de fois dans l'ouvrage l'auteur nous avait traité de "pauvre dément", en vue d'établir un recensement précis, chiffré, exhaustif et fiable de l'injure, on a bien été obligé de remarquer que Mme Auzenet avait sous-estimé le nombre d'entrées où figure notre nom (entre Pierre-Henri Valenciennes, peintre, et Theo Van Doesburg, architecte hollandais), puisqu'elle n'en relève qu'une seule, qu'elle situe à la page 483, où l'auteur nous reproche de lui reprocher ses goûts musicaux, ce qui est bien entendu pure calomnie, mais là n'est pas le sujet. Et qu'on ne vienne pas nous dire que nous avons oublié de regarder à "Georges de la Fuly" ! Nous l'avons évidemment fait, pauvre consciencieux que nous sommes. Nous noterons enfin que nous sommes plus souvent cité que Herbert von Karajan, mais moins que Nelly Kapriélian, ce qui nous plonge dans un certain embarras : convient-il de s'en réjouir ou de s'en affliger ? Quant au fait que Janacek ne soit évoqué dans le livre qu'à cause de nous, à cette même page 483, nous ne pouvons qu'en tirer la conclusion qu'il s'agit là encore d'un motif de vif reproche à l'encontre de l'auteur, que nous ne manquerons pas d'exprimer ici-même, dès qu'une occasion en bonne et due forme se présentera. Il ne sera pas dit qu'on ait laissé passer une pareille faute morale sans réagir en proportion. 

