Beaucoup veulent écrire. Ils veulent écrire pour écrire, souvent, et, le plus souvent, pour être écrivain.
Ne parlons pas de ceux qui veulent écrire pour être connus, ou pour gagner de l'argent.
Certains veulent guérir. D'autres veulent se venger, régler des comptes, tuer. D'autres encore s'occuper, tuer le temps.
Et, certes, beaucoup de grands écrivains ont commencé par écrire pour de mauvaises raisons, de la même manière que le plus souvent, on aime pour de mauvaises raisons, au commencement.
Le seule excuse au fait d'écrire devrait être de ne pouvoir faire autrement. Avouer. Car il est impossible d'écrire en dehors de soi.
On peut composer de la musique pour divertir les autres. Ça n'a rien de répréhensible. Je ne suis pas certain qu'on puisse écrire pour les mêmes raisons. La langue s'infiltre dans tous les interstices de l'âme humaine, et s'y incruste, pour toujours — c'est même plus que cela : elle fait corps avec celui qui la reçoit, et qui ne peut plus la distinguer de lui-même.
La parole a été donnée à l'homme pour qu'il la reconnaisse en l'autre comme sienne.