mardi 25 mai 2021
Enigma Variations
vendredi 7 mai 2021
Leçons inutiles
Il n'y a que dans mes rêves que je parviens à écrire ma vie.
J'aime bien mon PC. Quand je veux qu'il démarre, il faut que je le prévienne six heures à l'avance.
J'ai échappé à la routine sexuelle. Pas baisé depuis quatre ans.
J'ai regardé des vidéos d'examens gynécologiques. C'est très intéressant. J'ai appris par exemple que la température d'une femme en bonne santé est de 36,7 dans la bouche, 37, dans la vagin, et 37,2 dans l'anus. En parallèle j'ai écouté le quintette de Brahms. J'essaie de croire que je vais m'en sortir. Et je rêve. Je rêve beaucoup.
À une certaine époque, elle m'envoyait des photos de son cul. Si je lui demande ça aujourd'hui, elle ne répond même pas. Alors que j'en ai beaucoup plus besoin aujourd'hui… Elle est devenue respectable, ou conne, à vous de voir. Avare en tout cas.
Si j'étais capable de réunir vraiment ces faits dans mon intelligence, de les comprendre, donc, je serais un homme comblé. Hélas, je ne peux que les juxtaposer, les écrire, les inclure dans des phrases, des phrases qui se succèdent sans produire de sens.
Consonnes
— Tu souffres du foie, mais tu pourrais tout aussi bien souffrir du pancréas. Le foie, ce n'est qu'un mot, un mot comme le pancréas.
— Jamais je ne pourrais souffrir du pancréas. Je ne sais même pas à quoi ça sert, un pancréas. Et puis toutes ces consonnes, ça ne donne pas très envie d'y aller voir.
jeudi 6 mai 2021
Pourquoi ?
Après toutes ces années, le doute n'est plus possible. Les femmes sont sur Terre pour nous envoyer en enfer.
C'est parce qu'elles s'y ennuient qu'elles veulent y faire venir les hommes.
lundi 3 mai 2021
Avec partition
Plus j'avance en âge plus je suis convaincu qu'il est impossible d'entendre (vraiment) la musique sans partition. C'est une mauvaise nouvelle, en un sens, mais c'est la vérité. Le paradoxe, c'est que ce sont les seuls vrais musiciens qui en sont capables, c'est-à-dire, en France, trois cents personnes, même pas. Eux peuvent se passer de la partition, d'une part parce qu'ils la connaissent, et d'autre part parce qu'ils possèdent des moyens (mémoire, capacité d'analyse en temps réel, discernement auditif, connaissance des formes) qui les rendent capables d'entendre la multiplicité d'informations que véhicule la musique, et surtout d'ordonner mentalement (et à grande vitesse) ces informations. Je sais qu'on va m'opposer le plaisir "gratuit" de l'auditeur inculte et vierge de préjugés. Foutaises.
La musique a un statut trompeur. On la croit tout entière du côté du sonore : c'est faux. Si l'on se contente du son, on en perd la plus grande part. Pour entendre, il faut comprendre. Et pour comprendre, il n'y a rien de mieux que la partition, qui nous fait voir ce qu'on entend, et surtout ce qu'on n'entend pas.
Il n'y a rien, dans ma vie, qui ne soit soumis à la musique, d'une manière ou d'une autre. Rien. C'est le mètre-étalon, c'est l'instrument de mesure, l'instrument de perception et le filtre d'intelligence. Pourquoi j'y ai renoncé, me demande-t-on souvent. Je ne sais pas répondre à cette question. À plusieurs reprises je m'y suis essayé, pourtant, mais aucune réponse n'était vraie, ou seulement convaincante. La seule chose dont je sois sûr, c'est que quoi que je fasse, la musique reste en moi : sa place ne diminue pas, bien au contraire. Au fur et à mesure que je me suis éloigné de la pratique musicale, elle aurait même eu tendance à devenir plus brûlante, plus essentielle, ou plus profonde. En me prenant de passion pour l'écriture, j'ai retrouvé la douleur bien connue, celle de mon enfance, causée par la musique (sinon causée, du moins révélée, par elle) : la poignée de cendres jetée dans les bronches, l'évidence glaçante de l'implacable solitude qui vient comme une vague nous coucher dans la terre, le retrait de l'être qu'on sent s'épandre en soi comme un vent aride et vireux.
La douleur la plus fidèle, celle que je connais le mieux, aura été causée par l'impossibilité presque complète de communier dans le sentiment de la musique. Je n'ai jamais rencontré, en tout cas, quelqu'un avec qui j'aurais pu partager cela, hormis mon père. Si, je crois qu'il y avait la jeune Ophélie, mais justement, ce sera sans doute cette trop violente sensibilité qui l'a, très paradoxalement, éloignée de moi.