Mais venons-en maintenant au fond de l'ouvrage, puisque nous sommes désormais critique littéraire assermenté. Page 440 (comme le diapason (nous allons en général directement aux pages 56, 101, 110, 111, et 440, dans tous les livres qui comportent au moins 440 pages, évidemment (ma sœur, elle, dans notre jeunesse, inscrivait son nom aux pages 77, 177, 277, 377, 477 des livres qu'elle possédait, à condition bien sûr qu'ils comportent au moins 477 pages (elle voulait apparemment à tout prix éviter qu'on lui vole ses livres (sans qu'on sache si le procédé fut réellement efficace))))) nous trouvons, bien en évidence vers le haut de la page, ces quelques mots présentés sous forme de question : « Vous écrivez toujours ? » La question est posée à l'auteur par Duane Michals, photographe né en 1932 à McKeesport, dans l'État de Pennsylvanie. L'auteur semble très vexé de la question, et se fait la réflexion qu'il n'aurait jamais, lui, demandé à Duane Michals « s'il était toujours dans la photographie ». Nous n'avons aucune raison d'en douter. Imaginons la scène suivante : on rencontre Cecil Taylor (né le 15 mars 1929, pianiste et poète américain connu pour être un des créateurs du free jazz avec Ornette Coleman) dans un bar parisien, on lui tape dans le dos, et on lui demande s'il est toujours dans la musique et dans la poésie. Que fait Cecil Taylor ? Un grand coup de poing dans la tronche ou un grand éclat de rire ? Difficile à dire. Je ne me sens pas trop de tenter l'expérience pour les besoins de notre nouveau métier de critique littéraire, il faut bien l'avouer, ou alors il faudrait que ce soit vraiment bien payé. Longtemps, j'ai ignoré que Cecil Taylor était homosexuel. On ne peut pas dire que cela se voyait, quand on assistait à ses concerts, dans les années 70. Je ne suis pas certain que cela aurait été possible, mais j'aurais beaucoup aimé être ami avec Cecil Taylor. L'homme est infiniment séduisant, en tout cas quand il est au piano, ou qu'il danse près de son instrument. Mais je suis certain que vous ne connaissez pas son disque en quartet avec Archie Shepp, Buell Neidlinger et Dennis Charles, ce disque à la merveilleuse pochette rouge sang qui est sans doute l'un des meilleurs disques de jazz qui existent, et c'est bien dommage, mais je n'y peux rien, on ne va pas tout reprendre à zéro parce que vous ne connaissez pas vos classiques. C'est sans doute le moment que vous allez choisir pour me demander quel est le rapport entre Cecil Taylor et l'auteur du livre dont je vous parle. Quel est le rapport ? Ah, évidement, ce serait plus simple si je choisissais un exemple où Gérard Pesson se tient dans ce fameux bar parisien, mais j'ai moins d'affinités avec Gérard Pesson, pour tout vous avouer, et puis il se trouve qu'iTunes est en train de me faire entendre "The Owner of the River Bank", de Cecil Taylor avec l'Italian Instabile Orchestra, et pas du tout du Gérard Pesson. J'ai de très bons souvenirs de Cecil Taylor, alors que la seule fois où j'aurais dû normalement jouer du Pesson, j'ai refusé, non pas parce que je n'aimais pas sa musique, d'ailleurs (je ne la connaissais pas), mais parce que la personne qui m'avait proposé le job m'avait présenté Pesson sous un jour qui ne donnait pas vraiment envie, et même vraiment pas envie, et je l'ai crue sur parole, ce qui est bien entendu idiot, mais ce n'est pas un drame non plus il ne faut rien exagérer. Donc, je ne demanderai pas non plus à Pesson s'il est toujours dans la musique, bien que, parfois, on se pose la question. Après tout, un musicien a parfaitement le droit d'être ailleurs que dans la musique, ce n'est pas moi qui dirai le contraire. Je dirais même, sans avoir à trop me forcer, qu'il serait bon que nombre de musiciens soient ailleurs, vraiment ailleurs, mais c'est encore un autre problème et j'ai déjà assez digressé comme ça. On en arrive donc à cette question, qui n'était pas du tout prévue au départ : quel rapport l'auteur entretient-il avec le free jazz ? A priori aucun, si l'on en croit les index de ses livres, mais l'on a vu qu'ils n'étaient pas toujours au-dessus de tout soupçon, ces index. D'ailleurs, l'auteur a écrit un livre entier que tout le monde regrette d'avoir acheté, qui s'intitule Travers Coda, Index & Divers, rien que le titre, déjà, ça donne pas trop envie, mais c'est justement pour ça qu'on l'a acheté, un livre de 775 pages paru chez P.O.L en 2012, 30 euros, 837 grammes, numéro ISBN 978-2-8180-1448-6, un livre dont on ne sait même pas exactement qui l'a écrit (mais il s'y sont mis à deux), un livre dédié à Dieu (comme la Neuvième de Bruckner), un livre qui prétend…, un livre dont on ne connaît pas l'objet, pas plus que l'auteur, les auteurs, ni le sujet, ni à quoi il peut bien servir, un livre de travers, qui reste en travers, qui ne passe pas, un homme marche bras levés au-dessus de la tête, coudes à angle, une coda qui ne code rien du tout, une coda les bras levés qui s'arrête au feu vert, enfin, vous m'avez compris, le livre d'un pauvre dément qui s'y est mis à deux ! Si l'on se retourne sur ses pas, de nos jours, enfin, de leurs jours, et qu'on jette une oreille pressée sur le free jazz des années 60 et 70, on se dit, ah oui, la musique de pauvres déments qui ne savaient plus à quels saints se vouer, étant donné qu'ils les avaient tous trucidés, les saints de leur jeunesse. Les bras levés, les index tendus, ils montraient le ciel, alors qu'ils avaient dévasté le ciel, et que de gros nuages s'amoncelaient au-dessus de leurs têtes de pauvres déments. De nos jours il ne cesse de pleuvoir, d'une pluie noire et acide, que de leurs jours vides ils gobaient, les yeux grands ouverts, et les mains frémissantes de liberté sans développement et surtout sans coda, sans contours, sans le grand Autre qui allait venir juste après, mais qui était en fait toujours déjà là sans qu'on le sache très bien. Derrida était encore un marrant, il ne se prenait pas encore pour la Voix de la Voie, il déchirait ses photos et les jetait par la fenêtre du train, envoyait des cartes postales, était amoureux, le free jazz était une forme de panacée qui ne faisait pas de mal parce qu'il prétendait à bien trop, et se sortir de Marx et Hegel était un sacré coup de bluff dans le jeu des races et des Russes domestiqués. Quand on y pense il vaut mieux ne pas y penser. Margarethe von Trotta allait tourner les Années de plomb quand Mitterrand arriverait avec ses chapeaux et sa tranquillité de coda politique : c'était bien ça qui nous tombait dessus, un ciel de plomb pour finir en dessous, mercurisés par les pansements post-modernes des hyper-marchés culturels qui allaient se mettre à produire à la chaîne les nouveaux lexiques orwelliens du monde renversé. On apprendrait vite à désapprendre. Plus la fin approche, plus on se croit au début, et c'est la pure vérité, comme dans tous les grands cycles, on retourne sans cesse à la genèse, tandis que le diamètre du boyau se rétrécit jusqu'à nous asphyxier de bonheur merdeux, mais j'ai tout de même appris dans Travers Coda, Index & Divers que Otto, le frère de Gustav, s'était suicidé d'un coup de revolver, et qu'il avait existé une époque où tout le monde tout le monde tout le monde faisait l'amour sur l'adagietto de la Cinquième. Tout le monde sauf moi. 

