Qu'est-ce que la maladie dont le nom signifie : Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise. Un malade atteint du SIDA voit ses défenses immunitaires s'effondrer. Il n'a plus aucune protection contre les assauts du monde extérieur. Il cesse de se défendre. Le malade atteint du SIDA est un homme qui crie aux maladies : « Vous n'aurez pas ma haine. Venez, la porte est grande ouverte. Faites de moi ce que vous voulez. Vous êtes ici chez vous. »
Le malade du SIDA face aux infections est exactement dans la situation du Français face à ce qui le menace directement ou indirectement. Il a fait le deuil de ses défenses immunitaires. Il ne sait même plus à quoi elles pouvaient ressembler mais, quand on lui parle de celles-là, il lève les bras au ciel en poussant des glapissements, car il trouve que ces défenses sont bien agressives envers les assauts de l'extérieur. Sa nouvelle intégrité a décidé que son intégrité ancienne ne justifiait pas d'être agressif face à l'agression. Il se désintègre donc à force de s'intégrer au monde. Les maladies ne touchent pas que les individus, elles touchent aussi le corps social ; on devrait même aller plus loin, et penser que la maladie est toujours sociale.
On pourrait aussi se poser la question de savoir de quelle manière et pour quelle raison l'immuno-déficience a-t-elle été acquise. A-t-elle été induite, provoquée, ou est-ce un simple "progrès" de la nature/culture ? Est-elle spontanée, congénitale ? Poser seulement la question suffit à provoquer les accusations de complotisme, délire paranoïaque, manie de la persécution, et plus encore. Ça m'est complètement égal. La réponse à cette question sera certainement connue un jour ou l'autre, mais ça ne change rien à notre problème. Vivre est un choix, contrairement à survivre.
L'immunité (acquise, provoquée, spontanée ou congénitale), voilà un beau sujet de réflexion, pour lequel malheureusement nous ne possédons pas le savoir requis, et qui, sans doute, nous emmènerait bien trop loin. Mais à un niveau très personnel et très concret, ce sont les mots, les phrases, le gris des idées et le rouge du style qui, toujours, nous ramènent à la surface quand l'air commence à manquer – les phrases et le Lexomil. Et Bach, bien sûr. Bach, la souveraine lumière qui donne aux choses un contour et une profondeur grâce auxquels nous nous sentons de plain pied dans la vie, dans la grande santé.