« Tocard, sans-couilles, pédé, écrivain-de-salon, tarlouze, enculé, raté, pleutre, prétentiard, égo-surdimensionné, châtelain, oisif, vieux-crapaud, arriviste, snobinard, enfumeur, lâche, révolutionnaire-de-boudoir, ordure, tireur-de-balle-dans-le-pied, pire-qu'Hitler, poète-de-mes-deux, pédocriminel, traître, buveur-de-thé, ennemi-des-chats, crypto-sioniste, bourgeois, égloguiste polymorphe, graphomane, promeneur-solitaire, peintre-du-dimanche, éconduit-de-France-Culture, adorateur-du-peuple-élu, bouffeur-de-saucisson, boomer-de-province, théoricien-de-l'extrême-droite, rétro-pétainiste, artiste-contemporain, sénateur-à-vapeur, fils-de-pute, aristo-sans-particule, brûleur-de-vaisseaux… »
On le voit, la culture de l'injure se porte bien en France, surtout quand elle s'adresse à un écrivain isolé et sans pouvoir qui pour son pays se démène sans compter depuis quinze ans, qui a écrit quinze livres fondamentaux sur notre situation, qui a permis à des milliers de Français paumés de mettre des mots et une pensée sur un phénomène gigantesque et extraordinaire dont personne ne parlait avant lui, et qui le fait sans aucun bénéfice personnel. Rien ne lui aura été épargné. Trop tôt, trop tard, trop ceci, pas assez cela, pas un jour sans que la cuve à merde ne lui tombe sur la tête. Même les tard-venus – mais vous me direz que c'est la coutume –, ceux qui n'ont pas bougé le petit doigt jusqu'à présent, trouvent qu'il n'y a rien de plus urgent que de le critiquer, rien de plus nécessaire que de l'insulter, rien de plus fun que de lui cracher dessus, et de ressortir les vieux dossiers pourris des officines de tarés professionnels.
C'est chouette, la politique ! Et même au plus haut du Siel, là, on sent bien qu'ils sont trop heureux d'être débarrassés de l'intello de service qu'a plongé au milieu du gué, alors qu'ils étaient en passe de se poser sur l'Hudson sous les acclamations des cathos en extase.
Et c'est là qu'on va voir rappliquer tous les camusiens canal historique, qui vont nous rappeler avec des plissements de bouche un peu dégoûtés qu'ils l'avaient bien dit, qu'un écrivain forcément se fourvoie dans le marigot politique, et que Renaud Camus avait tourné, aussi mal qu'un lait oublié sur un coin de tablette.
À tous ceux-là, je leur dis merde. Je leur dis merde et je lui dis merci. Sans état d'âme et avec le sourire. Merci Monsieur, merci Maître. Grâce à vos livres, grâce à votre humour, et grâce à votre esprit, on est, je suis, un peu moins bête, un peu moins absent au réel, un peu mieux vivant, et même s'il faut crever la gueule ouverte dans quelque temps, je ne regrette rien, c'était bien d'essayer de vous suivre dans cette aventure. On aura beaucoup appris.
Vive la France.