Encore un livre à l'index, l'hiver va se faire regretter. 



Picasso, son héros



C'est tout de même idiot ! Depuis qu'il m'a dit son amour pour Picasso, "le choc", j'ai tendance à moins aimer celui-ci, à lui trouver des défauts qu'il ne me serait jamais venu à l'idée de remarquer plus tôt, ni surtout de considérer comme tels. Comme il est peintre lui-même, "artiste-peintre", comme il dit, et que sa peinture est affreuse, enfin, non pas affreuse mais profondément ennuyeuse, sans aucun attrait pour moi, laborieuse au sens le plus décourageant qui soit, peinture de paysages à la touche épaisse et colorée de rythmes que je ne peux que qualifier de gras, non, lourds, je ne fais plus que remarquer des similitudes entre ceux-là et ceux qu'on trouve aussi dans la manière qu'a Picasso de passer d'une couleur à une autre. 

Il ne faudrait jamais parler de musique ni de peinture avec personne, quand on a la prétention d'en "faire" soi-même. 

J'entends Brendel qui joue la Sonate au clair de lune, via iTunes, sans que je lui aie rien demandé. Je ne sais pas si je l'aurais reconnu sans cela, mais je sais que c'est lui parce que, juste auparavant il a joué les Variations en fa mineur de Haydn, et encore avant le Concerto italien de Bach. Brendel, que je méprisais, il y a trente ans, parce qu'il jouait ce même concerto comme un grand pianiste…Brendel, dont le livre, lu à l'époque, Réflexions faites, si je me souviens bien du titre, ne m'avait pas convaincu. Il faudrait tout reprendre. Tout recommencer, depuis le début, ou presque, pour voir, pour comprendre où l'on s'est fourvoyé, quel était l'embranchement maudit, le détour de trop. Pourtant, Brendel dans le 20e concerto, c'est quelque chose, mais il y avait aussi cette élève qui ne jurait que par lui dans Schubert — et encore cette autre que j'avais emmenée écouter Pollini à Pleyel dans Brahms et qui avait fait la moue en me parlant d'Ashkenazy ! 

L'encadreur me présente le peintre, héros de la soirée, en le qualifiant — et il insiste, le bougre — de "laborieux" ! J'imagine qu'il veut dire par là que le peintre est un gros travailleur. Encore ne parle-t-il même pas de son art, à ce que je comprends un peu plus tard, mais des restaurations de maisons dont s'est occupé l'artiste pour gagner sa vie. On hésite : est-ce moins grave, ou plus ? L'artiste ne réagit pas. Soit il s'en fiche éperduement, soit il connaît le personnage, soit il ne comprend pas non plus de quoi l'autre parle, soit il pense déjà à ce qu'il va répondre à la prochaine personne qui tient absolument à lui être présentée, et qui lui parlera de "la sensualité de ses rouges".

