Un pas après l'autre, nous descendons dans le gouffre, comme dans les sous-sols de l'hôpital 126, à Prypiat, près de Tchernobyl, là où les pompiers sacrifiés, la peau noircie, tisons humains, ont jeté leurs combinaisons irradiées. On voudrait faire disparaître les traces et les déchets de la catastrophe mais ils sont en nous. La vie d'un homme, c'est un sarcophage jeté par-dessus le bien et le mal, le bien et le mal en fusion qui continuent de bourdonner en sous-sol. Ça ne s'arrête jamais. Il n'y a pas de démantèlement possible du péché originel. C'est le combustible essentiel. C'est le secret qu'on voudrait nous cacher aujourd'hui, le secret que les vieux emportent dans la tombe. C'est pour cette raison qu'ils veulent à tout prix nous incinérer, pour faire disparaître les traces du combustible et la mémoire des formes. Les secrets ont toujours partie liée aux nombres, aux nombres et aux proportions, à l'ombre et aux femmes.
Tant qu'il y aura de la différence sexuelle, le monde continuera d'exister. Alors pourquoi veut-on tant abolir la différence des sexes ? On prétend inventer des genres multiples pour augmenter les différences, alors que cela ne fait qu'abolir la seule différence réelle, en la diluant dans une surface à un seul côté, un cercle où toutes les différences ne sont que des résidus ou des artefacts. L'homme et la femme, c'étaient des angles qui s'emboîtaient et parfois s'opposaient, alors que les genres ce sont des cercles qui roulent les uns sur les autres, sans produire autre chose qu'une égalité et une imitation désespérées. On abolit la différence des sexes comme on abolit toutes les différences, pour que ça circule.
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