Ces jours, ces semaines, ces mois où l'on se sent aux prises avec cet ennemi intime qu'on ne peut pas vaincre… Parfois je me dis que ma vie est une très longue, une interminable semaine sainte.
Le type qui perd son talent. Il l'égare. Il est là, quelque part, dans la maison, mais il ne sait plus où. C'est un tout petit machin, mais quand vous l'avez perdu, il ne vous reste pas grand chose. Évidemment, il est toujours possible de raconter l'histoire du type qui a perdu son petit machin. « Si vous le retrouvez, ramassez-le, et rendez-le moi, s'il vous plaît. Il a une valeur sentimentale, pour moi. » Mais il est à mon avis beaucoup plus intéressant de ne rien raconter du tout. Le vide qui s'installe comme un lierre qui recouvre tout, ça suffit bien, je vous assure. Il suffit de savoir que ç'a été là. C'est une sorte de tombeau vide, un tombeau dans lequel le vide serait lui-même le mort très vivant. Ça a été. Le passé est le passé. Le présent peut aussi parfois se transformer en passé, avant même de devenir du passé, à proprement parler. Quand vous avez cette sensation, de vivre dans quelque chose qui est déjà le passé, alors votre vie devient une sorte de non-vie, ou de contre-vie. Toute sa puissance consiste à lutter contre la vie qui vous a habité un jour. La vie se retourne contre la vie.
On déterre le fil, on le suit, et quand on arrive au bout, là où l'on pensait trouver la source de la vie, c'est la mort qu'on trouve. Et ce n'est même pas triste. Ce n'est même pas un véritable événement. C'est seulement la fin de l'histoire. Mais c'est une fin qui n'est pas du tout événementielle, monumentale, grandiose, terrible, non, c'est juste la fin de ce qui a eu lieu jusque là. Jusque là… On est toujours de toute manière et quoi qu'on fasse à cet endroit — ce "là" —, on ne peut être ailleurs que là. Nulle part ailleurs. La vie, c'est être là, rien de plus. Le reste, c'est de la littérature, ou de la guerre.
« Le bonheur fou. Oui, je me souviens du bonheur fou. Ça se paie très cher. »
Le type qui perd son talent. Il l'égare. Il est là, quelque part, dans la maison, mais il ne sait plus où. C'est un tout petit machin, mais quand vous l'avez perdu, il ne vous reste pas grand chose. Évidemment, il est toujours possible de raconter l'histoire du type qui a perdu son petit machin. « Si vous le retrouvez, ramassez-le, et rendez-le moi, s'il vous plaît. Il a une valeur sentimentale, pour moi. » Mais il est à mon avis beaucoup plus intéressant de ne rien raconter du tout. Le vide qui s'installe comme un lierre qui recouvre tout, ça suffit bien, je vous assure. Il suffit de savoir que ç'a été là. C'est une sorte de tombeau vide, un tombeau dans lequel le vide serait lui-même le mort très vivant. Ça a été. Le passé est le passé. Le présent peut aussi parfois se transformer en passé, avant même de devenir du passé, à proprement parler. Quand vous avez cette sensation, de vivre dans quelque chose qui est déjà le passé, alors votre vie devient une sorte de non-vie, ou de contre-vie. Toute sa puissance consiste à lutter contre la vie qui vous a habité un jour. La vie se retourne contre la vie.
On déterre le fil, on le suit, et quand on arrive au bout, là où l'on pensait trouver la source de la vie, c'est la mort qu'on trouve. Et ce n'est même pas triste. Ce n'est même pas un véritable événement. C'est seulement la fin de l'histoire. Mais c'est une fin qui n'est pas du tout événementielle, monumentale, grandiose, terrible, non, c'est juste la fin de ce qui a eu lieu jusque là. Jusque là… On est toujours de toute manière et quoi qu'on fasse à cet endroit — ce "là" —, on ne peut être ailleurs que là. Nulle part ailleurs. La vie, c'est être là, rien de plus. Le reste, c'est de la littérature, ou de la guerre.
« Le bonheur fou. Oui, je me souviens du bonheur fou. Ça se paie très cher. »