À la fin des années 70, près de Paris, dans une petite commune des Yvelines située sur une butte rocheuse, a eu lieu un épisode capital et trop mal connu dans la vie des lettres françaises. Duras a transmis une liasse de feuilles 80g à Rouhollah Moussavi, dont le nom de plume était Khomeiny. Elle a voulu lui passer aussi une bouteille de whisky mais il n'en a pas voulu. Marguerite voulait ouvrir un atelier d'écriture et on lui avait dit que Rouhollah avait une bonne plume. Las ! Celui-ci a préféré les cassettes et la Duras, la pauvre, a dû se rabattre sur Chloé Delaume, la pauvre. Quand Rouhollah a décidé de partir prendre des vacances bien méritées en Iran, la pauvre Marguerite a vraiment accusé le coup. Elle a doublé les doses de Black Label et a téléphoné à Sollers pour se plaindre des hommes, ce qui n'était vraiment pas la meilleure idée qu'elle ait eue dans sa vie.
On a remarqué depuis cette date un phénomène très significatif : on lit de moins en moins, d'une part, et, d'autre part, on écrit et on vend de plus en plus de livres. Plus le nombre de romans publiés à chaque rentrée augmente, moins il y a de lecteurs, c'est prouvé, et c'est rigoureusement proportionnel. De ce constat on peut tirer plusieurs conclusions :
a. Les écrivains n'ont plus besoin de savoir lire pour écrire.
b. Les acheteurs de livres n'ont plus besoin de les lire.
c. Neauphle-Le-Château est redevenu la paisible bourgade de banlieue qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être.
d. Michel Foucault a la même voix que Bernard Gavoty.
e. Les gens sont maboules.
f. Khomeiny est un génie.