La province, est-ce ce lieu où l'on rencontre des artistes-peintres laborieux et où le souvenir enchanté et vivifiant de la peinture de Picasso se met à décliner lentement ? Mais la province, ce sont aussi ces longs moments que l'on peut passer en compagnie des sonates en si de Berg et de Liszt, où l'on a assez de place pour disposer les partitions par terre, feuille à feuille, et les apprendre par cœur en posant ses pas par-dessus, depuis le salon jusqu'à la salle de bains, et où la jolie voisine qui va chercher le lait s'arrête en chemin et vous parle de "votre" étude en ut dièse mineur de Chopin qui lui semble bien meilleure depuis quelques jours. Elle n'aime pas du tout Picasso, mais elle a de très jolis seins. On lui composera un petit trio pour son ensemble, qui sait…

Tiens, Brendel se met à Berg.

mardi 16 avril 2013

Le dernier prochain et le prochain dernier en huit



Où sont donc passés les dimanches derniers et les jeudis prochains, tous remplacés par les "ce dimanche" et les "ce jeudi" ? C'est tout de même incroyable : On avait en français une manière pratique, précise et adéquate de désigner un jour à venir ou un jour passé, de le situer parfaitement et sans ambiguïté dans le temps, et c'est sans doute cette clarté qui a déplu aux adeptes compulsifs du changement à tous les étages, aux techniciens de surface orwelliens de lalangue. 

Il n'est désormais plus question de savoir de quoi l'on parle, mais tout le monde bien entendu fait comme si de rien n'était. En parlant — aujourd'hui — ("ce jour", comme dirait Arnaud Laporte de France-Culture) de dimanche dernier, je savais qu'il était question du dimanche 14 avril 2013, et en évoquant dimanche prochain, tout le monde comprenait qu'il s'agissait du dimanche 21 avril 2013. Depuis que France-Culture et Télérama on supplanté l'Église de France et que des Jacques Chirac et des François Hollande se prennent le plus sérieusement du monde pour des présidents de la République, tout le monde fait mention de "ce dimanche", et l'on se demande comment comprendre de quel dimanche on parle. Le plus proche (avant-hier) ou celui qui vient ? (Et si l'on parle "depuis" le jeudi ?) Hier soir à la radio, j'ai eu un élément de réponse à cette angoissante question. À ma grande surprise, étant réapparu soudainement un "dimanche prochain", comme sorti de terre, encore emmailloté dans son linceul citoyen, j'ai tendu l'oreille. Ce dimanche prochain là désignait en fait le dimanche 28 avril 2013, soit le dimanche suivant dimanche prochain. J'en déduis donc que "ce dimanche" doit logiquement désigner ce que naguère on nommait dimanche prochain, mais la chose serait trop simple. En effet, j'ai constaté à plusieurs reprises qu'un "ce dimanche", lorsque par exemple on était un lundi, pouvait alors désigner un ci-devant dimanche dernier. La seul certitude que je retire de tout cela est que ces abrutis ont la volonté farouche de ne pas se comprendre, bien qu'ils ne cessent de réformer la langue dans le but revendiqué de la "rendre plus compréhensible", puisque toutes les procédures que le français avait inventées pour rendre le monde et la pensée clairement exprimables sont désormais remplacées par une indigeste bouillie qui oblige à mille fois plus d'efforts et de périphrases pour arriver, non pas au même résultat, mais, disons, à un degré tout juste acceptable de communication. Et je préfère de rien dire des prépositions "sur" et "en", qui sont en train, telles des algues tueuses, d'exterminer toutes les autres prépositions de la langue française, un peu à la manière dont les enfants incultes, se tenant devant un piano, commencent par n'utiliser que les cinq notes noires (sur les douze que comporte une octave), afin d'avoir l'illusion d'être capables d'exprimer quelque chose. La différence est que nos contemporains font le chemin inverse d'un enfant qui peu à peu est éduqué, c'est-à-dire élargit son clavier. Ils ont commencé par connaître les douze sons de la gamme et finissent par n'en utiliser que trois ou quatre, dans le meilleur des cas. 

C'est un système pervers qui prétend simplifier et qui complique inutilement, qui remplace là où il n'y a rien à remplacer, qui enlaidit à plaisir une langue pour en faire la caricature d'elle-même, peut-être dans le but non avoué de la faire disparaître tout à fait, lorsqu'il sera devenu évident qu'elle a enfin perdu tout ce qui la rendait indispensable et inestimable, en d'autres termes lorsqu'elle aura cessé, elle aussi, d'être française.

La laideur est toujours une perte de temps et d'énergie, que ce soit dans la langue, dans la musique ou chez les êtres humains. 

