Pour en finir avec la Fête de la Musique
La Fête
de la musique, le 21 juin de chaque année, est sans aucun doute l'une des
nuisances les plus graves que les Français (et les Européens) ont à supporter
depuis trente-quatre ans. La musique a besoin de silence, elle n'a pas besoin
de fête, et surtout pas de cette "fête" sale, bruyante et laide, qui
à elle seule illustre parfaitement la prolétarisation et l'orwellisation
effrénées de notre société. Que ce beau mot de "musique" ait
changé de sens à ce point et qu'en son nom soit commis chaque année cet
attentat contre la tranquillité, le silence, la quiétude, et l'urbanité, montre
assez dans quel état d'hébétude et d'imbécillité est tombé le peuple de
France, qui tambourine quand on lui dit de tambouriner, qui s'agite quand
on lui demande de s'agiter, qui agresse sans vergogne ceux qui ne sont pas
assez veules et soumis pour marcher à la baguette. Quelle humiliation, cette atroce
journée des incivilités encouragées et du débraillé
subventionné qui porte le nom du plus noble de tous les arts, quelle
démonstration du mépris de notre civilisation et du sens que de faire
d'une apothéose du bruit une "fête de la musique" !
Nous demandons à ce que
soit mis fin au plus tôt à ce que Philippe Muray a si bien décrit dans ses
ouvrages, le festivisme débile, encouragé par une classe politique qui veut
avant tout avilir et ridiculiser ceux à qui elle devrait au contraire
proposer la beauté et la culture. Si la chose pouvait à la rigueur se
concevoir en 1981, ce dont pour notre part nous doutons fort, il est
parfaitement clair qu'aujourd'hui cette manifestation a perdu le peu de
sens qu'elle pouvait avoir à l'époque. C'est le contraire dont nous avons
besoin. Nous avons besoin de calme, de sérénité, de silence, ce silence qui
est désormais tellement rare qu'il est devenu l'un des biens les plus
précieux de l'humanité, au même titre mais plus encore que la nuit qui elle
aussi a pratiquement disparu. Nous demandons donc qu'à la place de la
"fête de la musique" soit instituée en France une journée du
Silence, journée durant laquelle le bruit ambiant devra être divisé au
moins par deux, journée durant laquelle il sera loisible à chacun de constater
que beaucoup de maux (sociaux, par exemple) sont exacerbés par le bruit, que le
bruit est une des pollutions les plus graves et les plus insidieuses qui
soient, et sans aucun doute une de plus sous-estimées. Le bruit rend fou,
littéralement fou.
La musique, c'est comme
la tolérance, il y a des maisons pour cela. Le 21 juin, célébrons l'étant plutôt
que l'été. Un gouvernement courageux et responsable s'honorerait
de prendre une mesure de salubrité publique qui soulagerait énormément de
Français, et d'abord parmi les plus faibles.