Ça et le reste, tout en même temps, deux batteurs trois pianistes deux bassistes, l'électricité, le blues, l'Espagne, Stravinsky et Hendrix, ce qui est marrant c'est que les trois batteurs font ce que faisait Tony Williams tout seul, et Wayne Shorter toujours là, le son d'argent, jamais vulgaire, qui dans l'aigu contrepointe la clarinette basse de Maupin, Miles au-dessus, bien sûr, aux intersections froides, toujours cette autorité impeccable, désinvolte, mais sans réplique, la pulsation mousseuse, effervescente, ça bouillonne, on baisse le feu, ça mijote, mais toujours très loin au-dessous, le magma en transe, de temps à autre des projections au visage, des embolies contrôlées par la guitare de McLaughlin, des accords majeurs enclusterisés dans le désastre noir, et les trois pianos électriques qui contredisent la ronde, mais comment est-ce que ça peut fonctionner, tout ça, toute cette merde clapotante et fébrile, bazardée de miasmes projetés aux murs, le ça étouffé enveloppé dans le tout éclaté, arpèges ascendants, tranquilles, suspendus à des bribes de jazz cubiste, aimer le froid, on a découvert le monde, eh, oh, vous entendez, on s'est jeté dedans comme à la rivière, ça nous remonte les couilles au visage, on nage aussi vite qu'on peut, la fille est à moitié nue, elle nous regarde, et toutes les odeurs du passé nous sautent aux tempes, elle nous regarde, on essaie la gamme à l'envers, les tierces plantées dans la chair, bizarre ça marche, elle se penche en avant, elle sourit, c'est chaud, c'est dur, le ventre, les bras, les joues, quarte augmentée, lente, chaude, et la lente progression vers le haut, geste après geste, saturation du cerveau dans le mouillé des cymbales aplaties de plaisir, givre en gerbes, germées de sueur, les muqueuses ça râpe et le Pharaon fantôme dans chaque double-croche, planté au sommet du triangle noir, vide sa vessie…
vendredi 13 décembre 2019
Bitches Brew
Ça et le reste, tout en même temps, deux batteurs trois pianistes deux bassistes, l'électricité, le blues, l'Espagne, Stravinsky et Hendrix, ce qui est marrant c'est que les trois batteurs font ce que faisait Tony Williams tout seul, et Wayne Shorter toujours là, le son d'argent, jamais vulgaire, qui dans l'aigu contrepointe la clarinette basse de Maupin, Miles au-dessus, bien sûr, aux intersections froides, toujours cette autorité impeccable, désinvolte, mais sans réplique, la pulsation mousseuse, effervescente, ça bouillonne, on baisse le feu, ça mijote, mais toujours très loin au-dessous, le magma en transe, de temps à autre des projections au visage, des embolies contrôlées par la guitare de McLaughlin, des accords majeurs enclusterisés dans le désastre noir, et les trois pianos électriques qui contredisent la ronde, mais comment est-ce que ça peut fonctionner, tout ça, toute cette merde clapotante et fébrile, bazardée de miasmes projetés aux murs, le ça étouffé enveloppé dans le tout éclaté, arpèges ascendants, tranquilles, suspendus à des bribes de jazz cubiste, aimer le froid, on a découvert le monde, eh, oh, vous entendez, on s'est jeté dedans comme à la rivière, ça nous remonte les couilles au visage, on nage aussi vite qu'on peut, la fille est à moitié nue, elle nous regarde, et toutes les odeurs du passé nous sautent aux tempes, elle nous regarde, on essaie la gamme à l'envers, les tierces plantées dans la chair, bizarre ça marche, elle se penche en avant, elle sourit, c'est chaud, c'est dur, le ventre, les bras, les joues, quarte augmentée, lente, chaude, et la lente progression vers le haut, geste après geste, saturation du cerveau dans le mouillé des cymbales aplaties de plaisir, givre en gerbes, germées de sueur, les muqueuses ça râpe et le Pharaon fantôme dans chaque double-croche, planté au sommet du triangle noir, vide sa vessie…