Je pourrais résumer tout ce que j'ai écrit jusqu'à présent en trois mots : À quoi bon ? On peut s'arrêter là. Je ne connais rien de plus déprimant que la musique de Brad Mehldau. « L'Iran attaque Israël. » Je crois que j'ai cru que lorsqu'une fille se mettait nue devant moi, c'était pour se donner entièrement et définitivement. “Merci Catherine”, voici le livre que je voudrais écrire aujourd'hui. Mais demain, ce sera peut-être « Tel que bonjour”. J'ai commis beaucoup d'erreurs, dans ma vie, mais Céline avait de beaux seins, et Sarah une chatte incomparable. J'ai cru que lorsqu'une femme se mettait nue devant moi, tous mes problèmes étaient résolus. C'est même le seul moment où je n'avais pas envie de dire « à quoi bon » — un des rares moments. Elle regarde en ce moment tous les documentaires sur les sérial killer sur Netflix. Mais quel con, ce Brad Mehldau ! Y a-t-il aujourd'hui beaucoup plus de gens antipathiques, ou bien est-ce que je ne les voyais pas quand j'étais plus jeune ? Mon bortsch était bon. Machin est mort. Truc est encore vivant. Il y avait de la neige à Thonon, place des Arts, en février 1985. Écrire me dégoûte, ce soir. D'ailleurs je ne le fais pas. Devant le corps d'une femme nue, j'ai cru que la vie était parfaite. Peut-être pas parfaite mais très vivable. L'invraisemblable soupe d'Avishai Cohen, devant laquelle les gogos de France-Musique s'extasient. C'est dans des moments comme ceux-là qu'on sent bien qu'on n'a rien à foutre dans cette époque de babouins. Vous faites comment, vous, pour discuter sereinement avec des gens qui vous disent : « Je vais vous partager un truc » ? C'est envisageable, ça ? C'est ça, qu'il faudrait, voilà, c'est écrire un livre par jour. « Tu étais un hippie, toi ! » Je me souviens des R8 Gordini et des cuisses de Christine. Je me fais l'impression de fouiller dans les poubelles de mon âme, c'est un peu dégueu. Mal au ventre. C'est quoi, un cancer ?