— Non !
— Tu ne veux pas ?
— Non.
— Tu es sûre ?
— Non.
— Non tu n'es pas sûre, ou non tu ne veux pas ?
— Non…
— Bon, d'accord, je te laisse tranquille.
— Non !
— Comment ça, non ? Tu ne veux pas que je te laisse ?
— Non.
— Tu veux que je te fasse l'amour ?
— Non.
— Tu connais le mot « oui » ?
— Oui.
— Ah, tu me rassures.
— …
— Laisse-toi faire…
— …
— Tu vois, je ne vais pas te manger, je veux juste qu'on baise. C'est fou, quand-même d'avoir peur à ce point.
— Non !
— Quoi, non ? Je ne peux pas venir en toi ?
— Non, c'est pas ça.
— Tu ne veux plus ?… Tu commences franchement à m'emmerder !
— Non…
— Si !
— Non !
— Tu ne sais pas ce que tu veux.
— Si…
— Mais tu veux quoi, à la fin ? Dis-le !
— Que tu m'attaches au radiateur et que tu m'encules comme une sale chienne.
— Ah oui, alors non, tu vois, non, c'est pas trop mon truc, ça. Moi en fait je suis plutôt fleur bleue, si tu veux.
— Connard. Pédale. Tu comprends rien aux femmes.
— C'est pas faux, remarque. Vous êtes complètement tapées.
— Non.
— Ah, tu ne vas pas recommencer !
— Non.
— Mais merde à la fin, je voulais seulement qu'on baise. Est-ce que ça fait de moi un monstre ? Je voulais seulement qu'on fasse l'amour, simplement, naturellement, comme une homme et une femme qui ont envie de s'envoyer en l'air, qui ont du désir l'un pour l'autre !
— Mais moi aussi, j'en ai envie !
— Non mais tu te fous de moi, là ?
— Non.
— Est-ce que sais combien de fois tu as prononcé le mot "non", là ?
— Non.
— Quinze fois ! Quinze fois que tu m'envoies ce "non" à la figure !
— Non ?
— Si. Seize, maintenant.
— Tu ne comprends que ça.
— Mais au contraire ! Je ne comprends pas tes non ! Tes non me rendent fou. J'ai l'impression d'avoir affaire à une otarie à qui l'on a appris un mot, un putain de "non". Tu te rends compte que tu m'as traité de pédale ?
— Parce que tu m'as coupée dans mon élan.
— Mais bordel, on ne pourrait pas se comporter comme des gens normaux ?
— Normaux ? Mais qu'est-ce que ça veut dire, "normaux" ? T'es normal, toi ?
— Je crois, oui. J'aime les femmes, tu es une femme, tu es jolie, et j'ai envie de toi, ça me paraît assez normal.
— Non.
— Mais quoi, non ?
— Ça ne veut rien dire, ce que tu dis là. Et si j'ai envie que tu m'attaches au radiateur, ce n'est pas normal, c'est ça ?
— Disons que c'est moins normal que de baiser simplement.
— Mais t'es vraiment le roi des cons. Tu ne comprends donc pas que je crève d'envie…
— Eh bien tu vois, moi ça m'a passé.
— Pédale !
— Ah, tu ne vas pas recommencer !
— Connard !
— Ce que tu peux être grossière !
— Ça m'excite.
— Pas moi.
— …
— Viens près de moi.
— Ah non, je t'en prie, pas de ça !
— Pas de ça quoi ?
— Pas de câlins merdiques, pas de sentimentalisme dégoulinant !
— J'ai des sentiments pour toi, oui, je le reconnais, ça fait de moi un monstre ?
— Non.
— Eh bien alors ? (…) Tu veux boire quelque chose ?
— Non. Et puis si, tiens, donne-moi un peu de ton alcool de poire.
— Je n'en ai plus. Tu l'as fini la dernière fois que tu es venue.
(…)