Le problème avec les folles c'est qu'on n'en a jamais fini. C'est plus fort qu'elles. Elles ne peuvent pas s'empêcher de nous montrer, de nous démontrer qu'elles sont folles. Elles semblent parfois être en rémission, mais c'est toujours une illusion. On le sait, pourtant, qu'elles sont folles ; pourquoi éprouvent-elles le besoin de nous le prouver, encore et encore ? Parce qu'on ne le leur dit pas assez ?
La même racine en décomposition est toujours là, produisant invariablement les mêmes effets. « Tu ne m'aimes pas donc je te hais. » (Mais comment pourrait-on aimer ça ?) Mais comment se fait-il qu'elles n'en tirent pas une bonne fois pour toutes les conclusions qui s'imposent ? C'est ce qu'on ne comprend pas. Cette haine tenace est sidérante. Elle résiste à tout. Mais quelle bêtise, Mon Dieu ! Quelle épouvantable, quelle incroyable bêtise ! Qui serait assez bête pour s'accrocher ainsi à qui ne l'aime pas ? De quel esprit tordu et malade peut provenir un tel besoin ?
Tout va bien, et puis tout à coup la diarrhée arrive, irrépressible, foudroyante. La haine en eau. Le délire en cataractes. On se croirait dans un dessin animé. Les vannes s'ouvrent sans crier gare. C'est à la fois prévisible, stupéfiant et cocasse.
Sans la haine, pas d'amour. Et sans amour, pas de haine. Chez ces folles, l'un ne va pas sans l'autre. Matzneff avait vu juste…