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (22)



La matinée avait pourtant bien commencé. Je m'étais levé tôt, le café était bon, le croissant aussi. Luna avait son os, il y avait du soleil, il faisait un peu frais et la nuit avait été calme. Pas un bruit dans la maison. En furetant ici ou là, je suis tombé sur une vidéo de David Fray qui jouait Bach. Une, puis deux, puis trois vidéos. Pourquoi ai-je regardé ça, je n'en sais rien. Sans doute parce que j'en avais entendu parler, et parce que Bach. 

Mais pourquoi ai-je regardé ça, j'aurais pu arrêter immédiatement : quelques mesures suffisent en général pour se faire une idée assez précise, surtout quand c'est mauvais. Non, je me suis acharné, bêtement, je croyais qu'il allait se passer quelque chose qui allait me réconcilier avec ce que je voyais et entendait. Ça n'arrive jamais. 

Quel malaise ! Quelle horrible sensation d'être sali par ce qu'on entend, d'être abîmé, comme s'il fallait refaire tout le chemin en sens inverse ensuite ! Mais quoi, ce n'est pas si mauvais, tout de même ! Il sait jouer du piano ? Oui, il sait. Non, il ne sait pas. En tout cas, il ne sait pas ce que c'est que la musique. (Et l'on reste étonné que personne n'ait été là pour lui dire deux ou trois choses qui, peut-être, lui auraient évité de faire une si mauvaise action. Mais peut-être tout simplement qu'il n'est qu'un enfant à qui il manque une dizaine d'années et quelques maîtres qui ne pensent pas à autre chose quand ils l'écoutent. Il faudrait surtout qu'il arrête de se regarder jouer et qu'il s'écoute, tout simplement.)

Et dire qu'ils sont des dizaines, des centaines, comme ça, de nos jours. Ça sort du conservatoire comme les autos de l'usine. On les voit passer sur les trains, recouvertes de bâches. Elles traversent la campagne au petit matin, on n'y fait pas attention. On a tort. Si elles ne faisaient que passer…

Vite, mettons un peu de musique ! 

jeudi 11 avril 2013

Musique et bruit


C'est à se demander (ou à avancer comme tentative de réponse), si la grande musique savante du 20ème (Bartok, Barber, Webern, Boulez, Ligeti, Gubaidulina, etc.) n'existe pas comme pur retrait au fracas du siècle, et jusqu'à ces moments où elle paraît vouloir imiter le tumulte ou le chaos sonore qui font sa signature – cette musique requiert le silence comme aucune dans les siècles précédents. Elle ne peut jamais et en aucun cas s'accommoder de quelque accompagnement parasite ou synergique à son existence, et pas davantage ne peut être accompagnement de son siècle, à la différence des musiques qui l'avaient précédée (musique de danse, de table, d'accompagnement de la conversation, de scènes galantes, de noces, de funérailles et de tout ce que l'on voudra). La musique du 20ème n'accompagne que le silence introuvable en ce siècle. Elle impose le silence ou du moins le dépouillement sonore, qu'elle exalte et célèbre. Elle est contrepoint au tintamarre du siècle; elle lui tourne résolument le dos, au lieu d'en être, comme ses prédécesseuses, l'émanation harmonique. Le 20ème siècle ne pouvait être mis en musique, sa musique la plus accomplie en est le négatif, tout entière l'image de son rejet, la célébration de son contraire sensible (le silence vs le bruit). Mais aussi: ce divorce entre la musique savante et son siècle bruyant a ouvert le champ délaissé par elle à toute musique prête à accompagner le bruit du monde: le jazz, les musiques syncopées, le rap et le reste – musiques de soutien et d'acceptation mimétique du siècle.

Francis Marche, ici. (…)

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (21)

Faconde Norwest, ou la femme dressée sur ses ergots de seigle

« Alors, faute du nom du mal, on veut connaître celui de l'homme responsable. Les versions les plus abracadabrantes circulent. On accuse le boulanger (ancien candidat RPF, protégé d'un conseiller général gaulliste), son mitron, puis l'eau des fontaines, puis les modernes machines à battre, les puissances étrangères, la guerre bactériologique, le diable, la SNCF, le pape, Staline, l'Église, les nationalisations. »


Les Spiripontains, en 1951, applaudissent l'arrestation d'un meunier poitevin, fournisseur de la farine employée à Pont-Saint-Esprit, incarcéré à Nîmes, avant de s'élever contre sa libération.

