Plus vite démodés que ceux dont ils se moquent parce qu'aujourd'hui démodés, ils ne cessent de vilipender ceux qui font des procès au passé, sans se rendre compte qu'ils font la même chose avec leur passé, mordre les mêmes mollets et enfoncer les mêmes clous, autour du même foyer, se réchauffer pitoyablement les uns les autres : pas moins de conformisme que naguère, pas plus de courage, ni surtout d'imagination. Et c'est précisément ce manque d'imagination qui leur interdit de comprendre vers quelle absence de pensée leur foi les conduit.
La jeunesse est poncive. Elle pense comme elle ponce, à gros grains, rien ne lui résiste. Elle n'aime pas la solitude, la jeunesse. Elle ne croit qu'en nombre. À chaque événement (à chaque solitude) elle applique le poncif le plus grossier et le rabote jusqu'à la trame. Son génie est là, dans l'abrasion temporelle et ensembliste. Plus poncive que pensive, son imagination défaillante ne lui permet pas de croire qu'elle est prise elle aussi dans le grand effacement de l'histoire.
Je n'aime vraiment que la grande solitude, celle que produit la vraie musique.