Ta bouche, ou la mienne ? Ça ne sent pas mauvais, c'est l'odeur de l'habitude, du frôlement quotidien, bouche, sexe, aisselles, cul, on ne sait plus, ces odeurs, à qui elles appartiennent, d'où elles viennent, tout se mélange, les heures molles, les gestes sans forme, traits tirés, voix sourde, cuisses, pieds, elle quitte le lit, je ne sais pas si elle fait la gueule, on a baisé, ça fait redescendre la tension mais ce sentiment atroce est là, plus que jamais, on n'aurait pas dû, pas comme ça, pas maintenant, et on sait qu'on le refera, pareil, haleines mélangées, léger dégoût, on est encore jeunes, pourtant, mais on connaît déjà ça, pourtant je ne veux pas qu'elle me quitte, non, non, c'est comme si elle m'en voulait de connaître ça, mais moi qu'est-ce que j'ai fait, qu'est-ce que je fais de plus qu'elle, c'est trop facile, on mange des radis frais avec du beurre salé, du pain, on se regarde, on ne dit rien, la journée est déjà bien entamée, silence, je me crois obligé de faire un geste obscène, cette conne fait la grimace, quelle pute sans cœur, que pense-t-elle vraiment de moi, elle ne le dira jamais, elle n'ose pas, elle attend seulement ces moments où elle a envie de pleurer et alors elle est bien contente de pouvoir se mettre dans mes bras, quelle conne, et puis elle commence à vieillir, plus que moi en tout cas, plus vite, elle commence à avoir des pudeurs étranges, que je ne comprends pas, qui m'énervent, j'ai remarqué que quand elle pleurait j'avais une érection, j'ai envie de voir un visage neuf, inconnu, qui ne me connaît pas, je m'habille, je sors, je la laisse.