Le pain acheté dans la boulangerie Briand provoque vomissements, maux de têtes, douleurs gastriques, musculaires, et accès de folie (convulsions démoniaques, hallucinations et tentatives de suicide), troubles pouvant évoquer l'ergotisme. La ville est prise de panique.

mardi 9 avril 2013

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (20)

J'étais dans mon bain en train de lire, quand tout à coup je sentis mon être se retirer de moi et, au bout de quelques instants, me retrouvai seul avec un corps dans de l'eau chaude. Est-ce cela, la fin ?


lundi 8 avril 2013

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (19)


Ça doit être un record du monde. Il fallait bien que je réussisse un jour à détenir un record du monde. Je n'aime pas me vanter mais là je suis bien obligé : un disque, j'ai vendu un (1) disque. Si ça ne mérite pas un disque d'or, de diamant, ou de Formica, ça ! Tous ces minables qui en vendent des millions, comme c'est ordinaire ! Ah, on peut dire que j'aurais échappé à la vulgarité, et de quelle façon ! En 2009, j'ai réalisé un disque de musique acousmatique, sans doute le meilleur de la décennie, et j'en ai vendu un seul. Cette magnifique affaire m'a fait gagner 10 euros. Aujourd'hui que je dois appeler mon banquier pour essayer de lui expliquer mon découvert vertigineux et mon impossibilité totale à le combler, je vais lui proposer un exemplaire de ce disque collector pour le consoler de m'avoir comme client. Je suis certain qu'il en sera ravi.

C'est tout de même extraordinaire, quand on y pense. Ça fait maintenant presque dix ans (je ne sais plus exactement) que je tiens un blog, que des gens me lisent, m'écrivent, m'encouragent, me remercient, m'insultent, me calomnient, me plagient, et pas un seul n'aura songé à m'acheter la seule chose dont je suis un peu fier. 

La vie est étrange.

samedi 6 avril 2013

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (18)



« Il paraît que le fœtus est en souffrance. Mon roman sur Pouchkine aussi. »

(Patrick Besson, Les Années Isabelle)

jeudi 4 avril 2013

Le Couvre-feu (1)


Parmi les "armes absolues de langage", il en est une qui est me semble-t-il rarement nommée, ou très sous-estimée, bien qu'elle soit sans doute une des plus fortement chargées et donc d'une efficacité redoutable. On l'a encore vu à l'œuvre récemment à la télévision, dans une émission qu'on a déjà évoquée ici, où elle n'a pas manqué sa cible, ce qui ne lui arrive jamais. 

Si dans une quelconque discussion, dans un quelconque débat, vous lancez à votre interlocuteur qu'il "est pour la peine de mort", on verra celui-ci blêmir en entendant la détonation, puis, très vite, esquiver le coup en proclamant que non, bien sûr, il n'est pas, il ne peut pas être pour la peine de mort, qu'en outre l'attaque est malhonnête et ridicule, puisqu'il est bien entendu que personne ne peut être pour la peine de mort.

(…)

La Secte heureuse



« "Je commence avec la liberté absolue et j’aboutis à la dictature parfaite." »

« Nous n’assistons plus au déroulement d’un jeu politique ordinaire. Le Peuple n’est pas même en face d’un coup d’Etat permanent. Il fait face à une entreprise d’usurpation visant à lui imposer une autre constitution – plus encore, une autre constitution anthropologique. »

« Car il n’y a pas de réponse, pour qui n’a pas de question. »

« Le Peuple découvre avec stupeur que la laïcité aux mains des totalitaires s’est muée en fanatisme idéologique. »

mercredi 3 avril 2013

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (17)



Georges, le seul blogueur qui place ses billets à l'UBS 3.0

(Merci Ariane)

lundi 1 avril 2013

Les Tiroirs de Georges de la Fuly (16)


Plus ça va, plus il me semble évident que ça ne va pas.