vendredi 6 avril 2018

Lettre ouverte à Nicolas Dupont-Aignan, de Renaud Camus





Monsieur le Député,


ne vous inquiétez pas, je ne tiens pas à aggraver votre cas, je ne vous écris pas pour vous apporter mon soutien. Ce serait d’ailleurs inutile : vous imaginez bien que vous l’avez déjà. Et comme vous me traitez régulièrement de “dingue”, vous êtes un peu couvert de ce côté-là, même quand vous dites la même chose que moi.

Si je me permets de m’adresser à vous aujourd’hui, c’est parce que votre procès me semble marquer une date importante dans l’officialisation de la fiction. On voit bien à cette occasion qu’il va devenir interdit non seulement de s’opposer comme on peut à l’immigration de masse mais même de paraître la remarquer, de la nommer. Déjà nous vivons dans un monde imaginaire : non pas tant qu’il invente une réalité qui n’est pas (encore que…), mais aussi, et surtout, parce qui la réalité qui est s’y trouve totalement oblitérée.

Répétez après moi, disent les juges, les journalistes, les sociologues, les libraires : ce qui arrive n’arrive pas, ce que vos yeux voient n’existe pas, ce que votre cœur souffre est une illusion, un sentiment ; non votre patrie ne vous est pas arrachée, non ce qui fut votre pays n’est pas livré à des étrangers qui le haïssent, non il n’y a pas de Grand Remplacement.

Pourtant, l’immigration, achetée jadis en tant que lézard décoratif, est devenue entre-temps crocodile. Il occupe la moitié du salon, l’œil mi-clos. De temps en temps, quand l’humeur taquine lui en prend, il dévore un bras ou une jambe, pour passer le temps. Toutefois la convention est de faire comme s’il n’était pas là, et de poursuivre la conversation par-dessus lui autour d’une tasse de thé, en parlant des horaires des trains, tandis qu’il se pourlèche les babines en sang.

« Invasion migratoire », avez-vous dit, Monsieur le Député. C’était trahir la convention. Vous auriez pu dire submersion, aussi bien, changement de peuple et de civilisation ou même, horresco referens, Grand Remplacement. Vous n’en avez rien fait, j’en témoigne. Il reste que votre procès pourrait bien, par l’imprudence d’un procureur ou de juges trop zélés, percer accidentellement le décor, réveiller les figurants hébétés, révéler le caractère de théâtre ou de téléréalité de cette France imaginaire où nous vivons, cette France en fait livrée, trahie, remplacée, cette France du fallacieux vivre ensemble, où entre ensemble et vivre il faut choisir.

Vous n’avez fait que dire la vérité, vous le savez. Les juges le savent aussi, et la plupart des Français pareillement, même s’il en est encore quelques-uns pour ne pas savoir qu’ils le savent, ou ne pas vouloir le savoir. Au pays du faux la vérité est une allumette. Elle peut faire tout s’embraser d’une seconde à l’autre, tout s’effondrer du mensonge. On vous parlait de canapé-cuir, de table basse ou d’un pouf, comme “Au théâtre ce soir”, et vous avez demandé poliment : « Ne serait-ce pas plutôt un crocodile ? »

C’en est un, je le confirme. Il n’a aucune intention de payer nos retraites. Mais qu’il soit désigné pour ce qu’il est, et par un homme comme vous, si pondéré, si sage, si ami d’habitude des conventions républicaines, fasse le ciel que les Français s’en inquiètent enfin, et s’en alarment, et s’en révoltent, qui sait ; qu’ils s’unissent pour percer la chape de mensonge sous laquelle leur pays subit ce que leurs ancêtres ont voulu le plus fort éviter, au prix de terribles sacrifices : l’asservissement, la conquête, la soumission, le remplacement. C’est cela ou le triomphe des juges, des journalistes, des sociologues de cour, de tous les inventeurs du monde à l’envers, où ce qui arrive n’arrive pas.

Soyez assuré, Monsieur le Député, à la part amicale que je prends, pour les connaître un peu, à vos épreuves,


Renaud Camus (le dingue)

Président du Conseil National de la Résistance Européenne